Béchala'h
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L’individu et la collectivité ‘’Les enfants d’Israël avancèrent à pied sec au milieu de la mer, et les eaux leur étaient une muraille à leur droite et à leur gauche’’ (Ex. XIV – 29). Le Midrach Yalkout Chimoni se base sur le fait que le mot ‘’homa, muraille’’ écrit avec un vav défectif dans ce verset pour dire ,que cela indique une deuxième lecture, celle du mot ‘’héma, colère’’. Les anges de service formulèrent des griefs contre les enfants d’Israël qui ne méritaient pas qu’il soit fait violence à l’eau qui devait aller à l’encontre de sa nature pour leur céder le passage ; alors que lors de la traversée des Egyptiens poursuivant les enfants d’Israël, les eaux de la mer Rouge se refermèrent sur eux et les engloutirent. N’est-ce pas que les uns et les autres se soient rendus coupables d’idolâtrie ? C’est pourquoi l’ange chargé des eaux de la mer s’est emporté contre les enfants d’Israël et voulut les noyer. L’Eternel intervint et lui dit : peut-on condamner de la même façon les personnes qui commettent l’infraction délibérément, allusion aux Egyptiens, et ceux qui ont failli en état de captivité ? On pourrait s’interroger alors : pourquoi les anges protecteurs ne se sont pas manifestés lorsque l’Eternel a frappé les Egyptiens lors des dix plaies en Egypte, tandis que les enfants d’Israël furent sauvegardés ? Ne se sont-ils pas rendus coupables d’idolâtrie en imitant les Egyptiens ? Il faut rappeler à cet égard un des principes de la providence divine qui traverse tel un fil d’Ariane, l’histoire des nations depuis la génération du déluge. Ce principe est rapporté dans le commentaire de Rachi qui s’interroge : ‘’Qui avait commis le plus grand péché, les hommes de la génération du déluge ou ceux de la génération de la tour de Babel ? Les premiers n’avaient pas porté atteinte au principe de l’existence de D…, les seconds l’avaient bel et bien fait en voulant en quelque sorte porter la guerre contre D…, et pourtant les premiers ont été anéantis, les seconds ne l’ont pas été. C’est que les hommes de la génération du déluge étaient des voleurs et des brigands se querellant les uns les autres. C’est pourquoi ils ont péri. Ceux de la tour de Babel pratiquaient entre eux l’amour et la fraternité ainsi qu’il est dit : ‘’un même langage et une même parole’’. Rachi conclut de là: ‘’nous apprenons combien la division des hommes est haïe de D… et combien grande est la paix’’ (Gen. XI – 9). L’enseignement du Midrach à propos du passage de la mer Rouge, apporte une précision quant au principe exposé par Rachi, à savoir qu’à l’égard de l’individu la Thora considère avec gravité le délit de l’atteinte au principe de l’existence de D… , ou encore d’une conduite dépravée, et condamne celui qui passe outre à la mort ou la flagellation. Par contre lorsqu’il s’agit d’une mauvaise conduite telle que la médisance, l’orgueil ou le vol avec violence, la Thora s’abstient d’indiquer la sanction encourue dans le monde ici bas ; alors qu’à l’égard de la collectivité, le jugement de la Thora est tout autre. La providence divine attribue une importance prépondérante à la relation entre les hommes et se montre magnanime pour toute rébellion du peuple à son égard. Il en résulte que lorsque l’ensemble d’une communauté est unie et qu’elle se comporte dans le respect mutuel, elle bénéficie d’un traitement de faveur de la part de l’Eternel. Mais lorsqu’elle est minée de l’intérieur, alors elle est considérée à l‘égale d’une personne prise individuellement et sévèrement condamnée. C’est ce qui apparaît dans le texte à propos de la génération du déluge : ‘’D… considéra que la terre était corrompue, toute créature ayant perverti sa voie sur la terre’’ (Gen. VI – 12). Alors qu’à l’intention de Noé, l’Eternel dit : ‘’ Le terme de toutes les créatures est arrivé à mes yeux parce que la terre, à cause d’elle, est remplie d’iniquité’’(Gen. VI – 13). Jugés en tant qu’individus, ils furent sévèrement condamnés. C’est dans cet ordre de pensée que l’on peut distinguer également entre les dix plaies qui frappèrent l’Egypte et le passage de la mer Rouge qui s’est refermée sur l’armée égyptienne. Il est vrai que les enfants d’Israël en Egypte s’étaient adonnés à l’idolâtrie, et de ce fait ils méritaient le même sort que les Egyptiens. Mais du fait de leur union, de la solidarité et de l’amour qu’ils partageaient les uns envers les autres, ils furent considérés comme un seul corps, une même entité. Cependant lors de la traversée de la mer Rouge, la dissension les a gagnés. Comme dit le Midrach : ils formèrent quatre clans. Le premier préconisait : jetons-nous à la mer, il n’y a nul espoir et nulle échappatoire. Il est préférable de se donner la mort au lieu de tomber entre les mains de l’ennemi et devoir subir les souffrances qu’ils nous infligeront. Le deuxième clan disait : nous devons capituler, les Egyptiens sont plus forts. Nous devrions retourner en Egypte et nous assimiler complètement à eux, adopter leur culture et leur mode de vie, et nous soumettre à leurs lois. Le troisième clan avançait : nous devons nous battre et leur faire la guerre, bien qu’ils soient plus forts que nous, et mener la lutte jusqu’à la dernière goutte de sang. Car mieux vaut mourir au champ d’honneur que perdre la liberté. Le quatrième clan prétendait manifester avec fracas, ameuter l’opinion publique du monde, éveiller leur conscience et exploiter tous les moyens diplomatiques pour dissuader les Egyptiens de réaliser leurs sombres desseins à notre égard. C’est cette division qui a suscité l’intervention de l’ange de service des eaux de la mer Rouge rapportée dans le Midrach.
D… est parmi nous. Les premiers temps de l’histoire des enfants d’Israël sortis d’Egypte, sont chargés de nombreuses manifestations réitérées à l’égard de leur guide Moché Rabbenou et même envers D…, leur sauveur. Tantôt ils sont saisis de scepticisme, gagnés par la méfiance, et tantôt ils passent de la simple querelle aux violentes récriminations et à des murmures. Moïse, excédé leur dit :’’Qu’avez-vous à me chercher querelle ? Qu’avez-vous à mettre l’Eternel à l’épreuve ? ‘’ Et se tournant vers l’Eternel, Moïse s’écrie :’’Que ferais-je pour ce peuple ? Encore un peu plus et ils me lapideront !’’ (Ex. XVII – 4). Enfin, lorsqu’ils eurent apaisé leur soif d’eau extraite du rocher sur lequel Moïse porta son bâton, celui-ci appela ce lieu ‘’Massa et Mériba’’, à cause de la querelle des enfants d’Israël et parce qu’ils avaient éprouvé l’Eternel en disant :’’L’Eternel est-il au milieu de nous ou n’y est-Il pas !’’ Le Midrach Mekhilta rapporte à ce propos les enseignements de Rabbi Yehochoua et de Rabbi Eliezer. Rabbi Yehochoua interprète les paroles des enfants d’Israël en ces termes :’’Si l’Eternel est le maître de toutes les œuvres comme Il est sur nous, alors Il nous donnera de l’eau, même dans un pays aride et nous Le servirons ; dans le cas contraire, nous ne nous soumettrons pas à Lui.’’ Rabbi Eliezer traduit leurs paroles ainsi : Si l’Eternel pourvoit à nos besoins, nous Le servirons ; sinon non.’’ La divergence de pensée entre ces deux maîtres de la Michna est explicite. Pour le premier, les enfants d’Israël veulent assister à des manifestations surnaturelles, à des miracles dans les cieux et sur terre ; en somme un bouleversement de l’œuvre de la création en leur faveur, tel que le rocher qui se transforme en une source d’eau vive. C’est alors qu’ils prendront sur eux le joug de la royauté divine. Selon l’avis du second maître, les enfants d’Israël désiraient avoir la preuve de la relation de bonté, de bienveillance, que l’Eternel a à leur égard. Ils voulaient s’assurer que le culte qu’ils allaient Lui rendre présentait un avantage pour eux. L’intérêt prime tout. Ainsi, de l’avis de ces deux maîtres, il ressort que les enfants d’Israël mettaient sous condition l’acceptation du joug divin. Cet enseignement nous renvoie à l’interdit énoncé dans la Thora :’’Ne mettez pas à l’épreuve le Seigneur votre D… comme vous l’avez éprouvé à Massa’’(Deut. VI 16). Nahmanide explique cela en disant : Il ne convient pas de demander à D… des miracles pour Lui rester fidèle, sans quoi on l’abandonnerait, car tel n’est pas la volonté de D… de faire des miracles à n’importe quel moment. Il n’est pas davantage dans la volonté de D… qu’on Le serve pour obtenir une récompense. Il faut Le servir même dans les épreuves et dans la souffrance. Il n’est qu’une exception dans laquelle les Sages permettent d’éprouver D… en Lui demandant un fait miraculeux, c’est la bienfaisance, comme l’énonce le prophète Malachie en ces termes :’’Apportez toutes les dîmes dans le lieu du dépôt pour qu’il y ait des provisions dans ma maison, et attendez-moi à cette épreuve, dit l’Eternel Tsebaoth : ‘’vous verrez si Je n’ouvre pas en votre faveur les cataractes du ciel, si Je ne répands pas sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure’’(Malachie III – 10). Le Zohar rapporte au nom de Rabbi Abba, cette interrogation : Les enfants d’Israël qui se sont rebellés se disant : l’Eternel est-Il parmi nous ou non ? étaient-ils simples d’esprit au point de douter de la présence divine en leur milieu, alors qu’ils avaient vécu successivement tant de miracles fabuleux, inexplicables sans intervention providentielle . En vérité, leur question cachait certainement un sens plus profond. Ils doutaient en fait, de l’avis de Rabbi Abahou, de la capacité de connaître les pensées qui les animaient en leur for intérieur comme l’indique le terme ‘’békirbénou – en notre sein’’. Si D… ne connaît pas nos pensées intimes, s’est-il dit, nous ne le servirons pas’’. Rabbi Shimon se base sur le fait que l’alternative négative n’est pas formulée comme il convient habituellement par les termes ‘’imlo – si non’’, mais par les mots choisis ‘’im aïn’’, mots qui signifient le néant, soit la négation de la substance physique et matérielle. D’où l’interprétation de la question selon Rabbi Shimon qui se rapporte alors à la nature même de l’Etre divin. Celui-ci possède-t-Il une existence matérielle qui se manifeste dans son immanence ici-bas, ou ne vit-Il que dans les sphères immatérielles et transcendantes, comme le laisse supposer la série des phénomènes surnaturels qui se sont déroulés sous nos yeux ? Ces questions, dit le Zohar, n’auraient certes pas justifier par elle-mêmes un châtiment aussi grave que celui de l’attaque par traîtrise du peuple amalécite, mais les questions posées sur un ton de défi à l’adresse de l’Eternel, sont condamnables.
