Béhar

 
BÉRÉCHITE (Genèse)
CHÉMOT (Éxode)
VAYIKRA (Lévitique)
BAMIDBAR (Nombres)
DÉVARIM (Deutéronome)

 

 

Le chabbat et les fêtes

‘’L’Eternel parla à Moïse en disant : Parle aux enfants d’Israël et dis leur les solennités de l’Eternel que vous devez célébrer comme convocations saintes. Les voici mes solennités : pendant six jours on se livrera au travail, mais le septième jour il y aura repos, repos solennel pour une sainte convocation. Vous ne ferez aucun travail. Ce sera le Chabbat de l’Eternel dans toutes vos habitations. Voici les solennités de l’Eternel, convocations saintes que vous célèbrerez en leur saison’’(Lév. XXIII – 1 à 4).

La lecture de ces quatre premiers versets du chapitre XXIII du Lévitique, soulève cette interrogation de Rachi: ‘’Quel rapport le Chabbat a-t-il avec les fêtes ? D’où nous pouvons conclure  que cela t’enseigne que, quiconque profane les fêtes est considéré comme s’il profanait les Chabbats, et quiconque observe les fêtes est considéré comme s’il observait les Chabbats’’. 

Ce commentaire de Rachi semble répondre à l’expression répétée à deux reprises :’’les voici mes solennités suivies de la consécration du Chabbat’’, au verset 2 ; et ,’’voici les solennités suivies de l’énumération des fêtes’’au verset 4. En absence de cette dernière précision qui à priori semble superflue, on aurait pu conclure que la première expression ‘’les voici mes solennités’’, s’apparente à la célébration du Chabbat mentionné juste après. Comme le soutiennent les commentateurs tels que Rabbi Avraham ben Ezra et Rabbi Hezkiyahou ben Rabbi Manouah (le Hezkoni). 

En effet, ces derniers soutiennent que le terme ‘’mo’ed’’ peut trouver son application au Chabbat . Le mot ‘’mo’ed’’ pris dans son sens étendu, désigne un lieu déterminé tel que ‘’ohel mo’ed  -  tente d’assignation’’, ou bien un moment précis tel que ‘’lamo’ed achouv elekha  -  à cette même période je reviendrai à toi’’. Par analogie également à l’expression ‘’mikraé kodech  -  convocations saintes’’, qui se prête tant au Chabbat qu’aux jours de fête, et qui signifie selon Nahmanide ‘’que ce jour soit réservé pour que les enfants d’Israël soient convoqués et rassemblés pour le consacrer’’. 

Mais de l’avis général, le terme ‘’mo’ed’’ dans sa définition stricte, s’apparente précisément aux jours qui s’inscrivent au rythme des cycles annuels et présentent un caractère de nature particulière, lié à l’histoire  et à la tradition. Aussi, le jour du Chabbat et le jour de la néoménie, ne peuvent être inclus dans cette définition. Et par conséquent, il ne convient pas de leur attribuer le vocable ‘’mo’ed’’. 

Rappelons ici qu’il n’y a en fait que sept jours dans l’année hébraïque qui portent l’attribut ‘’mo’ed’’ : le premier et le septième jour de Pessah, le jour de l’offrande des prémices (Chavouoth), le jour de Kippour, le jour du souvenir (Roch Hachana), et le premier et le huitième jour de Souccoth. D’où la difficulté apparente dans la liste de la Thora, qui commence par annoncer ‘’les solennités de l’Eternel’’ que nous devons célébrer comme convocations saintes. Et au lieu de faire suivre cela en dénombrant les différentes solennités, le texte de la Thora énonce le rappel de l’observance du Chabbat. Et c’est précisément cette mention impromptue du Chabbat étrangère au concept de ‘’mo’ed’’, qui a provoqué la répétition de l’expression : ‘’voici les solennités de l’Eternel’’, d’où Rachi déduit l’enseignement qu’il nous dispense. Ce qui singularise et distingue le Chabbat des jours de fête, c’est en premier lieu le caractère de sainteté qu’il porte et qui lui est conféré par l’Eternel depuis l’œuvre de la création de l’univers. Les jours de fête revêtent par contre la sainteté qui prend source chez les enfants d’Israël et que ces derniers lui attribuent de par le pouvoir conféré au Beth Din de fixer le nombre de jours des mois lunaires et de considérer l’en-tête du mois, la néoménie. En second lieu, l’interdit de tout ouvrage le jour du Chabbat, est énoncé en ces termes : ‘’kol melakha lo taasou  -  vous n’exécuterez aucun ouvrage’’ (Lév. XXIII – 3). Alors que l’expression analogue réservée aux jours de fête, est : ‘’kol melekheth avoda lo taassou  -  vous ne ferez aucune œuvre servile’’ (Lév. XXIII 7).

