BÉRÉCHITE (Genèse)
CHÉMOT (Éxode)
VAYIKRA (Lévitique)
BAMIDBAR (Nombres)
DÉVARIM (Deutéronome)

 

 

Actions de Grâces

La Beraïta rapportée dans le Talmud enseigne:’’Nos Sages s’interrogent : Où est stipulée l’ordonnance de la bénédiction après le repas dans la Thora ?’’ (Traité Berakhoth 48 b) 

Du texte qui stipule : ‘’Tu mangeras et tu seras rassasié et tu béniras le Seigneur ton D… pour ce bon pays qu’Il t’a donné’’(Deut VIII – 10).Les expressions choisies dans ce verset nous instruisent sur les différentes parties dont se compose le Birkath Hamazone. ‘’Tu mangeras et tu seras rassasié’’ renvoie à la première bénédiction. ‘’Et tu béniras le Seigneur ton D…’’ évoque l’invitation lancée aux participants au repas en commun, le zimmoune’’. La mention ‘’pour ce pays’’ s’apparente à la bénédiction de gratitude pour le pays. Et le qualificatif ‘’le bon’’ fait allusion à la bénédiction pour la reconstruction de Jérusalem. Le contenu de cette Beraïta nous étonne et nous surprend tout à la fois. Ne savions-nous pas que la prescription relative à Birkath Hamazone trouve son origine dans la Thora   ? Ce qui surprend davantage encore, est que nos Sages ne formulent cette question à propos d’aucune autre mitzva, telle que les téfiline, les tsitsith, le choffar, pour en connaître l’origine dans le texte de la Thora. L’examen attentif nous permet de comprendre que la formulation de cette recommandation, et la place qu’elle occupe dans le discours de Moché Rabbenou consacré à l’entrée en terre d’Israël, présente quelques difficultés et sème quelque peu le doute dans l’esprit du lecteur. A la lecture du texte on pourrait effectivement se demander s’il s’agit vraiment d’une prescription ou d’un tout autre sujet. En effet, Moïse notre Maître introduit son discours par cette déclaration :’’Car le Seigneur ton D… te conduit dans un bon pays… pays de torrents et de sources jaillissant de l’abîme dans les vallées et les montagnes, pays de froment, d’orge, de vigne, de figuiers et de grenadiers, pays d’oliviers oléagineux et de miel, pays où tu mangeras le pain à discrétion, où tu ne manqueras de rien ; ce pays, ses pierres sont de fer, de ses montagnes tu extrairas le cuivre’’ ,et clôture ses propos en disant : ‘’Tu mangeras, tu seras rassasié …’’etc. (Deut. VIII – 7 à 10).Considéré dans sa globalité, ce passage du discours de Moïse ne permet pas d’y déceler à première vue, la présence d’une prescription particulière qui s’adresserait à toute la collectivité et à tout un chacun, leur enjoignant de prononcer une bénédiction de gratitude après le repas. On pourrait y voir, au contraire, l’expression d’un souhait ou d’une espérance de voir  le peuple d’Israël satisfait de la bonne terre que D… lui a donnée, et de ressentir  le besoin de lui rendre grâce et de le louer pour cela. Effectivement, les paroles de Moïse renferment des formules de vœux, des attentes de cette nature, tel que ‘’souviens-toi que c’est le Seigneur ton D… qui te donne la force d’acquérir cette richesse.’’ (Deut. VIII, 18). Ou encore, ‘’Sache aujourd’hui, que c’est le Seigneur ton D…, qui va passer devant toi, comme un feu dévorant’’ (Deut IX 3). Et, ‘’Reconnais, que ce n’est pas pour ton mérite, que le Seigneur ton D.., te donne ce bon pays en possession.’’ (Deut. IX 6). Et,  ‘’Vous circoncirez donc, le prépuce de votre cœur’’, Et ‘’vous ne raidirez plus votre nuque’’ (Deut. X - 16).  etc…. Au vu de ces paroles, nous aurions pu conclure que la prescription du Birkath Hamazone, dont il est question dans le contexte, n’est qu’une parole d’éthique parmi tant d’autres pour nous enseigner la gratitude et qu’il ne faut pas y voir la formulation d’une recommandation obligatoire de faire Birkath Hamazone, pour tout le bien que l’Eternel met à notre disposition. Et puis, en supposant même que Moïse, notre Maître aurait eu l’intention à travers ces mots, d’instaurer l’obligation de réciter une action de grâce, conçue toute entière comme une louange de gratitude pour notre nourriture, et adressée à la providence générale ‘’Hachgaha Kelalith’’      et la providence particulière ‘’Hachgaha Pératith’’ qui répond au besoin de chaque individu, toutes deux émanent de l’amour infini du créateur. Comment aurions-nous pu en conclure qu’il s’agit là d’un précepte qui s’adresse à chacun individuellement, après qu’il ait pris son repas à satiété. Nous aurions pu retenir  de ces paroles, que le devoir de réciter cette prière  ne s’applique qu’une fois l’an, après avoir récolté les produits que cette bonne terre nous offre, tel qu’à l’occasion des prémices que l’on apportait au Temple lors de la fête de Chavouoth. C’est pour toutes ces raisons,  que nos Sages soulèvent la question tout particulièrement au sujet de Birkath Hamazone, qui se présente tant dans le contexte que dans son libellé de façon singulière, et qui aurait pu nous amener à dire qu’il ne s’agit pas d’une obligation. En soulevant la question ‘’où est stipulée l’ordonnance’’, la Beraïta sous-entend qu’elle a connaissance des difficultés que nous venons d’évoquer et que nous devrions statuer, sur base de notre verset, qu’il s’agit bel et bien, d’une ordonnance de la Thora