Le commandement – La mitzva L’on considère communément l’acte volontaire comme étant moralement supérieur à l’acte obligatoire. Cependant nos Sages du Talmud déclarent (Kiddouchin 31 a) : une action est plus méritoire lorsqu’on l’accomplit parce qu’elle est requise par un commandement, que lorsqu’on l’accomplit spontanément. La raison principale avancée par les rabbins, c’est qu’ils considèrent que les personnes qui agissent par obligation seront plus constantes dans la réalisation de l’ordonnance qui s’impose à elles, que celles qui agissent de leur plein gré, de leur propre volonté. En effet, ces derniers pourraient cesser de s’inscrire dans la réalisation du bien dès qu’ils en seront lassés ; alors que ceux qui agissent par obligation ne peuvent se démettre de leur conduite, conformément aux commandements. Nous pouvons illustrer cela par l’exemple de deux sortes de régimes diététiques. Certaines personnes observent un régime alimentaire pour deux raisons : d’une part pour l’apparence physique et d’autre part pour la santé. Et pourtant personne ne respecte son régime sans y contrevenir de temps à autre. Mais si le mode alimentaire est imposé par une indication médicale, sous peine d’une dégradation de la santé physique ou mentale, la personne s’y attachera fortement. Cette attitude peut être comparée avec celle de la loi diététique juive dictée par la Thora. Les Juifs observants ne mangeront jamais de fruits de mer ou de porc, simplement parce que c’est interdit par la loi juive et non pour des raisons de santé ou d’apparence. Le Talmud (Psahim 50 b) enseigne : un homme doit toujours s’attacher à l’étude de la Thora et à l’observance des commandements, même s’il ne le fait pas de manière désintéressée, parce que même s’il les accomplit d’abord pour un autre motif, il finira par le faire de manière désintéressée.
Nos Sages nous livrent quelques conseils pour accomplir les mitzvoth Ainsi la Mekhilta (Bô) dit : si un commandement croise ton chemin, ne tarde pas à le réaliser. En d’autres mots, si on a l’opportunité de faire le bien, il faut le faire immédiatement. Par ailleurs, nos Sages disent dans le ‘’Pirké Avoth’’ (IV,2) : ‘’l’accomplissement d’un commandement conduit à l’accomplissement d’un autre commandement ; mais le péché en amène toujours un autre’’. Le Talmud enseigne aussi (Soukka 30 a) : il est interdit d’accomplir un commandement à travers une transgression. Il y a plus d’un siècle Rabbi Israël Salanter faisait remarquer qu’à son époque il n’était pas rare de voir un individu se lever au milieu de la nuit pour réciter les sélihoth (prières récitées à l’aube les semaines qui précèdent le nouvel-an) et faire tellement de bruit en se levant qu’il réveille toute la maisonnée. Cette personne ne se rend pas compte que le mal qu’elle cause est bien plus important que le bien qu’elle croit faire. Il aurait mieux valu qu’il reste au lit et ne prive pas les autres de sommeil.
Alef La première lettre de l’alphabet hébraïque porte communément le nom alef, qui signifie instruire, enseigner. Comme il ressort dans le livre de Job .’’Sinon, c’est à toi à m’écouter ; tais-toi, et je t’enseignerai la sagesse – va a alef kah hokhma’’ (Job XXXIII – 33). Ponctuée différemment, la lecture donne le mot alouf. C’est d’ailleurs ainsi que D… est surnommé par le prophète Jérémie. ‘’Sans doute à l’heure présente, tu t’écries en t’adressant à moi :’’ô mon père, tu es le guide de ma jeunesse’’ (Jér. III 4). C’est aussi par alouf que D… est surnommé par le roi Salomon. ‘’L’homme artificieux déchaîne la discorde ; le boute-feu sème la division entre amis’’ (Prov. XVI – 28). Alors que Rachi le traduit comme étant le surnom qu’on donne à celui qui n’arrête pas de se plaindre et provoque des querelles, ce qui entraîne que le Maître, le Saint béni soit-Il, s’en détache. Alors que quand les enfants d’Israël sont unis tels que décrit le verset :’’Ainsi devint-il roi de Yéchouroun, les chefs du peuple étant réunis, les tribus d’Israël unanimes’’(Deut. XXXIII – 5). Le Roi de l’univers réside parmi elles. Enfin, l’attribut alouf – chef, adressé à l’Eternel, souligne que c’est Lui qui enseigne à l’homme la connaissance et la sagesse. C’est Lui qui éduque et élève l’homme depuis son jeune âge. Notons enfin que elef indique la multiplication de l’unité qui devient un millier. Ces différentes significations que renferme la lettre alef, la porte à un sens plus élevé lorsqu’elle est associée au mot dam – sang, pour former le mot adam – homme. Tel que l’enseigne le Talmud : Il y a trois associés en la formation de l’humain : le père, la mère et le Saint béni soit-Il qui lui donne l’âme. Dans le mot adam la lettre alef portée en tête, désigne le maître de l’univers et ses attributs ; alors que la terminaison dam indique la vie physiologique que l’homme reçoit de son père et sa mère. Soulignons que le terme dam a pour valeur numérique quarante-quatre, soit l’addition de ce qui correspond au mot ‘’av’’ – père (=trois), et ‘’em‘’– mère (=quarante et un). Ce qui fait un total de quarante-quatre. Ceci nous permet de comprendre le Midrach, qui dit qu’au moment où le premier homme a commis le péché, la lettre alef s’est envolée et il restait le mot dam. Ce qui sous-entend que la pesanteur de son péché a causé le retrait de l’Eternel représenté par le alouf, soit l’éloignement de la présence divine , de l’homme. La disparition du alef dans certains mots particuliers, résulte de graves manquements aux ordonnances de la Thora. Ainsi en ce qui concerne l’interdit d’un animal impropre à la consommation, le verset dit : ‘’Ne vous rendez point vous-mêmes abominables par toutes ces créatures rampantes ; ne vous souillez point par elles ; vous en contracteriez la souillure’’ (Lév. XI – 43). Et le Zohar souligne que toute personne qui contracte l’impureté au contact d’une nourriture interdite, est comparable à celui qui commet le péché de l’idolâtrie. Et c’est pourquoi le mot ‘’vénitmetem’’ – vous contracterez l’impureté- est écrit avec un alef élidé. Ainsi donc, l’infraction est d’une telle gravité qu’elle provoque le retrait du alouf, de l’Eternel qui s’éloigne de l’homme. La même chose se produit comme conséquence de l’idolâtrie, où la lettre alef est absente dans le mot ‘’léhatath’’ – pour le péché. Rabbenou Béhayé dit que même le péché de l’inceste provoque la disparition du alef dans le mot ; comme dans l’histoire du roi Avi Melekh qui avait pris Sarah. Et la Thora écrit : ‘’… J’ai voulu de mon côté te préserver de m’offenser’’ (Gen. XX – 6). Et le mot ‘’méhato’’ – commettre l’infraction- se présente sans le alef. De même dans le verset :’’… Il ne faut pas que D… voie chez toi une chose déshonnête, car Il se retirerait d’avec toi’’ (Deut. XXIII – 15). Nous pouvons dire en conclusion, que dans l’esprit de nos anciens, le péché du premier homme relevait tout à la fois d’une forme d’idolâtrie, d’un inceste ou d’un homicide. Nos Sages du Talmud (Sanhedrin 38 b) déclarent d’ailleurs que le premier homme était un renégat. Et si on l’accable d’acte incestueux, c’est parce qu’il a permis aux grandes forces de la passion de se saisir de l’homme. Et si on l’accuse d’homicide, c’est parce qu’il a causé la mort dans le monde. Soulignons au passage que la raison pour laquelle la Thora indique : ‘’Vous n’accepterez pas non plus de rançon pour que, dispensé de fuir dans la ville de refuge, on puisse revenir habiter dans ce pays avant la mort du pontife’’ (Nbres. XXXV – 32). Le meurtrier sans préméditation, doit se retirer dans une ville de refuge jusqu’à la mort du Grand-Prêtre. C’est pourquoi le Grand-Prêtre a pour vocation de contribuer à ce que la présence divine demeure au sein du peuple d’Israël ; alors que le meurtrier provoque l’éloignement de la présence divine d’Israël. Si nous portons notre attention sur la calligraphie de la lettre alef, nous découvrirons qu’elle est composée de la lettre vav inclinée et que deux youd y sont accrochés de part et d’autre. Ce qui donne au alef la valeur numérique de vingt-six, identique à celle des quatre lettres qui forment le nom ineffable Ado-Naï. Il est à remarquer que même la place qu’occupe la lettre dans le mot nous renseigne sur sa nature. Ainsi, dans le mot adam, le alef qui vient en tête montre que c’est tout ce qu’elle représente qui doit être dominant et gouverner l’élément matériel dam, le sang. De même chez l’homme appelé ich, le alef domine le yech – l’ego de l’homme. Ainsi donc la grandeur de la personne humaine réside dans le fait que le fondement spirituel qu’il a en lui, cette part de l’être suprême représentée par la lettre alef, dirige et forme la partie matérielle de la personne. Selon l’auteur Chem mi Chemouel, les quatre noms attribués à l’être humain soulignent quatre niveaux. Enoch s’apparente à Anouch, qui désigne l’homme dans sa condition humaine misérable, faible et précaire. Alors qu’à un stade plus élevé, l’homme est désigné par le mot guéver qui évoque l’effort déployé chez lui pour échapper à son état misérable. A un autre niveau, il est nommé ich lorsqu’il est parvenu à une haute dignité. Enfin, arrivé au sommet de sa grandeur, il est dénommé adam, soit celui qui affirme sa domination sur l’élément matériel, le sang. L’importance du nom adam fait à l’image et à la ressemblance de son créateur, apparaît selon nos Sages, dans sa valeur numérique égale à celle des lettres du nom divin en toutes lettres : soit youd = vingt, hé = six, vav = treize, hé = six ; total = quarante-cinq. Ce chiffre traduit en lettres donne naissance au mot interrogatif ‘’ma’’ qui atteste d’un manque d’importance et d’une humilité. Comme disent Moché et Aaron dans la Thora : ‘’…Mais nous qui sommes-nous pour être l’objet de vos murmures ?’’ (Ex. XVI – 7). Cette idée rejoint celle exprimée à travers le mot adam pris de adama la terre. Il est à remarquer que les lettres du tétragramme reflètent également l’humilité du saint béni soit-Il. En effet, les lettres qui le composent sont dans leur pleine écriture, les plus petites en valeur numérique parmi les lettres de l’alphabet hébraïque. Il est rapporté par nos Sages que la formation de l’homme à partir de la terre glaise, était tel un prélèvement du monde ici-bas. A ce propos, l’auteur des ‘’Arbaa Tourim’’fait remarquer que les dernières lettres des trois premiers mots de la Thora ‘’berechith bara Elokim’’ forment le mot ‘’emeth’’ – vérité, pour signifier que c’est là un des principes sur lesquels le monde est fondé. Et chose étonnante, le mot emeth est dominé par la lettre alef, allusion à l’Eternel Alouf. Le manquement à emeth, à la vérité, provoquerait le retrait du alef. Il en résulterait alors que le mot emeth devient meth, qui désigne la mort. La valeur numérique de meth est quatre cent quarante ; le dixième c’est donc quarante-quatre, soit le mot dam, lorsque le alef est retiré à Adam. Voyons à présent ce qui se cache derrière l’écriture pleine de la lettre alef