D’où l’on déduit que les tâches ménagères pour la préparation de notre subsistance sont autorisées (Psahim 68 b). Ces traits dominants des jours de fête et des jours de Chabbat, nous permettent de comprendre la raison pour laquelle le Thora les met en présence et les juxtapose. Rachi dans son commentaire, opte pour la méthode pédagogique qui consiste à présenter deux notions en apparence identiques, mais en vérité bien distinctes, en mettant l’accent sur l’élément faible comparé au fort. En l’occurrence, la profanation des jours de fête est mise au même niveau que celle des jours du Chabbat, ce qui leur confère un grade élevé. Nahmanide explique autrement cette juxtaposition du Chabbat et des fêtes et justifie la présence du Chabbat pour faire ressortir précisément sa singularité et sa haute valeur afin qu’il ne soit pas terni et réduit au niveau des fêtes avec lesquelles il partage en commun certains attributs. La mention du Chabbat dans le contexte, souligne précisément que celui-ci ne voit pas ses attributs engloutis par ceux réservés aux fêtes. Ainsi la fête qui tombe un jour de Chabbat, n’affecte en rien ce dernier, et les travaux nécessaires en vue de la préparation des mets, ne sont pas de mise ce jour là. Dans le même sillage, à la suite de Nahmanide, nous pouvons ajouter que l’introduction du Chabbat dans ce passage de la Thora réservé au rappel des jours de fête institués par la Thora, se justifie précisément par la volonté de la Thora de mettre en exergue la suprématie du Chabbat. Celle-ci s’exprime notamment par l’orientation du mode de vie et le niveau élevé qu’il imprime dans la conscience collective et universelle. En effet, les jours de fête prennent naissance dans les événements historiques que le peuple juif avait connus : la libération du joug de l’esclavage à Pessah, le passage de la mer Rouge, la révélation de D… au mont Sinaï et la promulgation de la Thora (Chavouoth), le renouvellement de l’ardeur religieuse et morale (Roch Hachana), le retour aux valeurs permanentes du judaïsme et le pardon à Kippour, la protection divine accordée aux enfants d’Israël dans ses pérégrinations à travers le désert du Sinaï, la joie que procure la réalisation des ordonnances de la Thora. Ainsi, le projet inscrit dans ces jours solennels qui évoquent une histoire partagée, s’adresse à la communauté juive dans son ensemble ; alors que le Chabbat relève du mystère de l’essence de l’existence de l’univers, et s’adresse par conséquent à toute l’humanité. Dans une certaine mesure, nous pouvons affirmer que le jour du Chabbat constitue le but ultime des jours de fête. 