 

Mi yiten

La Thora nous fait part de la convocation de Moïse notre maître, adressée à tous les enfants d’Israël, et principalement aux jeunes qui n’avaient pas l’âge de conclure l’alliance au mont Sinaï, lors de la promulgation de la Thora. Moïse évoque en leur présence cette théophanie, et récapitule les dix paroles, appelées communément les dix commandements. Il leur fait également le récit de la demande qu’ils lui firent lorsqu’ils eurent entendu les deux premières paroles de l’Eternel, et qu’ils ont frémi et se tinrent à distance.

‘’Que ce soit toi qui nous parles, et nous pourrons entendre ; mais que D… ne nous parle point, nous pourrions mourir, et nous l’écouterons et nous l’exécuterons’’ (Deut. V – 24).

Cette demande causée par la crainte de D… trouva grâce aux yeux de l’Eternel, qui leur répondit : ‘’J’ai entendu la voix de ce peuple, les paroles qu’il t’adresse : tout ce qu’ils ont dit est bien dit : ‘’Qui donnera qu’ils aient toujours ce même cœur pour me craindre et pour observer toujours tous mes commandements, afin qu’il leur arrive du bonheur, à eux et à leurs fils à jamais’’ (Deut. V – 26).

Le Rabbin Elie Munk dans son commentaire sur la Thora, note à ce propos : ‘’Bien que l’amour soit l’expression idéale du service de D…, l’accent est mis ici sur la crainte, qui demeure en toutes circonstances la plus sûre garantie de l’obéissance à ses commandements’’. Comme l’écrit l’Ecclésiaste : ‘’La conclusion finale quand tout a été entendu ; crains D… et observe ses commandements : car c’est là tout l’homme’’ (Eccl. XII – 13).

Le Rabbin Baroukh Halevi Epstein souligne cette exclamation dans la bouche de l’Eternel : ‘’Qui donnera…mi yiten’’ qui convient davantage à l’être humain animé de sentiments, désireux d’atteindre et de parvenir à un objectif inaccessible, de par sa condition humaine, et qui clame son aspiration et se lamente de son impuissance. Ce n’est nullement le cas de l’Eternel. Rien ne résiste à sa volonté, Il est tout puissant. Et si c’est de par sa volonté que le cœur de l’homme est habité par cette crainte, il peut en doter chaque personne. Comment peut-on dès lors lui prêter cette expression ‘’mi yiten – qui donnera’’, qui traduit le sentiment d’impuissance propre à l’homme et non à l’Eternel.

Cet enseignement talmudique nous éclaire à ce sujet. En effet, Rabbi Hanina énonce ce principe : ‘’Tout est entre les mains du ciel, sauf la crainte du ciel’’ (Traité Berakhoth 33 b). En d’autres termes, le choix du libre-arbitre est donné à l’homme de servir l’Eternel ou de ne pas le faire. Comme dit la Thora : ‘’Et maintenant Israël, que demande de toi l’Eternel ton D… ? Sinon de craindre l’Eternel ton D… en marchant dans toutes ses voies, en l’aimant et en servant l’Eternel ton D… de tout ton cœur et de toute ton âme’’ (Deut. X – 12).