Le alef ainsi nommé, est épelé par les lettres alef, lamed, fé. Le sens contenu dans la succession de ces consonnes qui composent son nom, nous permet de découvrir une dimension nouvelle. Le alef pris dans les différents sens qui’il revêt : le chef, l’instructeur, le tout puissant, devient le sujet qui s’impose pour dispenser le savoir, représenté par la lettre lamed. Celle-ci est appelée à communiquer le savoir et permettre à l’organe le pé, la bouche, d’articuler et d’émettre la parole expression de la pensée. Ainsi le alef renferme en lui le fondement de l’usage du souffle de la parole créatrice qui s’articule au niveau de la bouche ; alors que le cerveau est la résidence de l’âme, émanation du souffle divin où trône la pensée. C’est ainsi que nous le proclamons en posant les tefiline de la tête en s’inspirant de cette parole rapportée dans le livre de Job par Elihou ben Berakh El Habouzi, qui déclare : ‘’C’est un souffle dans l’homme et un esprit de Chaddaï qui rend intelligent’’ (Job XXXII – 8). Cet attribut appelé bina, est contenu dans la nechama. Comme il ressort du découpage du vocable nechama = cham hanoun. En d’autres termes : là se trouvent les cinquante paliers (noun = cinquante) de la bina, renfermés dans l’âme qui réside dans le cerveau. D’ailleurs le mot moah qui désigne le cerveau, a pour valeur numérique cinquante, soit quarante-huit plus les deux lettres dont il se compose. Epelé par les lettres qui le composent, le alef induit et suggère l’idée de l’étude qui se développe et s’extériorise à l’aide de la parole, ou par toute autre forme externe. Le alef fait appel à travers les lettres qui le nomment, à son essence puisée dans la sagesse divine et qui s’exprime tel le dompteur qui initie selon une méthode éducative adéquate et provoque chez l’animal ou la bête, un changement comportemental. La personne qui négligerait cet élément essentiel déposé en elle, et qui ne met pas en actes la réalisation de la Thora et des mitzvoth, mais se contente uniquement de l’étude théorique pour accumuler un savoir et ne voit la Thora que sous cet aspect restrictif, provoque la colère ; comme il ressort de la suppression de la lettre lamed. (En effet, alef = alef – lamed – fé, donne af = colère, en absence du lamed). Le lamed joue le rôle d’un trait d’union entre la pensée et l’acte. Le Hida va plus loin encore en rappelant que le but ultime de la dispersion du peuple d’Israël, est d’enseigner aux égarés le discernement, et de répandre dans le monde la connaissance de l’existence du créateur et de son unicité. C’est à cela que fait allusion la lettre lamed écrite traditionnellement dans le rouleau de la Thora démesurément grande par rapport aux autres dans cette parole : ‘’Il les jeta en terre étrangère’’ (Deut. XXIX – 27). Cette lettre lamed anormalement grande, souligne le but du rejet en terre étrangère du peuple juif. L’importance du lien du cerveau et de la bouche, apparaît également dans l’ordre des lettres de l’alphabet où la lettre pé – bouche, vient après la lettre ‘ayin – œil. Comme disent les Sages : La vision dépend du cerveau, ou encore, L’œil exprime la sagesse. La vision des choses est l’expression même de la sagesse. Comme dit le roi Salomon dans l’Ecclésiaste : ‘’Et mon cœur a goûté abondamment sagesse et science’’ (Eccl. I – 6). La Thora nomme les sages de l’assemblée ou le Sanhédrin par ces mots : ‘’les yeux de l’assemblée’’ (Lév. IV – 13). De même les Sages définissent la sagesse en ces termes (Talmud Tamid 32 b) : ‘’Celui qui voit ce qui va naître’’. Soulignons également que la valeur numérique de la lettre ‘ayin est septante, correspondant aux septante facettes d’interprétation que présente la Thora C’est également l’équivalent du mot ‘’sod’’ – secret, qui indique la profondeur de la sagesse de la Thora. Il appartient donc à l’homme de déployer ses efforts pour acquérir tout ce que recèle les facultés déposées en la lettre ‘ayin, pour pouvoir les exprimer par la bouche. La lecture inversée du nom de la lettre, donne le mot pélé – merveille. Ainsi donc, alors que le alef exprime la connaissance et l’étude, l’émerveillement dans le mot pélé traduit l’attitude devant la chose incomprise. En,fin, l’ordre des lettres, pé, lamde, alef, indique l’influence que peut exercer l’étude à haute voix sur le cerveau. C’est ce qui conduit nos Sages à dire que l’étude à haute voix nous permet de graver le savoir en notre mémoire. C’est là le mystère du alef inversé.
Beth La deuxième lettre de l’alphabet hébraïque est appelée « Beth ». Le Talmud indique qu celle-ci s’apparente à l’attribut du discernement , la Bina , de l’enseignement de la Thora. (chabbath 104- a) Le Beth nous invite à une introspection. En effet, Bayith désigne la maison, l’intériorité, tel que cela apparaît dans l’expression de la Thora: « A l’intérieur du rideau de séparation » « Mi beth la parohet ». (Ex.26 .33) Le rapport établi entre l’intimité du foyer, l’intériorité des choses et le discernement représenté par le beth, se comprend aisément selon le principe déjà mentionné, à savoir, que les lettres appartenant au même groupe sont interchangeables. Ainsi, les lettres « Tav » et « Noun » sont linguales. C’est pourquoi le mot « bayith », maison, se mue en « bin », distinction. Cette faculté prend source dans une élaboration spirituelle, alors que la maison matérielle repose sur un fondement physique. La forme même de cette lettre évoque la structure d’une maison. C’est pourquoi elle est mise en tête du récit de la création de l’univers et de sa formation. Nos Sages soulignent que la première des dix paroles par lesquelles le monde est venu à l’existence, est contenue par allusion dans le terme même de « Be rechith », c’est-à-dire « rechith » ce qui vient en tête, le Beth . En d’autres termes, l’initiation de la construction de la demeure ici-bas, c’est cet abri, la maison, le Beth, le Bayith. Au fond, le mot « berechith » est composé de « roch bayit », la tête de la maison. A ce stade de notre étude, nous pouvons dire que tant la lettre « Alef» que le « Beth », symbolisent l’étude. Mais alors que le Alef souligne la sagesse, l’acquisition du savoir venant de l’extérieur, le Beth met l’accent sur le discernement, soit la déduction et la compréhension d’une chose à partir d’une autre. En d’autres termes, l’analyse et le développement des connaissances acquises. De sorte que la lettre Beth dérive de la sagesse contenue dans le Alef. Les lettres qui composent le nom de la lettre Beth nous permettent de distinguer le « youd » qui nous renvoie à la lecture de « bath youd » engendrement, fille de youd. Or le « youd » représente la sagesse et apparaît doublement dans l’écriture de la lettre Alef. Nous pouvons conclure que l’ordre du Alef Beth, invite l’homme sur le conseil des Sages, à se consacrer au début de ses études, à l’acquisition la plus grande possible des connaissances du mieux qu’il peut et d’œuvrer ensuite à leur compréhension la meilleure. L’association des lettres Alef et Beth forme le mot « Av » père. Il désigne les maîtres spirituels qui associent la sagesse et le discernement pour les transmettre à leurs disciples appelés enfants. Le mot « Av » nomme le « paternel », celui qui est à l’origine de la goutte séminale, qui prend source dans le cerveau, résidence du Alef. Ainsi donc, l’apport du Alef pour la construction de la maison, du Beth, fait de l’homme un « Av ».
Guimel La lettre « Guimel » représente selon l’enseignement talmudique, l’homme qui dispense la bonté ; alors que la lettre « Daleth » fait allusion à la personne démunie qui est le réceptacle de l’abondance de bonté. (chabbath 104 a). Cet acte de bonté qui résulte de la compassion pour la personne démunie, apparaît dans le mot « hessed » = hass/ dal = celui qui éprouve un sentiment de générosité pour le nécessiteux. Nous savons que un des attributs de l’Eternel est celui de la Bonté ; du Hessed. Ceci apparaît dans la lettre « Guimel » gam/al, dispenser (guimel =3, mem =40, lamed=30,) = 73. De même Hessed (heth=8, samekh=60, daleth=4) = l’ensemble du mot 1) = 73. Ainsi donc la lettre Guimel désigne l’attitude empreinte de bonté et d’altruisme. De par même sa morphologie, la lettre Guimel donne l’image, selon nos Sages du Talmud, de l’homme en marche porté vers son prochain démuni. Cette image se trouve renforcée par le pied de la lettre qui s’étire à l’arrière vers le Guimel qui la précède. D’où nos Sages concluent que s’il est du devoir de toute personne de se porter vers le prochain, d’adopter l’attitude du Guimel, il appartient à la personne en souffrance, en manque, de se dévoiler quelque peu pour recevoir l’aide qu’on est en devoir de lui apporter.
Daleth Ainsi, le « Daleth » qui désigne la personne démunie, pauvre, représente le récipiendaire, alors que le Guimel indique le donateur. Le nom attribué à ces lettres, reflète le caractère qu’elles représentent: Gamal, le dispensateur et Daleth-> Deleth, l’ouverture, pour recevoir, ou encore le Daleth => dalo, l’action de puiser d’une source bienfaitrice, le Guimel. Il ressort ainsi de l’ordre des premières lettres de l’alphabet, qu’après l’étude et l’intériorisation de la connaissance, il appartient à l’homme de se porter vers son prochain et de s’inquiéter pour ses besoins tant matériels que spirituels. Et lorsque l’on remplit son rôle et sa fonction comme il faut, dans ses échanges et ses rapports, D… représenté par le Alef, s’associe au Guimel et au Daleth, et forme un lien indéfectible:Egued, pour faire régner l’harmonie et la paix. Les lettres « Hé » et « Vav » participent selon l’enseignement talmudique, à l’écriture du nom divin, le tétragramme. Leur place, après le Guimel et le Daleth, insinue cette parole de nos Sages, selon laquelle « toute personne qui étudie la Thora et ne dispense pas la bonté, est assimilée à la personne qui ne se voue pas à D… (Avoda Zara 17 a). » La raison pour laquelle les lettres Hé et Vav ont eu le mérite de compter dans la composition du nom divin, est selon le commentaire “Etz Yossef” sur le passage talmudique (chabbath 104 a) le fait, que la lettre « Hé » dont la valeur numérique est 5, évoque les cinq livres de la Thora, soit la sainteté de la loi écrite ; alors que la lettre « Vav » qui a pour valeur numérique 6, rappelle les six ordres de la Michna, soit la loi orale. Soulignons au passage que la lettre Alef s’apparente à la loi écrite, source de la sagesse, alors que la lettre Beth fait référence à la loi orale qui découle de la loi écrite. C’est par leur biais que l’homme parvient au niveau du Hé et du Vav qui additionnés, donnent le chiffre 11, soit les onze bénédictions qui se répandent sur la personne pour son mérite d’avoir donner la Tsédaka à la personne démunie et l’avoir réconfortée comme rapporté dans le Talmud (Baba batra 9 a).