Le Rabbin Chraga Feivel Mendlowitz (le directeur spirituel de la yechiva ‘’Thora vé Daat’’) expose le rapport entre le Chabbat et les fêtes, en empruntant une métaphore : Le rôle dévolu aux fêtes est d’exercer et d’éduquer l’individu à être Juif, en combinant l’expérience historique et la prise de conscience de la providence divine.Les jours de fête qui parsèment notre calendrier, nous remettent clairement en mémoire le rôle et l’intervention de D… dans l’histoire de la nation juive (Pessah, Chavouoth, Souccoth). Ils établissent le lien entre l’individu et son créateur (Roch Hachana, Yom Kippour). Ainsi, la fonction de la providence divine dans la vie écologique (le printemps, la moisson, la récolte)  en sa qualité de membre responsable et d’adhérent au sein de la communauté d’Israël, par l’observance des fêtes l’individu arrive au terme d’un cursus, couronné d’un titre. Et c’est alors qu’il rentre en fonction et accomplit son sacerdoce au stade le plus élevé, soit l’observance du Chabbat. L’interdit des travaux le Chabbat, suivant l’expression de la Thora ‘’kol melakha lo taasou’’, ne réside pas uniquement dans cette formulation comparée à celle réservée aux jours de fête ‘tout ouvrage servile’’. Il existe une distinction liée à la nature même de ces deux interdits. Le Rambam écrit : ‘’La cessation de l’ouvrage le Chabbat est une prescription positive. Comme il est dit : le septième jour vous ferez le Chabbat’’. Le Chabbat est célébré non en tant que jour d’abstention de toute violation de l’interdit, mais plutôt comme jour où l’on réalise le commandement positif de l’observance de chômage de toute activité qui profane ce jour. Le principe fondamental, c’est de porter témoignage par le Chabbat, signe d’alliance éternelle. L’obligation essentielle à laquelle s’est engagé le peuple d’Israël en tant que nation, là où il se trouve, comme dit le texte : dans toutes ses demeures – c’est d’être inclus dans l’alliance avec l’Eternel et d’en témoigner avec un total dévouement par le repos chabbatique, même dans les conditions les plus éprouvantes. Les enfants d’Israël sont appelés à observer le Chabbat comme un signe d’alliance et manifester ainsi leur reconnaissance de l’œuvre de l’Eternel en tant que créateur et législateur. La différence entre le Chabbat et les jours de fête, nous permet de saisir et de connaître la portée du Chabbat et de le distinguer. D’une part, il est le seul qui figure dans les dix paroles et qui est considéré comme un des buts fondamentaux de l’alliance ; d’autre part, son importance considérable est telle que sa profanation entraîne une grave punition : ‘’qui le profane, mourra’’ (Ex. XXXI – 14). Par ailleurs, le Chabbat bien que n’ayant pas de lien historique avec le peuple juif, lui fut néanmoins offert comme un délice et non comme une obligation.  Enfin, nos Sages qualifient le Chabbat d’un merveilleux cadeau offert aux enfants d’Israël, et le considèrent comme un témoignage et une expression d’amour de l’Eternel pour son peuple. En conclusion, à la question : quel rapport le Chabbat a-t-il avec les autres fêtes ? , on peut répondre : c’est pour nous rappeler que toutes les fêtes chargées de riches symboles qui influencent énormément notre rythme de vie, ne sont en fait qu’une mise en condition et une préparation pour que nous puissions être aptes à observer le Chabbat dignement et témoigner ainsi que D… est le créateur des cieux et de la terre. 

  

Mon frère, mon ami, mon compagnon

La Thora stipule en matière de transaction :

‘’Ne vous lésez point l’un l’autre’’ et désigne l’autre textuellement par le mot ‘’akh’’- frère (Lév. XXV – 14). Cependant elle réitère cette recommandation en nommant cet autre, le semblable ‘’amith’’ (Lév. XXV – 17).

Quel est cet autre appelé frère ‘’akh’’ ou semblable ‘’amith’’ ?

Ce dernier terme est associé au mot ‘’réa’’, compagnon, comme il apparaît dans cette parole du prophète Zacharie :’’… Contre l’homme dont j’ai fait mon compagnon’’(Zach. XIII – 7). Nous trouvons également l’attribut ‘’réa’’ – compagnon, comme un nom collectif qui s’applique à toute personne appartenant à toute nation et peuple. Tel qu’il est dit à propos des Egyptiens :’’…Que chacun  ait à demander à son voisin et chacune à sa voisine’’ (Ex. XI – 2).

Le Talmud rapporte un commentaire homilétique à ce propos et stipule que le choix du terme ‘’rééou’’ – son compagnon, exclut les individus appelés ‘’akoum’’–( abréviation de Oved Kokhavim Oumazaloth) adorateurs des astres et des constellations (Baba Kama 37 b). Et dans un autre traité talmudique, le mot ‘’amito’’ est considéré comme le qualificatif d’un peuple qui partage avec toi la Thora et ses mitzvoth. 

Ces indications talmudiques soulignent à travers les restrictions du terme ‘’amith’’ , l’exclusion des nations  antiques qui ne respectaient pas les sept prescriptions noahides et qui menaient une vie sauvage. 