Ainsi donc, D… réclame de l’homme précisément cela, selon le libre-arbitre dont il dispose. Nous pouvons déduire de là que l’Eternel a, pour ainsi dire, restreint son emprise en ce domaine, pour le confier à celui de l’homme et à sa sensibilité. Ce qui expliquerait cette exclamation : ‘’mi yiten – qui donnera’’, que les humains soient éveillés de par leur bon vouloir à cela, puisque J’en ai fait les dépositaires. Cependant il est étonnant que Rabbi Hanina se réfère au verset : ‘’Et maintenant Israël’’(Deut. X – 12), pour étayer ses dires, alors qu’il aurait pu faire appel à l’expression choisie dans notre texte ‘’mi yiten’’. C’est probablement que cette parole se prête à une deuxième interprétation. En effet, ‘’mi yiten – qui donnera qu’ils aient toujours le même cœur…’’ peut signifier que le cœur, siège du sentiment, soit livré à leur volonté, qu’ils en soient les maîtres, et non les penchants du cœur qui gouverneraient leur conduite. Ceci nous permet de comprendre l’énoncé de cette prière ‘’Béni soit notre D… qui nous a créés pour sa gloire, nous a distingués de ceux 

qui sont dans l’erreur, nous a donné une Thora de vérité et implanté en nous une vie éternelle. Qu’Il ouvre notre cœur à sa Thora et mette en notre cœur son amour et sa crainte afin d’accomplir sa volonté et de le servir d’un cœur entier…’’. N’est-ce pas que l’amour et la crainte ont été mis en le pouvoir de l’homme, Pourquoi sollicitons-nous alors de l’Eternel ‘’de mettre en notre cœur son amour et sa crainte’’ ? 

Cela s’explique à travers l’enseignement de nos Sages, où le grand maître Hillel enseigne : ‘’L’homme inculte ne craint pas le péché, l’ignorant n’est pas vraiment pieux….’’(Maximes des Pères II – 5). ‘’L’ignorant’’ qualifie celui qui n’a pas la science de la Thora. C’est pourquoi nous demandons dans notre prière, avant tout, que l’Eternel ‘’ouvre notre cœur à sa Thora’’, ce qui est en son pouvoir. Comme dit le psalmiste : ‘’Décille-moi les yeux pour que je puisse contempler les merveilles issues de ta loi’’ (Ps. CXIX – 18). Il s’en suivra alors, que notre amour et notre crainte soient implantés dans notre cœur. La Thora sert en quelque sorte de subsistance pour nous guider dans la voie de rectitude.

 

Le masculin et le féminin 

Dans la conception juive, l’approche du masculin et du féminin dans leur rapport, n’occupe pas une place centrale dans la perception conceptuelle du monde. Chez les Chinois par exemple, tout est perçu à travers cette division . L’opposition entre le yin et le yang est bien mise en évidence. Dans le judaïsme cela ne constitue pas une distinction primordiale.   

De manière générale, la Thora met sur le même plan d’égalité l’homme et la femme. Les ordonnances de la Thora s’appliquent à tous. Les trois cent soixante cinq défenses et les deux cent quarante-huit  prescriptions positives, hormis celles conditionnées par le temps, s’adressent à l’homme comme à la femme. Ainsi, seules les prescriptions  liées au temps dans leur réalisation, échappent à la règle générale, et l’être au féminin en est dispensé. Il faut souligner que tant l’homme que la femme sont appelés à la réalisation de leur être à travers le mode de vie prescrit par la Thora. Tous deux doivent tendre vers la perfection morale, sociale et religieuse, inspirée par la Thora. 

Et nonobstant tout cela, nous ne pouvons faire abstraction de l’existence de certaines différences, peu importantes, entre l’homme et la femme. Hormis les différences physiologiques, le caractère et la personnalité que la condition féminine engendre, nous pouvons observer d’autres caractéristiques qui résultent non seulement de l’éducation dès le jeune âge, mais également des modèles et des aspirations de vie présentés à la femme. Par exemple, on aura tendance à attendre du garçon d’avoir une personnalité affirmée, déterminée, d’être un battant. On lui offrira des voitures, des outils, pour modeler son esprit. Par contre on offrira des poupées à la fille ; on mettra l’accent sur le décor de sa chambre, de son lit ; enfin, on l’entourera de tous les égards qui tendent vers un monde de douceur et de tendresse. Certes, la manière d’appréhender un enfant exerce une influence profonde sur lui et détermine grandement les penchants qui le portent vers l’épanouissement de sa personnalité. Mais ce ne sont pas là les éléments déterminants qui singularisent l’homme et la femme. Ce qui détermine l’un et l’autre, ce sont les attributs de l’âme, confrontés aux influences externes, physiques, morales et sociales, et qui peuvent être contrecarrés par la force intérieure et profonde de l’âme.  En d’autres termes, la pression extérieure exercée sur la personne, sa condition physiologique et les comportements internes qu’elle induit chez l’homme ou la femme, crée une influence significative dans ce que l’on désigne dans la composante spirituelle de l’être ‘’nefech’’, c’est-à-dire l’animation de l’être, sans qu’intervienne en cela la croyance en un créateur. 