Le hé, le vav Nos Sages disent que l’œuvre de la création du monde s’est réalisée par la lettre « Hé », comme il est dit : »Voici les engendrements des cieux et de la terre lorsqu’ils furent créés » Béhi baréam (Gen. II 4). La lettre « Hé » dans ce mot apparaît traditionnellement d’une taille plus petite que les autres lettres, comme si une deuxième lecture nous était suggérée, soit « béhé béra ‘am » avec la lettre « hé » Il les créa. Ou comme dit le rabbin Shimchon R. Hirsh dans son commentaire, ‘’ Tous les engendrements des cieux et de la terre étaient prévus ; ils étaient déjà contenus dès leur origine dans la création. La petite taille de la lettre « hé » les exprime en puissance, car ils ne sont perceptibles qu’à l’homme qui y porte toute son attention et sa réflexion, alors qu’elles échappent à tout regard superficiel. Le « hé » petit selon la massora, la transmission, est la marque de la passivité et de la dépendance féminine imprimée, pour l’homme qui réfléchit, au ciel et à la terre, et qui demeure infime pour un regard superficiel. En effet, les esprits superficiels ne perçoivent pas au-delà de la puissante et constante activité des créatures.’’ Ce n’est que dans la clarté d’esprit du patriarche Avraham que ce « hé» devient visible, que le ciel et la terre sont perçus dans leur dépendance de créatures. Le mérite du patriarche Avraham fut de reconnaître ce « hé » caché au regard du commun, un mérite qui l’amena à la reconnaissance de l’unique créateur du ciel et de la terre. Ces pensées semblent être à l’origine de cette sentence des Sages rapportée dans Béréchith (12-8) ; découverte dans le mot béhi baréam, formé des mêmes consonnes qui composent le nom de Avraham. Celui-ci trace la voie de l’humanité attachée à son créateur et chargée d’une mission fondée sur la justice et la bonté. C’est la patriarche Avraham qui a reconnu D… comme le maître de l’univers et le nomma Adon, Maître. Le Talmud fait remarquer que la morphologie de la lettre « hé » présente deux ouvertures, une à sa base et une sur le côté gauche, qui attestent du libre arbitre donné à l’homme. La sortie dirigée vers le bas offre le choix d’une inclinaison modulée au gré des instincts dominants, celle d’en haut offre la possibilité du retour aux valeurs authentiques, aux normes prescrites par la Thora et à un repentir sincère (Ménahot 29 b) . La lettre « hé » a présidé à la formation du monde ici-bas alors que le « youd » représente le fondement du monde supra-terrestre. Ces deux lettres sont présentes dans le mot « Ich », homme, et « Icha », femme, et si le « hé » désigne l’aide et le soutien que la femme apporte à l’homme pour l’aider à se réaliser et à s’épanouir, le « youd » met l’accent sur la quête de la sagesse impartie à l’homme. L’association du « youd » et du « hé » est animée par les lettres « alef » et « chin » qui donne « Ech» le feu, allusion à l’élan de vie qui porte l’homme vers la femme et réciproquement. La dislocation de l’union du « youd » et du « hé », soit la désunion de l’homme et de la femme se traduit par le retrait de ces lettres qui composent le nom divin « yah » et dont l’absence au sein du couple laisse place au mot « Ech » un feu dévorant et destructeur. Le principe de bina représenté par le « hé », se présente dans sa valeur numérique par le nombre cinq , qui nous renvoie à son multiple par dix représenté par la lettre « noun », allusion aux cinquante paliers de la bina ; à l’instar de ce qui nous est enseigné dans les livres sacrés à propos des septante nations du monde, qui tirent leurs origines des sept peuples cananéens en rapport avec les sept attributs. Chacune dans son extension est multipliée par dix. Ainsi il en va de même de la lettre « hé » dont l’épanouissement donne la lettre « noun » représentant les cinquante niveaux de discernement. Il ressort de notre étude que les trois lettres Beth, Hé, et Noun, sont liées à cet attribut, aussi leur association forme le mot qui l’exprime « Bina ». De cette manière, nous pouvons aussi comprendre la relation existante entre la lettre « alef » et la lettre « youd » qui représentent l’une et l’autre, la sagesse. La première équivaut à un et la seconde à son multiple par dix. Ainsi donc le « youd » symbolise la sagesse dans son plein et ultime épanouissement. Selon l’enseignement du Zohar, la lettre « vav » représente la connaissance. Celle-ci est placée en troisième position dans le Tétragramme, le nom ineffable. En effet, elle se situe après la sagesse à laquelle fait allusion le « youd » écrit en premier, et le « hé » en second, qui fait appel à la bina, le discernement. Le « vav » signifie donc le lien, l’attachement comme l’exprime la Thora à travers ces mots: ‘’L’homme avait cependant connu sa femme Hava ‘’(Gen IV 1) , ce qui sous-entend que lorsque la sagesse de l’homme et son discernement sont étroitement liés , bien ancrés dans son être, il atteint le niveau de la connaissance. Le « vav » représente donc le ciment qui unit et soude l’homme et la femme. Remarquons que la valeur numérique attribuée aux lettres qui le désignent, soit Vav plus alef plus vav = treize = éhad ( un ) = Ahava, amour. Le « vav » est donc le symbole de l’union dans l’amour fusionnel. Selon le Zohar, le « vav » est la lettre-symbole de la vie. Le Maharal de Prague ajoute qu’elle est également l’expression de la continuité. Elle est la pérennité qui assure la vie, celle de la spiritualité. Enfin, elle est surnommée par le Zohar, la lettre de la vérité. Sa forme même représente la droiture et l’authenticité. Le rapport entre la lettre « vav » et l’attribut de vérité s’explique par le fait que la vérité « emeth » s’écrit par la première lettre de l’alphabet, la lettre médiane et la dernière. Ce qui fait dire à nos Sages que la vérité renferme tout. Elle contient toutes les lettres de l’alphabet. Or la lettre « Vav » écrite avec le Vav plus Youd plus Vav totalise le nombre vingt-deux, soit les vingt deux lettres de l’alphabet. Enfin considéré isolément, le Vav est égal à six, et fait allusion aux six ordres de la Michna, aux soixante traités talmudiques qui renferment la connaissance, la sagesse et le discernement.
Le zaïn et le heth Le Talmud considère la lettre ‘’zaïn‘’ comme la représentation d’un instrument de guerre, offensif ou défensif, comme son nom l’indique(psahim 104 a) . En effet, en y associant le mot « kéli » outil, on obtient « kéli zaïn », arme de guerre. Sa forme même rappelle une épée, symbole de la lutte menée pour subvenir aux besoins alimentaires, ou à la survie. Le nom qui lui est attribué « zaïn », se rapproche du verbe « zan », dispense de l’aliment nourricier, d’où nos Sages concluent que si l’homme remplit pleinement sa vocation en parfait accord avec le sens et la portée de l’ordre des lettres qui précédent le « zaïn », soit le Alef, le Beth, le Guimel et le Daleth, il a alors le mérite que le « hé » et le « vav » du nom divin pourvoient à sa subsistance. Ou alors, ayant atteint la perfection, après avoir parcouru les six premières lettres de l’alphabet comme nous l’avons vu précédemment, l’homme accède à l’échelon du « zaïn » en accomplissant les bonnes œuvres lui permettant d’acquérir ce qui l’alimente et de découvrir les principes nourriciers enfouis en sa personne. La valeur numérique de la lettre « zaïn » est éloquente. Elle symbolise le monde ici-bas fondé sur le chiffre sept. Le Mahârcha souligne à ce propos que c’est par le mérite de l’accomplissement des enseignements contenus dans les lettres qui précédent le « zaïn » que l’homme accède au mérite de pourvoir aux besoins de ses semblables, à l’instar de Yossef hatsadik, devenu le nourricier du peuple de par sa vertu d’homme juste. La juxtaposition des lettres « vav » et « zaïn » évoque dans l’ordre des Séphiroth :Hessed, la grâce, bonté, Guevoura, la puissance, la force intérieure, Tif’éreth, l’harmonie, la splendeur, Netsa’h, l’ éternité, Hod, la gloire, Yessod, le fondement et Malkhout, la royauté. La sixième séphira est attribuée à Yossef ha tsadik.Car le Tsadik incarne en lui tout ce que renferme la lettre « vav » dans ses ramifications, soit,l’unité, la paix , la vérité, la sainteté et la connaissance de l’être. Le Hatam Sofer, dans son commentaire de la Thora, fait remarquer que les lettres qui forment le mot « mochel » gouverneur, peuvent se permuter pour donner le mot « chalom », la Paix. Ce qui signifie que la personne qui domine ses penchants et qui les dirige à sa guise est un homme de Paix. La lettre « heth » s’apparente au mot « hayouth », vitalité, comme rapporté dans l’ouvrage Roch Miline. Le Talmud nous renvoie plutôt au mot « hen », grâce. Cet acte de bonté que l’Eternel accorde à la personne qui a le mérite de gravir les échelons clairement définis à travers ces lettres. Soulignons que les lettres du mot « hen », en sens inverse, donne le nom « noah », qui évoque la quiétude, celle de l’âme et de l’esprit que l’on acquiert par les actes de bonté, qui nous attachent à l’Eternel. Nous savons par ailleurs que toutes les lettres de l’alphabet présentent une face éclairée et une autre sombre. A l’instar de la création bivalente, les lettres hébraïques présentent un vis à vis positif et négatif. Ainsi la lettre « heth » dont le nom serait composé des consonnes « heth » et « tav » s ‘apparente à la crainte, à la déférence de l’homme à l’égard de l’Eternel, comme il ressort de l’expression du verset de la thora (Gen. 35 –5) « Il y eut une terreur divine… » -« hi tath Elohim » rapporté par Maïmonide . La forme même de cette lettre présente une situation terrifiante, lorsqu’elle est composée de deux lettres « zaïn » liées ensemble. Ce qui symbolise deux forces opposées qui s’affrontent, telles deux fers qui se croisent, dans une confrontation entre deux forces qui s’annihilent l’une l’autre sur le champ de bataille. On assiste alors à la lettre « zaïn » nourricière et édifiante, face à celle qui représente l’arme meurtrière et destructrice. Comme si des forces de droite et de gauche s’entrechoquent et sèment la peur et la désolation dans le monde. D’aucuns préconisent de ne pas lire « heth » de», soit le « heth » et le « tav » juxtaposés, mais « heth » composé des lettres « heth, teth, alef », ce qui désigne le péché, la transgression. La forme du « heth » se présente alors comme celle du « hé » dont on aurait obstrué l’ouverture qu’elle présente à gauche, pour accueillir les repentants. Celle-ci fait alors allusion aux personnes englouties et enfermées dans le péché et l’impureté sans espoir de trouver une ouverture. Le lien entre les deux formes d’écriture « hett,et heth», peur et péché, se comprend aisément à travers ce récit. Un Maître et son disciple, marchant paisiblement dans les rues de Jérusalem, soudain l’élève fût pris de frayeur. Le Maître s’étant aperçu, lui dit : ceci est le signe que tu es un pécheur, comme dit le prophète Isaïe (XXX III- 14) « ils furent saisis de peur, les pécheurs à Sion ». Ainsi donc la crainte et la peur qui se manifestent chez une personne, témoigne du péché dont elle est coupable. Ceci nous permet de comprendre d’avantage les paroles de Rabbi Akiba qui nous invite à lire non pas « hett = peur », mais « heth, péché », sur base de la règle générale,à savoir que la suggestion de nos sages de donner la primauté d’une lecture transmise oralement par rapport à l’autre écrite, ne signifie pas le changement du sens de la tradition écrite, mais que cet écrit tel qu’il se présente indique la dernière version, alors que la lecture traditionnelle transmise nous révèle la cause et le sens qui révélé dans l’écrit. En l’occurrence ce qui conduit à l’état de « hett », de frayeur, c’est le « heth, le péché. Nous pouvons également trouver l’explication de l’ordre des lettres « zaïn » et « heth » dans celui des sephiroth, « le hessed », « la bonté et la « guévoura » la puissance, le « zaïn » représente le pouvoir nourricier, « zan », l’Eternel qui dispence la subsistance à toutes les créatures, alors que « heth » nous met en présence de la toute puissance de l’Eternel qui gouverne l’univers et tout ce qu’il renferme…