En effet, le non respect des sept lois noahides adressées à toute l’humanité -soit 1) le blasphème, 2) l’idolâtrie, 3) les dépravations sexuelles, 4) l’homicide, 5) la consommation du membre de la bête encore vivante, 6) le vol avec violence, et 7) l’absence de lois équitables établies pour tous- met en péril les fondations mêmes de la vie humaine sur terre. L’absence de ces lois ne permet pas l’établissement d’une vie basée sur les valeurs d’une nation, d’un peuple, et n’apporte aucune assurance d’une existence fondée sur le respect de la vie , celle de la propriété, ni même des sentiments de bonté et de compassion pour toutes les créatures. C’est l’exclusion de cette humanité sans foi ni loi, qui est visée par le choix du terme ‘’amith’’ – semblable. 

C’est à l’égard des gens de cette espèce que fait allusion cet enseignement talmudique (Baba Kama 38 a) à propos du verset:’’Si le bœuf appartenant à un homme blesse celui d’un autre et le fait périr, on vendra le bœuf   vivant ; ils s’en partageront le prix…’’ (Ex. XXI – 35).

Et la Michna de stipuler : L’Israélite propriétaire d’un taureau qui aurait heurté violemment celui appartenant à  ‘’akoum’’ adorateur des astres et des constellations, est condamné à indemniser ce dernier pour les dégâts commis par son taureau, mais il est quitte de toute pénalité de quelque nature que ce soit. Par contre, dans le cas inverse, le propriétaire adorateur des astres et des constellations, est passible également de pénalité pour négligence de ses responsabilités. Le Talmud établit cette distinction en s’appuyant sur l’analogie du terme ‘’rééou’’ – son compagnon, en  se  référant    au verset : ‘’Il se lève et la terre vacille, Il regarde et fait sursauter les peuples…’’( Habacuc III – 6).  

L’Eternel a jugé que le reniement des sept lois noahides les prive de tout droit de propriété, étant donné qu’ils refusent de participer  et de contribuer à la construction et à l’épanouissement de l’humanité, et par conséquent on n’est pas tenu au respect d’un engagement réciproque à son encontre. 

Il ressort de tout cela qu’à l’exception des adorateurs des astres et des constellations, toutes les autres nations et peuples, sont considérés comme des proches et des compagnons. Ainsi donc, les lois de la Thora sur le plan économique et social, s’appliquent à toute l’humanité fondée sur le respect des sept prescriptions noahides. 

Il est bon à cet effet, de rappeler que nos Sages insistent lourdement sur le respect des lois sociales, économiques, civiques et morales, vis-à-vis de son proche et lointain, du frère comme de tout semblable.

 

L’intégrité

L’ordonnance de la Torah adressée tout particulièrement aux prêtres de ne point se rendre impurs au contact du mort, se réfère au péché originel motivé par le manque d’intégrité. La perfection sollicitée de l’homme se traduit par une confiance absolue, à l’abri du doute qui mine la relation de l’être à l’égard de son créateur. Ainsi lorsque le serpent dit à la femme : ‘D… sait que du jour où vous en mangerez, vos yeux seront décillés et vous serez comme D…, connaissant le bien et le mal’, elle aurait du penser que l’Eternel dans sa bonté ne privera pas de ses bienfaits ceux qui lui accordent leur confiance. Au lieu de cela, la femme jugea que l’arbre était bon comme nourriture et qu’il était attrayant à la vue et précieux pour l’intelligence. Un esprit intègre serait plutôt enclin à considérer que si l’Eternel ne nous a pas permis d’être comme Lui, connaissant le bien et le mal, cela relève de sa volonté. Pourquoi s’est-elle laissé aller à cette analyse malheureuse qui dénote un manque d’intégrité, récriminant et mettant à l’examen toute parole qui lui est adressée, alors que celui qui est intègre  avec l’Eternel,  la  mort   n’a  pas d‘emprise sur lui ? Comme dit le Ari zal: 

La mort est provoquée par des formes d’impureté qui s’accrochent à l’être à tel point que l’âme ne supportant plus cette impureté envahissante, se détache du corps. Par contre, celui qui est attaché entièrement à D… est préservé de tout mal. Comme dit le psalmiste : ‘’le méchant ne trouve point accès auprès de toi’’(ps. V v.5)