En somme la différence entre l’homme et la femme émane de leur ‘’nefech’’, de ce que l’une ou l’autre représente de par la multitude de ses possibilités d’action, ou de sa vivacité, ou encore du ‘’rouah’’, souffle de vie, et  la ‘’nechama’’ qui porte la personne et la projette de par sa volonté, son désir et sa passion d’être. 

En résumé, c’est au niveau de la ‘’nechama’’, de l’âme, du ‘’rouah’’, du souffle de vie, et du ‘’nefech’’, de l’animation de l’être, que se situe la frontière entre l’homme et la femme. 

Le Zohar rapporte que dans le monde ici-bas, la relation entre l’homme et la femme s’inspire du modèle du patriarche Yaakov et ses épouses. Le récit de la Thora nous présente Yaakov comme étant le maître incontesté dans sa maisonnée. Ses épouses obéissaient à ses volontés. Le livre du Zohar illustre ce témoignage en disant que le patriarche Yaakov était d’une plus grande taille, et que ses épouses Rachel et Léa lui arrivaient à l’épaule. Le Zohar nous offre ainsi l’image de la place qu’occupe l’homme dans le couple et l’influence positive ou négative qu’il impose dans son foyer. 

Le Zohar poursuit par le modèle de vie de couple représenté par le patriarche  Isaac et son épouse Rebecca, et qui est projetée dans le devenir du monde. Chez Isaac et Rivkah, le projet d’être dans la relation de l’homme et de la femme est porté par une harmonie parfaite. Ainsi lorsque Isaac se met en prières, il se place en vis-à-vis de son épouse; et lorsqu’il donne la bénédiction, c’est Rivkah qui choisit le destinataire. Itzhaq et Rivkah donnent l’exemple du partage des rôles de l’homme et de la femme, sans que l’un ou l’autre prennent l’avantage. Le Zohar va jusqu’à dire que Isaac et Rebecca étaient de la même grandeur, pour signifier la relation parfaite qui les caractérisaient. 

Mais dans le monde futur, dit le Zohar, le rapport de l’homme et la femme sera comparable à celui du patriarche Avraham et son épouse Sarah. Nos Sages disent : Sarah était dotée d’un niveau du don prophétique supérieur à celui du patriarche Avraham. D’où cette parole de la Thora : ‘’L’Eternel adresse au patriarche cette recommandation : tout ce que dit Sarah, écoute sa voix’’. 

Le Zohar précise encore qu’Avraham était très menu par rapport à Sarah. Nous retenons de cet enseignement du Zohar que les attributs de l’homme et de la femme présentent différents aspects et différents niveaux. Le regard porté sur l’écorce externe, sur les apparences, celui d’une perception limitée dans notre existence terrestre, nous conduirait à penser que l’homme l’emporterait sur la femme à l’instar du patriarche Yaakov. Mais à la réflexion, une approche approfondie nous révèle plutôt la recherche d’une égalité harmonieuse ; telle le couple exemplaire de Itzhaq et Rivkah, dans le monde à venir. 

Cependant si nous nous portons au loin et nous nous projetons dans l’au-delà de notre dimension humaine, nous pourrons entrevoir la suprématie de la femme par rapport à l’homme, telle qu’elle est illustrée par le couple Avraham et Sarah. 

Vu sous un autre angle, nous pouvons interpréter notre être animé, le ‘’nefech’’, avec toutes les facultés déposées en lui, comme étant le représentant d’un schéma corporel, celui de la première couche où la supériorité de l’homme sur la femme ressort d’une façon saillante dans la dimension ici-bas.  

Alors qu’au niveau de l’image qui se dégage du schéma corporel, celui du ‘’rouah’’, apparaît une égalité , un équilibre entre l’homme et la femme dans le monde en devenir. Passant au niveau supérieur, nous découvrons la ‘’nechama’’, l’âme, qui met en relief la dimension intellectuelle de la personne, sa spiritualité, et s’apparente au monde futur. L’avantage apparaît alors plutôt chez la femme.  