Teth et youd Selon l’enseignement talmudique (Chabbat 104 a), la lettre teth rappelle le bien que D… dispense à tout être qui réalise en sa personne les bonnes aptitudes exprimées à travers les lettres qui la précèdent. Rabbi Tsadok Ha Cohen fait remarquer dans divers passages de son livre intitulé ‘’Peri Tsadik’’, (commentaires de la lecture hebdomadaire de la Thora), que la lettre teth apparaît pour la première fois dans le texte de la Thora, dans le mot ‘’tov’’ : ‘’L’Eternel vit que la lumière était bonne’’ (Gen. I – 4) ; ce qui dénote la nature de cette consonne et son sens. Nos Sages disent dans le Talmud (Baba Kama 55 a), que dans les premières tables de la loi qui furent brisées, la lettre teth ne figurait pas, afin que le bien et la bonté ne se tarissent et n’atteignent plus le peuple d’Israël. Cet attribut de bonté de la lettre teth apparaît également à travers sa valeur numérique neuf, qui renvoie dans l’ordre des dix séphiroth à la séphira yessod, fondement, qui représente l’attribut du juste qualifié de ‘’tsadik yessod olam’’ - ‘’le méchant n’est plus mais le juste est fondé pour l’éternité’’ (Prov. X – 25). Le lien établi entre le bien et le juste, est révélé à travers la valeur numérique de la lettre teth = neuf, et le tsadik = nonante. Ainsi donc la multiplication du bien représenté par le teth, s’exprime chez le tsadik, l’homme juste. Même dans sa forme d’écriture, cette lettre nous dévoile les idées qu’elle recèle. En effet elle se décompose dans sa calligraphie en la lettre vav à droite, qui fait allusion également au principe de fondement avec tout ce que cela sous-tend, et la lettre zaïn à gauche, qui représente le principe nourricier qui pourvoie aux besoins de toute créature. Par ailleurs, le zaïn qui évoque un instrument de guerre, se présente comme un protecteur de la lettre vav et des valeurs qu’elle recèle, et qui veille afin qu’elles ne tombent en décadence (Roch miline). Dans les lettres de Rabbi Akiva il est dit :’’Il ne faut pas lire teth, mais tite. Le sens du nom teth n’est pas connu ; par contre le mot tite désigne le sable de la terre, la fange. En somme, tite s’apparente au monde matériel et offre l’image de la glaise livrée entre les mains de l’artisan. Enfin, il rappelle l’élément fondateur de l’homme. Selon le Talmud (Baba Kama 55 a), la lettre teth est le symbole de la mort et de la destruction. Le Hatam Sofer dans son exégèse sur la Thora, souligne qu’il était une tradition royale de mentionner leurs défunts par la lettre teth. Ainsi le rapport entre le teth, signe de mort, et la terre glaise qu’il désigne, est évident. C’est la matérialité de l’homme qui le conduit à la mort. Si le premier homme s’était élevé au-dessus de la matière et n’avait pas consommé le fruit de l’arbre de la connaissance qui a introduit en lui le penchant aux plaisirs de la vie terrestre, il aurait connu la vie éternelle. D’un côté le teth désigne le bien, l’homme juste, la vie ; et d’un autre côté, il indique la matière et la mort. Le Maharal de Prague considère le chiffre neuf comme étant le point culminant des unités, car le dix est une entité à part qui réunit en elle tout ce qui l’a précède. De même la lettre teth prise positivement, représente la justesse et la vie éternelle, et dans le sens négatif, l’abandon, la disparition physique, la mort. Comme il est dit : ‘’Car tu es terre et tu retourneras à la terre’’ (Gen. III – 19). La lettre youd est celle par laquelle le monde à venir fut créé. Sa petite dimension par rapport à toutes les autres lettres de l’alphabet hébraïque, indique qu’un petit nombre seulement de personnes connaîtront le monde futur. Même sa valeur numérique est un chiffre parfait et complet, renferme tout en lui. Remarquons que le mot qui désigne le chiffre dix ‘’Esser’’, est formé des mêmes consonnes que le mot ‘’ocher’’ - richesse. Nous savons par ailleurs que nos Sages s’interrogent dans le ‘’Pirké Avoth’’ : Qui est appelé riche ? Celui qui se réjouit de la part totale qui lui revient. La vraie richesse est celle qui englobe tout, sans que nulle chose ne fasse défaut. La lettre ‘’youd’’ s’apparente à la ‘’hokhma’’, à la sagesse, source du développement de la bina, l’intelligence, le discernement, et la ‘’da’ath’’, la connaissance, ainsi qu’aux sept autres attributs des dix séphiroth. Elle vient en tête et au début de ces dix attributs dont toutes les particularités dans leur état initial, finissent par s’unir en elle. Rabbi Tsadok Ha Cohen dit que la lettre ‘’youd’’ souligne le point par lequel il est possible de tracer chacune des lettres de l’alphabet. Sa taille menue fait allusion au caractère d’humilité attribué également au roi David, comme en témoigne ces expressions dans les Psaumes, telle que : ‘’Moi je suis un vermisseau et non un homme…’’ (Ps. XXII – 7). Une des qualités fondamentales nécessaires chez un roi d’Israël, c’est l’humilité. Le roi David est désigné par l’attribut de ‘’makhouth’’ – royauté, la dixième et la dernière dans l’arbre séphirotique, celle qui renferme tout en elle et qui est mise en valeur par lui. La sagesse représentée également par le ‘’youd’’ , est intimement liée à l’humilité. Il est bien connu que les lettres dont se compose le mot ‘’hokhma’’- sagesse, peuvent se permuter pour devenir ‘’koah ma’’, allusion à le force de l’humilité évoquée par cette parole de Moïse : ‘’Qui sommes-nous ?’’ (Ex. XVI – 8),; ou encore en se référant à cette parole de Job : ‘’Mais la sagesse, où la trouver ?’’ (Job XXVIII – 12). Par ailleurs la hokhma et la vie vont de pair, comme l’exprime le roi Salomon dans son œuvre : ‘’La sagesse prolonge la vie de ceux qui la possèdent’’ (Eccl. VII – 12). Ce qui transparaît aussi dans sa valeur numérique : sagesse = septante-trois = ha haïm, la vie. Ce qui atteste ainsi que la vie authentique , la vie de la sagesse, comme dit Maïmonide (chap. 7) :’’La vraie vie est celle présidée par la sagesse; En résumé, la vie éternelle, la sagesse, l’humilité, sont signifiées à travers le youd .
Youd , khaf La lettre ‘’youd’’ élevée à la puissance deux, atteint la valeur numérique de la lettre ‘’kouf’’ = cent, qui selon le Talmud se rapporte à la sainteté, la kédoucha. Il est bien connu que les attributs de sainteté et de royauté sont liés l’un à l’autre. En effet, la personne parée de sainteté étend son règne et son pouvoir entier sur la totalité de son être, et ne permet à son penchant aucune emprise sur elle. L’attribut de modestie insinué dans la lettre ‘’youd’’ est également lié à la sainteté. Rabbi Moché Haïm Lussato, dans son livre ‘’Messilath Yecharim’’ – le sentier de rectitude, à travers lequel il conduit l’homme pour lui faire gravir les degrés qui mènent à la sainteté, indique qu’au terme des différents paliers, vient celui de l’humilité qui conduit à la déférence, la crainte du péché et la sainteté. De même, la sagesse soulignée par la lettre ‘’youd’’, dépend de la sainteté, comme rapporté dans les livres sacrés au nom du Zohar, à savoir que la source de la sagesse s’épanche là où se trouve la sainteté. En sa qualité de fondement de la sagesse, la sainteté se révèle dans l’ordre des lettres de l’alphabet. En effet, les lettres qui composent le mot Thora, viennent après celles qui forment le mot kedoucha – sainteté. (Le ‘’kouf’’ précède le ‘’rech’’, le ‘’hé’’ vient après le ‘’daleth’’, le ‘’chin’’ précède le ‘’tav’’, et le ‘’hé’’ , le ‘’vav’’). Ainsi donc la sagesse de l’Eternel enfermée dans la Thora, a pour fondement la sainteté. Et de même nous pouvons dire que l’homme qui s’adonne à l’étude de la Thora acquiert la grande sainteté. Le ‘’kouf’’ représente également de puissantes forces du mal ; en opposition avec les dix attributs de sainteté, il y a donc dix forces d’impureté. C’est à cela que fait allusion le mot ‘’ ‘esser’’ – dix. Lu de gauche à droite, il donne le mot rachaa – malfaiteur, représentant les forces du mal. Selon le Zohar, la lettre ‘’kouf’’ s’apparente à ces forces négatives qui miment les forces de sainteté comme un singe qui imite la personne humaine. La source d’impureté la plus mauvaise est celle de la personne qui présente vis à vis du monde extérieur la face d’un homme juste, mais qui à l’intérieur est plein d’impureté et de méchanceté. Cette force d’impureté se dresse contre celle de la sainteté suprême et toutes deux sont représentées à travers la lettre ‘’kouf’’. Rabbi Tsadok Ha Cohen explique comment le ‘’kouf’’ peut exprimer à la fois des forces diamétralement opposées. Le ‘’kouf’’ comme son nom l’indique, désigne le singe. Il symbolise la force du mime chez l’homme. Aussi, pour se mettre sur la voie de la sainteté, l’homme calque sa conduite sur le modèle que l’Eternel lui indique. Comme dit la Thora : ‘’Vé halakh ta bidrakhav – Tu marcheras selon ses voies’’ (Deut. XIX – 9). L’ascension vers la spiritualité , vers l’approche de D…, procède ainsi en imitant le chemin tracé par l’Eternel. Cependant une imitation biaisée et faussée, conduit à la voie de l’impureté. Le choix est offert à l’homme, le libre-arbitre lui est donné, pour exploiter cette force que l’Eternel a déposée en lui, dans le sens positif ou négatif. L’ordre des lettres ‘’tsadik, kouf’’ enseigne également que le niveau d’élévation de celles de l’homme juste – tsadik, est moindre que celles de l’homme saint. En d’autres termes, chez l’homme juste, le penchant du mal est encore en activité ; mais il réussit à le maîtriser. Par contre, chez l’homme saint, le penchant du mal est déjà soumis. Cette idée se retrouve dans la décomposition des mots tsedek – justesse, et kaddoch – sainteté. Le mot tsedek se décompose en tsad, kof ; c’est-à-dire que la justesse représente la personne qui pourchasse ou qui chasse comme un gibier, le kof, soit les forces de l’impureté. Alors que kaddoch- saint, se partage en dash – kof, celui qui écrase et soumet le kof, représentant les forces de l’impureté mises à ses pieds. Voyons également le sens que recèlent les lettres qui précèdent le ‘’tsadik’’ et le ‘’kouf’’, soit le ‘’ ‘ayin’’ et le ‘’fé’’ . Celles-ci donnent accès à la démarche importante qui mène à la justesse et à la sainteté. Nos sages dans le Talmud nous font remarquer que dans les quatre premiers chapitres du rouleau de Ekha (lamentations) qui sont rédigés sur base de l’ordre des lettres de l’alphabet pour montrer que les enfants d’Israël ont passé outre toutes les lettres de la