Adam et Eve entachés par le péché, ont permis aux forces d’impureté de les approcher et d’avoir prise sur eux, jusqu’à provoquer leur mort. A l’inverse, Yaakov le patriarche, qualifié d’homme intègre, ne connut pas la mort. C’est dans cet ordre d’idées que Yaakov adresse ces mots à sa maman Rivkah (Gen. 27 – 11) ‘’Je suis un homme halak, lisse’’, lui signifiant par  là qu’il n’est nullement nécessaire de faire un effort quelconque pour recevoir les bénédictions de son père, comme elle lui suggérait, du moment que l’Eternel ne les lui accorde pas. Tout son être lui dictait la foi absolue en la vérité de l’Eternel, sans récrimination aucune et sans crainte quant à l’avenir ; si D… voulait lui accorder les bénédictions, il les lui accorderait, quand bien même il ne ferait pas d’effort pour les avoir. C’est ce qui a conduit nos Sages à dire : notre patriarche Yaakov n ‘est pas mort. C’est animés par cet esprit que les enfants d’Israël furent affranchis de l’emprise de l’ange de la mort au moment de la réception de la Torah et qu’ils purent proclamer ‘’nous accomplirons et nous écouterons’’.

La vocation des prêtres étant d’établir le lien entre le monde inférieur et le monde supérieur, d’attirer le flux des bénédictions du monde suprême, il leur est réclamé d’être revêtus de cet attribut d’intégrité.

C’est à cette qualité d’Aaron Ha Cohen que fait allusion le verset (Deut. 33 – 8) : ‘’Sur Lévi, Moïse s’exprime ainsi : tes toumim et tes ourim (vérité et lumière) à l’homme qui t’est dévoué, que tu as éprouvé à Massa, gourmandé pour les eaux de Meriba’’. Et Rachi explique : tu as douté d’Aaron Ha Cohen et tu as voulu l’accabler, car en fait, si Moché Rabbenou s’est rendu coupable en invectivant le peuple d’Israël par ces mots : ‘’Ecoutez, rebelles’’, Aaron et Myriam n ‘avaient pas fauté eux. Et de fait, le Midrach Yalkout Chim’oni rapporte : Aaron aurait pu dire ‘’moi je n’ai point péché’’, mais il s’est tu et s’est retenu, car s’est-il dit, ‘’si l’Eternel veut que je trépasse, c’est qu’il est bon qu’il en soit ainsi’’. C’est ce qui lui a valu d’être choisi comme grand-prêtre. Par ailleurs, le patriarche Avraham et le patriarche Yaakov furent qualifiés de Cohanim (Itzak fut l’objet de l’offrande même). Les deux sont qualifiés d’intègres. Comme en témoigne le texte, pour Avraham ‘’hithalekh lefanaï vihyé tamim = marche devant moi et sois intègre ‘’, et à propos de Yaakov ‘’Yaakov Ich tam =un homme intègre’’.

Le cachet du prêtre étant l’intégrité, on comprend pourquoi il lui est recommandé de ne pas contracter l’impureté, qui est à l’opposé de son attribut. La prescription du compte du omer comporte également le qualificatif de ‘’temimim’’. Comme il est dit :’’sept semaines qui doivent être entières’’. Le Midrach s’interroge : quand sont-elles appelées entières, temimim ? C’est lorsque les enfants d’Israël accomplissent la volonté de l’Eternel. Ainsi la supputation du omer permet l’élévation de l’être, et  le  meilleur  procédé  pour  y parvenir est l’intégrité. Le   Midrach     dit par ailleurs : il ne faut pas considérer la prescription du compte du omer comme étant légère ; car c’est par le mérite de cette prescription qu’Avraham eut la terre de Canaan en héritage. C’est ce qui ressort du texte ‘’Je te donnerai à toi et à tes descendants après toi, à condition que tu observes mon alliance. 

Laquelle est-ce ? La prescription du omer.

A priori cela semble étonnant, car l’observance de l’Alliance se rapporte à l’Alliance de la circoncision. 

Mais d’après le développement que nous avons apporté, il n’y a point de contradiction, car par le biais du commandement du compte du omer, l’homme tend à devenir intègre, tel que par l’effet de la circoncision. Et c’est là le but ultime du fondement du judaïsme, de tendre vers la perfection. En vérité si l’homme agit avec intégrité et s’engage avec amour à recevoir ce que l’Eternel lui ordonne, il écarte par là même toutes les mauvaises influences et il est préservé de tout mal.

 

Grand Rabbin Chalom Benizri.