Nos Sages donnent une extension à l’enseignement que nous avons développer, en nous révélant que dans une vue à court terme, il nous apparaît que l’homme détient le pouvoir. Il tient les rênes de sa maisonnée et l’emporte dans l’influence qu’il exerce. Mais dans une vue à long terme, nous constatons qu’en définitive, c’est la femme qui remporte la palme. Et au plus on élargit l’horizon, au plus son empreinte est profonde. Pour mieux saisir le sens de cet enseignement de nos Sages, nous devons nous référer aux notions de ‘’or makif’’, d’une lumière qui enrobe le tout, et ‘’or penimi’’, la lumière interne, employés dans la terminologie cabbalistique. 

‘’Or makif’’ représente le flux de lumière qui inonde le monde et dispense la vie à toute l’existence. Tous les éléments créés par l’Eternel sont baignés par cette lumière. Chacun de ces éléments est rempli de ce jet de lumière enfermé dans sa dimension. Cette lumière qui le remplit est appelée ‘’or penimi’’. Ainsi chaque élément est limité par l’intensité de la lumière qu’il est capable d’absorber. 

Il en va de même par analogie, de la relation de l’homme  envers son créateur. Chargé des mitzvoth de la Thora, des commandements de l’Eternel qui l’animent, l’homme se trouve porté davantage au masculin. La clarté qui l’habite, qui l’anime de l’intérieur, le porte à définir tout ce qui l’entoure dans les limites qui caractérisent son ‘’or penimi’’. Alors que le ‘’or makif’’, la lumière diffuse, s’apparente davantage au féminin. 

La Thora étant assimilée au ‘’or makif’’, à la lumière qui enrobe le tout, est plus proche de la femme qui dispose d’une plus grande énergie. Ainsi au pied du mont Sinaï, D… adressa cette parole à Moïse :

’’ko tomar lebeth Yaakov vétagued libné Israël’’ –‘’ainsi tu diras à la maison de Yaakov et tu rapporteras aux enfants d’Israël’’.

Nos Sages soulignent   que la maison de Jacob énoncée en premier, fait référence aux femmes. Et les bné Israël qui viennent ensuite, désignent les hommes.  Cet ordre se justifie par le fait que la relation de la femme à la Thora est plus grande que celle de l’homme. Et c’est pourquoi les hommes ont l’obligation d’étudier la Thora et les femmes en sont dispensées.

Dans le même ordre de pensée, les prescriptions positives de la Thora liées au temps appartiennent de ce fait au cadre de la vie pratique, aux conditions réelles de l’existence. Aussi, la femme en est dispensée. Ce qui n’est pas le cas pour les prescriptions d’ordre général qui appartiennent à l’ensemble des commandements de la Thora indépendantes du temps et dont la femme  a l’obligation. 

Nous pouvons illustrer cela par cette parole de Rabbi Yossi qui appelait sa femme ‘’ma maison’’, pour bien souligner qu’elle n’occupe pas une certaine place , mais toute la place. La maison, c’est elle.  

A l’instar de la lumière globale, la femme crée l’atmosphère et le cadre de vie dans le foyer ; alors que l’homme y déverse son contenu, son énergie, sa pensée. Ceci nous permet d’expliquer la tradition chez les ashkénazes, lors d’un mariage, qui consiste en le fait que la femme tourne sept fois autour du mari sous la houppa, allusion à cette lumière qui enrobe et qui entoure toute chose.  

C’est dans cette idée que l’on peut également trouver l’explication des ‘’hakafoth’’, des processions que nous faisons autour de la téva, le pupitre sur lequel est déposée la Thora, le jour de Simhat Thora, au moment où nous avons clôturé le lecture de tout le rouleau de la Thora et que nous l’entamons à nouveau. 

Il est bien évident que nous n’avons pas encore tout appris du contenu de la Thora. Mais néanmoins nous tentons de capter cette lumière globale, ce ‘’or makif’’ qui émane de la Thora.  

Par ailleurs celle-ci fait allusion à la lumière originelle qui a présidé à la création du monde en sept jours. 

Rappelons enfin le symbolisme de cette procession du cycle qui s’inscrit dans l’infini qui n’a pas de début et n’a pas de fin, et qui représente le ‘’en sof’’. 

Enfin, gageons que c’est dans la relation de ‘’or makif’’ et de ‘’or penimi’’ que l’homme et la femme connaissent l’harmonie.

 

 

 

 

Grand Rabbin Chalom Benizri.