Thora(Sanhedrin 38 b), qu’au premier chapitre la lettre ‘’ ‘ayin’’ précède le ‘’pé’’ comme il convient. Inversement dans les autres chapitres, la lettre ‘’pé’’ précède étonnamment le ‘’ ‘ayin’’. Et le Talmud explique cette inversion en rappelant que c’est par allusion au péché des explorateurs qui avait atteint son paroxysme le neuf du mois de Av (Tich’a bé Av), et qui a provoqué la destruction du premier et du second Temples, survenue en ce jour, que le ‘’pé’’, c’est-à-dire la bouche, soit la médisance coupable des dix explorateurs, avait précédé le ‘’ ‘ayin’’, la vue. En d’autres termes, les explorateurs n’ont pas eu une vue entière sur les événements et n’ont pas analysé correctement la situation qu’ils vivaient présentement. En effet, l’attention portée correctement sur les événements dont ils furent les témoins visuels, leur aurait permis de découvrir tout ce que la providence divine a fait en leur faveur. Telles que les inhumations multiples qui eurent lieu chez les Cananéens, et qui ont joué en leur faveur en détournant l’attention sur leur présence intruse pour explorer le pays. Ces derniers par contre virent en cela le mal qui sévit dans le pays qu’ils qualifièrent d’une terre qui engloutit ses habitants. Comme nous l’avons vu plus haut, la lettre ‘’ ‘ayin’’ désigne non seulement la jouissance du sens de la vue, mais celle de l’esprit, la contemplation et la compréhension que notre cerveau intègre par le biais de cette faculté qui lui est attachée. Nos sages font appel à cette parole de Job : ‘’C’est alors qu’il l’a vue et appréciée à sa valeur, c’est alors qu’il en a marqué la place et pénétré le fond’’(Job XXVIII – 27), pour nous enseigner qu’avant de prononcer une parole, il faut réfléchir à deux fois. C’est pourquoi la lettre ‘’ ‘ayin’’, allusion à la vue, doit toujours précéder le ‘’fé’’ – la bouche. Les conditions obligatoires pour amener l’homme au stade de tsadik, de juste, c’est la maîtrise du cerveau sur la bouche. Car l’attribut du juste assimilé dans l’arbre séphirotique à celui du fondement, (yessod) est lié à la faculté de la parole. L’alliance de son intimité, et celle de la langue sont liées l’une à l’autre. Ce qui s’exprime à travers les mots ‘’brith mila’’, l’alliance de la circoncision, ou ‘’brith mila’’, l’alliance de la parole (Le mot mila avec youd = circoncision, ; mila sans youd, signifie le mot prononcé). Nous pouvons dire tout simplement , le redressement ou la réparation du sens du regard porté pour éviter de le poser sur le mal .De même pour la bouche pour qu’elle s’abstienne de prononcer de mauvaises paroles permettent à l’homme d’assurer ses pas et de gravir les échelons pour atteindre le degré de la justesse, et de là celui de la sainteté. La lettre ‘’pé’’ dont la valeur numérique est quatre-vingt, soit dix fois celle du heth = huit, qui fait allusion à la vitalité comme le souligne la Thora ‘’vahy ha Adam lé nefech haya ‘’ (Gen. II – 7) et que le targoum traduit par ‘’rouah mémaléla – un souffle parlant’’. Ainsi donc la faculté de la parole est la manifestation de la vie de l’homme; en d’autres termes, la lettre ‘’pé’’ – la bouche, dévoile le heth, la vitalité de l’homme.
Khaf, lamed, mem L’ouvrage ‘’Roch Milime’’ rapporte à propos de la lettre ‘’khaf’’ que la forme de celle-ci rappelle la poignée de la main appelée caf. Elle symbolise l’activité technique de l’artisan et de l’homme en action en général, qui imprime sa marque par sa mainmise sur les éléments de la nature. La forme de cette lettre se rapproche de celle de la lettre ‘’beth’’. De nature semblable, elles renvoient toutes deux aux forces de construction et de réalisation. Même leur valeur numérique sont apparentées. En effet, ‘’beth’’= deux, ‘’khaf’’ = vingt, pour signifier le développement des forces constructives et leur épanouissement, celle de la demeure ici-bas (beth), et l’ouvrage, fruit de l’activité humaine (khaf). Le Midrach Rabba enseigne : lors de l’inauguration , de la dédicace du sanctuaire, les offrandes des phylarques, les chefs des tribus d’Israël étaient accompagnées pour chacun d’eux de ‘’kaf ahath….. méléa kétoreth, d’une coupe…. Pleine de parfums’’ (Nbres. XIV – 20) . Cette coupe pleine de parfums représente l’univers dont la forme est analogue à la poignée pleine, ce qu’évoque également la lettre ‘’beth’’, la maison, la terre, l’univers, résidence de l’humanité . La lettre ‘’lamed’’, comme nous l’avons vu déjà, et comme son nom l’indique, désigne l’étude. Dans les ‘’otioth’’ de Rabbi Akiva, elle est considérée comme le signe du cœur, source de la sagesse de l’être humain, le cœur étant le roi des organes. Sa stature élancée au-dessus de toutes les autres lettres, lui vaut d’être considérée et d’occuper la place centrale des lettres de l’alphabet, à l’instar du cœur, dans le corps humain. Il est bon de signaler que la dernière lettre de l’alphabet, le ‘’tav’’, renvoie au terme ‘’ta’ava’’, désir, convoitise, comme rapporté dans les ‘’Otiyoth’’ de Rabbi Akiva, et tel que le suggère le nom qui la désigne ‘’tav’’. D’où nous retenons qu’il ne faut pas transcrire tav (tav + youd + vav) mais ta’av (tav + alef + vav), de la sorte elle dénonce la convoitise de l’être de chair et de sang ,désireux d’ assouvir ses penchants dans ce monde pour toute chose et en tout temps. Les trois organes principaux chez l’homme, sont le mo’ah- le cerveau, le lev – le cœur, et le kaved – le foie. L’acrostiche de leur nom forme le mot melekh – roi, soit le cerveau, siège de l’âme- le cœur, celui de l’esprit- le foie, celui de l’âme animale source de penchants pour les désirs de ce monde. Comme nous l’avons vu précédemment, la première lettre de l’alphabet , le alef, s’apparente au cerveau ; la lettre lamed, la médiane, au cœur ; et le tav, la dernière, au foie. Le lamed représente également l’influence qu’il exerce à travers l’étude qui mène aux valeurs élevées dans le monde de l’action, comme il ressort de cette controverse de nos Sages du Talmud, dans laquelle, les uns soutiennent que l’action prime sur l’étude et les autres défendent la primauté de l’étude. Et c’est l’avis de ces derniers qui l’emporte, car l’étude a l’avantage de conduire à la réalisation pratique des ordonnances de la Thora. Même au regard de sa valeur numérique, lamed = trente, fait allusion aux trente niveaux d’étude qui donnent accès à l’acquisition des œuvres concrètes (Pirké Avoth VI – 2). Soulignons au passage que les quarante-huit paliers qu’il faut gravir pour parvenir à l’étude de la Thora, correspondent au mot ‘’moah’’- cerveau ;, lieu où réside la connaissance de la Thora et de la sagesse, et que le valeur numérique du lamed = trente, est le multiple par dix de celle du guimel = trois, symbole de l’octroi de bonté. Ainsi, vue sous cet angle, dispenser l’étude de la connaissance spirituelle rivalise avec celle du matériel. Le Talmud voit en la lettre ‘’lamed’’ le devenir du monde que l’on acquiert par le mérite de l’étude et l’exercice de la bonté, comme l’insinue précisément l’ordre des lettres alef, beth, guimel, daleth. Enfin, dans le monde futur symbolisé par la plus haute lettre de l’alphabet, le lamed, la couronne de la Thora est représentée par la lettre khaf qui la précède. D’ailleurs, l’association des lettres khaf et lamed forme le mot ‘’kol’’ qui relie la couronne de la Thora (khaf) et les bonnes œuvres (lamed) dans le monde à venir. Voilà qui explique la réponse du patriarche Yaakov à son frère Esaü : ‘’Yech-li kol – J’ai tout ce qu’il faut’’ (Gen. XXXIII – 11), y compris le monde futur qui l’attend. Le mot ‘’kol’’ signifie l’association du khaf et du lamed représentant le principe du monde de l’action et de la réalisation dans ce monde ici-bas et qui résulte de l’étude de la Thora. La lettre ‘’mem’’ évoque un ‘’maâmar’’(une parole énoncée). Celui-ci est qualifié d’ouvert s’il est écrit avec la lettre mem ouverte, telle qu’elle se présente au début ou au milieu du mot. Lorsqu’elle est finale, telle qu’elle se présente à la fin du mot, le maâmar est dit fermé. Le Maharcha dit à ce propos: le maâmar ; fait allusion aux paroles prononcées pour réaliser l’œuvre de la création de l’univers. Ainsi parmi les dix paroles que la tradition compte pour l’œuvre de la création, seule la première ‘’béréchith’’ est fermée ; pour faire ainsi allusion à la création ex nihilo. Par contre, pour les neuf autres paroles, , le texte utilise le verbe ‘’vayomer’’ parole ouverte, pour signifier que la matière première venue à l’existence, renferme en puissance tous les éléments auxquels elle est appelée à donner naissance en obéissant à la parole divine. L’auteur de ‘’Torath Haïm’’ dit qu’une parole fermée fait allusion au mystère de la Thora et qu’une parole ouverte désigne celle accessible à la réflexion et à la méditation de l’homme. Cela nous permet de comprendre le pourquoi la parole ‘’béréchith’’ est considérée comme fermée ; étant donné que notre réflexion ne peut porter sur ce qui a précédé la création. La forme ‘’beth’’ l’indique d’ailleurs par son ouverture vers l’avant qui invite l’homme à observer et à analyser le monde dans cette direction uniquement, alors que toutes les autres directions sont fermées. L’ouvrage ‘’Roch Milime’’ rapporte que la lettre ‘’mem’’ présente dans sa partie droite ,la structure de fond de la calligraphie de la lettre ‘’beth’’ et celle du ‘’khaf’’, les deux lettres qui font allusion au sens créatif et à la construction. Et le ‘’vav’’à gauche représente la vie. De sorte que la lettre ‘’mem’’ symbolise par sa forme, l’ouvrage et la vie. Le nom attribué à cette lettre, s’apparente au mot ‘’mayim’’, l’eau qui représente l’élément primordial dans l’œuvre de la création de l’univers. Cet élément vital préside aux différentes paroles créatrices et sa valeur numérique quarante, renferme le sens et le mystère de la formation. Comme disent nos Sages, quarante jours sont nécessaires pour la formation du fœtus dans l’utérus de la mère. Comme nous l’avons souligné précédemment, la lettre mem s’apparente au mot mayim – eau, élément fondamental dans la création et dans la formation de l’humain. Sa valeur numérique quarante, nous renvoie à l’essence des éléments créés, à l’exemple du fœtus dont le premier stade embryonnaire de la formation culmine au quarantième jour de sa conception. C’est cette même idée que nos Sages développent à propos du séjour de Moché Rabbenou au sommet du mont Sinaï quarante jours durant, pour y recevoir la Thora de l’Eternel. En d’autres mots, pour que la Thora d’essence spirituelle soit assimilée entièrement chez l’humain, il faut que celui-ci soit élevé au-dessus de sa matérialité au terme de quarante jours. Ce séjour de Moché Rabbenou était nécessaire pour qu’il soit libéré de l’influence de la matière, et c’est pourquoi nos Sages rapportent que c’est uniquement le quarantième jour où Moïse était encore sur la montagne qu’il n’avait pas oublié ce qu’il avait assimilé. Alors que les jours précédents, sa nature d’essence matérielle couvrait d’oubli ce qu’il apprenait. Le mot ‘’im’’ composé de la première lettre de l’alphabet alef et de la lettre finale mem, fait allusion à ‘’èm’’- la mère, ou l’utérus dans lequel l’enfant prend forme. Le alef souligne la force divine associée à la formation de toute chose venue à l’existence. Le mem présente dans sa valeur numérique le multiple du daleth = quatre, par dix. D’où la relation de cette dernière lettre représentant le principe féminin ayant pour faculté d’être le récipiendaire , le support sur lequel se fonde la vie. D’ailleurs l’association de la lettre youd ou daleth, donne la lettre hé qui a présidé à la création des cieux et de la terre et tout ce qu’ils renferment, comme nous l’avons expliqué précédemment. Un cheminement analogue se retrouve également dans le mot ‘’beth = bayith’’ – maison, par lesquels nos Sages surnomment la femme. En d’autres termes, le foyer de l’homme, c’est son épouse. Avant le mariage, la femme est appelée bath – fille ; après elle acquiert l’apport de la lettre youd, la sagesse déposée en l’homme. Ainsi, de bath Israël, fille d’Israël, elle devient bayith Israël, la maison d’Israël, à l’exemple de l’association du youd et du daleth qui donnent naissance à la lettre hé, fondement de la création de l’univers. Le développement de la lettre daleth de nature réceptrice, permettant l’épanouissement et le développement, est similaire à la lettre mem, qui se révèle dans le ‘’èm’’ – mère, base de l’édification, de la construction familiale. Il est intéressant de souligner que dans l’ordre des lettres de l’alphabet hébraïque, celles qui forment le mot ‘’èm’’ – mère, sont le beth et le noun qui composent le mot ‘’ben’’ – fils, et qui désigne ainsi la mère comme étant le bâtisseur, du verbe ‘’bano’’ – construire, duquel dérive le mot ‘’ben’’- fils. D’aucuns avancent la raison pour laquelle les lettres ‘’èm’’-mère, sont suivies des lettres ‘’ben’’-fils, en rappelant que la part de la mère dans la formation du fils, est plus importante que celle du père ; de même que c’est elle qui lui donne son identité. D’aucuns expliquent cela en disant que l’Eternel a implanté dans la nature créée cette faculté chez la mère, car étant donné que les mitzvoth qu’elle est appelée à réaliser sont inférieures en nombre à celles de l’homme, son fils vient combler ce manque. Le Malbim* dans son livre ‘’Erets Hemda’’, enseigne que le mem final fermé de tous côtés, fait allusion au monde à venir, à l’au-delà qui ne sera pas exposé à tout venant et dévoilé du côté nord aux forces du mal qui viennent de là. Comme l’annonce le prophète Jérémie :’’Et l’Eternel me dit : c’est du nord que le malheur doit éclater sur tous les habitants du pays’’ (I – 14). C’est pour cette raison que la lettre beth par laquelle commence la Thora dans le mot berechith, est ouverte du côté orienté vers le nord (lorsqu’on est face à l’est), allusion au monde présent exposé à l’influence du mal qui vient de là. Mais dans les temps futurs, lorsque le flux de l’impureté aura disparu de la terre, le côté du beth sera fermé de toutes parts. Cet enseignement reflète bien dans cette parole de l’Eternel à propos d’ Eskiyahou qu’Il avait voulu nommer Messie, et dans laquelle le mem final est employé au milieu du mot dans l’expression ‘’lémarbé hamisra’’ (Is. IX – 6). L’emploi de ce mem final nous révèle que le roi Eskiyahou était apte à être proclamé Messie , à apporter un terme au mal, à lui barrer la route à jamais et à réaliser enfin d’une façon concrète l’idée contenue dans le mem final. En d’autres termes, le monde venu à l’existence à l’aide des dix paroles, auquel la lettre mem ouverte fait allusion, parviendra à sa finalité avec la venue du messie, lorsque le souffle de l’impureté et du mal aura cessé, tel qu’il est exprimé à travers le mem final fermé de toutes parts. Le lien entre la lettre daleth et le mem final s’exprime selon l’auteur de l’ouvrage ‘’shem mishémouel’’ à travers le mot ‘’Adam’’ – humain. Le daleth placé entre le alef et le mem final (èm – mère) fait allusion par sa valeur numérique ‘daleth = quatre, aux quatre éléments physiques de base dont se compose le corps humain, soit le feu, l’air, l’eau et la terre. La lettre mem finale représente ces quatre éléments au stade le plus haut dans la spiritualité où chacun est élevé au niveau dix. Le alef symbolise le reflet divin en l’homme qui unit et maintient en vie les fondements à leur niveau le plus bas, celui auquel fait allusion le daleth, et à leur niveau le plus élevé représenté par le mem final. Cette explication jette un éclairage accru du sens du daleth qui désigne les quatre éléments , la matière brute de l’univers, en rapport avec la lettre youd représentant la sagesse, qui s’y ajoute pour former la lettre hé par laquelle l’Eternel a créé l’univers ; comme énoncé dans le texte de la Thora :’’Voici la généalogie des cieux et de la terre lorsqu’ils furent créés’’ (Gen. II - 4). Cette dernière expression traduit le mot ‘’béhit baréam’’ dans lequel traditionnellement la lettre hé est d’une taille plus petite. Ce qui nous offre la possibilité de lecture et d’interprétation ‘’béhé béraam’’ - à l’aide de la lettre hé Il les créa. Comme il est dit par ailleurs dans le livre des Proverbes :’’C’est avec sagesse que l’Eternel a fondé la terre’’ (Prov. III – 19). En d’autres termes, c’est en associant la sagesse symbolisée par le youd aux quatre éléments signifiés à travers la lettre daleth, et dont l’association donne la lettre hé, que l’Eternel a établi la terre. D’aucuns interprètent l’anomalie de la lettre hé dans le mot ‘’béhi baréam’’ en la permutant avec la lettre alef dans le mot qui donne la lecture de ‘’bé Avraham’’. En d’autres termes, l’histoire authentique des cieux et de la terre commence seulement avec le patriarche Avraham, précurseur du monothéisme et fondateur du peuple hébreu. Le rôle joué par la combinaison du youd et du daleth qui donne naissance au hé, est illustré également dans le cheminement que connaît le couple fondé sur l’apport de l’homme appelé ‘’ich’’ porteur du youd symbole de la sagesse, à la femme appelée ‘’icha’’ et porteuse de la lettre hé, soit de l’addition du youd et du daleth. En somme, avant son union consacrée à l’homme, la femme est au stade de ‘’yalda’’, un être au féminin. La permutation des lettres de ‘’yalda’’ permet de lire ‘’dala youd’’ – ‘’elle puise le youd’’. En d’autres termes, elle est en quête de la sagesse représentée par le youd et qu’elle désire trouver pour combler son état de manque (dala) , dans le sens démunie. L’être au féminin est appelé ‘’bath’’, mais lorsqu’elle trouve le youd de l’homme, elle devient bayith (maison) ; elle est pour ainsi dire la maison qui abrite l’humain. Le garçon également, connaît le même cheminement ; dans son nom ‘’yeled’’ on peut lire de gauche à droite ‘’dal youd’’, il puise le youd, il est à la recherche de la sagesse avant d’atteindre le titre de ich, d’un homme mature, pubère au terme de ses treize ans révolus, à l’instant où il acquiert le titre de bar-mitzva.
Noun La lettre noun représente suivant l’enseignement talmudique (Chabbat 104 a) l’homme de fidélité et de droiture. Lorsqu’elle est repliée, soit au début ou au milieu du mot, la lettre noun atteste également du caractère d’humilité et de soumission à l’Etre suprême, par opposition au noun final qui se dresse majestueusement dans sa droiture et qui fait allusion au grand mérite de la personne humble et fidèle promue au monde à venir qu’elle évoque. Car comme il est stipulé dans les ‘’Othioth’’ de Rabbi Akiva, c’est par la lettre noun que la néchama, l’âme, fut créée. Soulignons qu’à l’instar de la lettre daleth qui représente le monde ici-bas établi sur les quatre éléments naturels qui sont représentés au niveau spirituel par la lettre mem, qui est égale à dix fois la valeur de la lette hé par laquelle le monde ici-bas est venu à l’existence, alors que le noun dix fois cinq = cinquante, est la lettre par laquelle la néchama fut créée. Nous pouvons ajouter que la lettre hé dont la valeur numérique est cinq, rappelle les cinq sens : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût et le toucher, correspondant dans l’ordre sur le plan spirituel à ce que l’on appelle ‘’yéhida’’ qui désigne la substance unique et individuelle, le noyau de l’âme en quelque sorte. La ‘’haya’’ désigne l’animation vitale, le substrat énergétique de l’être spirituel. La ‘’néchama’’, l’âme qui enrobe et enveloppe le ‘’rouah’’, le souffle de vie attaché au ‘’nefech’’, l’être animé. Elevée au niveau spirituel, elle atteint le niveau du noun qui évoque le cinquantième portique du discernement et celui de la pureté intimement liés l’un à l’autre. Comme disent nos Sages dans le Midrach Rabba, les soldats du roi David, de par le grand niveau de leur pureté, savaient pénétrer le mystère de la Thora et décrivirent en chaque chose quarante-neuf facettes de pureté et quarante-neuf d’impureté. La compréhension profonde des enseignements de la Thora, dépend de la pureté. Dans le livre ‘’Roch Milime’’ se trouve mentionnée cette remarque, à savoir que le mot noun qui désigne la lettre signifiant dans la langue araméenne ‘’poisson’’- ‘’dag’’, signe de pureté et de propreté (l’ araméen est teinté de sainteté inspiré de la langue sacrée). La lettre noun qui de par sa forme recroquevillée exprime l’humilité, est absente dans le psaume cent quarante-cinq intitulé ‘’téhila lé David’’. Ce psaume porte en acrostiche dans l’ordre, une des lettres de l’alphabet hébraïque. Le Talmud s’interroge (Berakhoth 4 b) sur le pourquoi le verset porteur de la lettre noun annonce la chute du peuple d’Israël, tel que cela apparaît dans le verset du prophète Amos :’’Nafla lo tossif koum betoula be Israël’’- Elle est tombée et ne peut plus se relever, la vierge d’Israël ; elle est étendue sur son sol, et personne ne la redresse (Amos V - 2). Dans son aspect négatif, le noun renvoie à une profonde déchéance, au cinquantième portique de l’impureté. C’est au seuil de ce niveau de dégradation que se trouvaient les enfants d’Israël en Egypte avant l’intervention divine, avant qu’ils ne sombrent au plus bas portique d’impureté qui aurait entraîné leur anéantissement. La Thora fait mention à cinquante reprises de la sortie d’Egypte pour rappeler la déchéance et la soumission à l’impureté régnant en Egypte, de laquelle les enfants d’Israël furent arrachés et sauvegardés pour gravir les échelons et passer de la servitude au pharaon et à l’Egypte, pour se mettre au service du divin. La lettre noun qui souligne la force de l’acceptation et de l’humilité, représente les cinquante jours qui ont suivi la libération, du joug de l’Egypte et où les enfants d’Israël se tinrent au pied du mont Sinaï pour assister à la manifestation de l’Eternel et à la promulgation de la Thora, après avoir proclamé leur volonté et leur détermination, à travers ce mot d’ordre devenu leur leit-motiv ‘’naassé vénichma’’ – ‘’nous accomplirons et nous écouterons’’. La juxtaposition du noun et du mem qui le précède, peut s’expliquer en rappelant ce que nous avons souligné au nom de ‘’Roch Milime’’, que le mem fait appel au ‘’mayim’’, l’eau, alors que le noun évoque le poisson qui vit dans l’eau. C’est là le cheminement logique de l’évolution des éléments. En premier le mem et tout ce qu’il comporte, soit les quatre éléments fondamentaux de la création, et puis le noun avec les cinq fondements spirituels dont chacun atteint le niveau le plus élevé en se multipliant par dix.
Samekh La lettre samekh comme son nom l’indique, renferme la notion de soutien et d’appui. Ses attributs se reflètent dans sa morphologie. En effet, sa forme ronde fermée de tous côtés, assure la garde de ce qu’elle renferme en elle, de son intériorité hermétiquement préservée dans ses limites. Comme disent nos Sages du Talmud (Berakhoth 4 b), l’absence du verset porteur du noun en tête dans le psaume cent quarante-cinq, est compensée par celui qui porte en tête le samekh (v. 14), pour nous enseigner que le Saint béni soit-Il nous soutiendra et nous relèvera de la déchéance et de la soumission énoncées dans la lettre noun. Et de même qu’Il nous a affranchis de la servitude en Egypte, ainsi Il accomplira des merveilles et des miracles dans le présent. C’est pour illustrer cette idée que le miracle est désigné par le mot ‘’ness’’, soit l’état décrit par le noun soutenu et relevé par le samekh. Selon l’interprétation des lettres de Rabbi Akiva, le nom de la lettre samekh se lit ‘’sa makh’’, c’est-à-dire que l’Eternel soutient celui qui chancelle et qui tombe. Ainsi la lettre samekh a pour fonction de préserver la personne menacée. Le samekh présente également un côté négatif, celui du penchant vers le mal, du satan. Comme dit le Midrach à propos de ce verset relatif à la création de la femme : ‘’vayisgor bassar tahténa’’ … Il prit une de ses côtes et forma un tissu de chair à la place ‘’ (Gen. II – 21), faisant remarquer que le premier mot dans la Thora en rapport avec les humains, qui renferme la lettre samekh, se trouve dans le mot ‘’vayigor’’, afin de nous enseigner qu’avec la formation de la femme, le satan vint à l’existence. Signalons que le sin s’interchange avec le samekh. Ainsi le satan orthographié avec le sin peut être également écrit avec le samekh. Vu sous son aspect négatif, la forme de cette lettre fait penser à l’enveloppe qui recouvre le fruit, à l’écorce qui emprisonne le cœur, c’est-à-dire aux inclinaisons qui étouffent l’élan du cœur à s’ouvrir aux perceptions de la sagesse qui prennent source dans le cerveau. Cette idée liée à la lettre samekh comme étant une force négative qui empoisonne le cœur et l’esprit, se traduit dans les lettres qui composent le nom de cette lettre et dont la distribution donne le mot ‘’massakh’’ un écran, c’est-à-dire un voile qui isole et dissimule la lumière divine. Alors que dans un sens positif il pourrait jouer le rôle d’une protection et d’une préservation des influences extérieures néfastes. Il convient de souligner que de nombreux mots qui commencent par la lettre samekh expriment un état d’obstruction et de fermeture, que ce soit dans le domaine physique, spirituel, du sens caché ou mystérieux. Le mot est revêtu d’une pénombre, un retranchement, comme si le nom de la lettre est inversé. De samekh il devient khamouss, dissimulé aux hommes. Même la valeur numérique de cette lettre samekh = soixante, nous renvoie à la protection et la préservation, comme le dit le roi Salomon dans le ‘’Cantique des cantiques’’ :’’C’est la litière de Salomon, elle est entourée de soixante braves d’entre les héros d’Israël (III – 7), qui s’apparente aux soixante lettres dont se compose la triple bénédiction des prêtres.
ayin La lettre ‘ayin rappelle la personne démunie, nommée Aani (’ayin + noun+ youd), nom composé des mêmes lettres . Sa position après le samekh dans l’ordre alphabétique se justifie selon cet enseignement talmudique , celui de remettre constamment en mémoire à tout membre de la communauté, la responsabilité qu’il lui incombe d’aider et de soutenir l’indigent et de ne pas laisser choir toute personne en détresse pécuniaire, morale ou sociale. La morphologie de la lettre ‘ayin contribue également pour désigner l’individu qui à son exemple n’a pas une base solidement ancrée sur le sol, et qui comme elle présente une attitude recroquevillée. Les ‘’Othioth’’ de Rabbi Akiva présentent le ‘ayin comme faisant allusion à la lumière de la Thora, celle d’une sagesse, en se référant à sa valeur numérique septante, qui renvoie aux septante facettes éclatantes que présente la Thora et ses mystères. Signalons au passage que le mot sod = mystère est égal à septante : samekh (=soixante)+ vav (=six) + daleth (= quatre) égale septante ; source de l’acuité de la vision physique et intellectuelle qui se trouve au niveau du cerveau. C’est en s’appuyant sur ces enseignements de nos Sages, qu’il nous est recommandé ‘’Hizara’rou bib né aaniyim ché méhem tetsé tora’’ (Nedarim 81 a)- Soyez attentifs aux enfants des personnes démunies car c’est de leurs rangs que jaillira la connaissance de la Thora’’. En effet, leur vie modeste, voire même les privations matérielles dont ils s’accommodent, sont en quelque sorte les garants de leur investissement et leur ascension dans la connaissance de la Thora dans de nombreux domaines et sous divers aspects. L’ouvrage ‘’Roch Miline’’ rapporte que la lettre ‘ayin symbolise la mise en pratique , le passage à l’acte des forces enfermées dans leurs limites et dans leur cadre , ayant trouvé un appui très grand représenté par la lettre samekh, tel le regard porté à tout ce qui nous entoure. Nous pouvons dire dès lors, que l’action de la lettre zayin représentant les forces naturelles, qui régissent le monde ici-bas, se révèle à travers le ‘ayin pour déployer toute son énergie et son activité décuplée. Nous constatons cela aussi dans la forme du ‘ayin, composé d’un zayin à gauche, symbole des forces physiques, et d’un vav à droite, lettre de la vie. Le zayin et le vav s’unissent en leur base, symbole du monde de l’action.
Fé, pé La lettre pé signifie bouche. Elle représente la force et l’impact de la parole, comme cela est rapporté dans les ‘’Othioth’’ de Rabbi Akiva. Après l’action provoquée par l’œil et le cerveau, arrive le moment de la mise en pratique de ce qui a été observé par le sens de l’ouïe et de ce qui a animé la réflexion au niveau du cerveau. L’ouvrage ‘’Roch Miline’’ fait remarquer que l’image de la lettre pé présente ce que nous venons d’énoncer dans sa composition calligraphique. En effet, celle-ci réunit en elle la lettre khaf, allusion à la force de l’acte posé, et la lettre youd, symbole de la sagesse contenue en elle . Ainsi, le fé joue le rôle d’un espace de contenu spirituel. Le pé est par ailleurs le symbole de l’ouverture sur le monde de l’action. Il est intéressant de souligner que plusieurs mots dans la langue hébraïque, qui désignent une ouverture, sont introduits généralement par la lettre pé, allusion à l’orientation d’une action portée vers l’extérieur. La valeur numérique du pé = quatre-vingt, évoque celle de la lettre heth représentant la vitalité décuplée en celle du pé. En résumé, nous pouvons conclure que la succession des lettres dans l’ordre alphabétique samekh, ‘ayin, fé, désigne les trois étapes que traverse l’être humain dans son cheminement éducatif et son épanouissement. Celui-ci développe en premier ses facultés de concentration et son art de la concision dans le domaine de la réflexion et de la méditation, comme cela est indiqué par la lettre samekh. Vient ensuite le ‘ayin qui l’invite à un examen approfondi, à une préparation pour la mise en application. Enfin, le fé lui permet de porter à l’action ce qu’il a cogité et de le traduire dans les faits à travers la parole créatrice. Ces trois lettres forment le mot sé’ef qui exprime l’idée d’une ramification et d’un développement de l’enseignement contenu dans chacune de ces lettres, dans l’ordre dans lequel elles apparaissent. De manière analogue, nous pouvons dire à propos de la succession du noun , du samekh et du ‘ayin, qui forment le verbe nasso’a – voyager, qu’il contient la notion d’une action qui témoigne d’un changement d’état et de lieu. Nous pouvons appliquer ce mode d’interprétation à toutes les lettres de l’alphabet, en portant notre attention sur l’ordre dans lequel elles se présentent et des enseignements qu’elles recèlent à travers leur juxtaposition. Prenons l’exemple éloquent du mot Aggada, composé de quatre lettres successives et qui indique une étude étendue à tous les domaines et qui se développe dans tous les sens. Ce mot nous renvoie l’image de guiddin, les tendons ou encore les nerfs qui recouvrent et s’étendent à tout le corps humain, à l’instar des mitzvoth, des prescriptions de la Thora, à propos desquelles la Thora nous recommande ‘’véhigadta lévineha – d’assurer la transmission’’. Appliquée à la nuit pascale, cette parole vise le développement de l’événement historique de la sortie d’Egypte dont témoigne la Thora ; alors que lorsqu’il est appliqué à chaque jour, il ne vise que l’évocation mentale de cet événement. Nos Sages nous font remarquer que les messages que nous pouvons déceler dans l’ordre des lettres dans le mot, fait appel à la notion du justice lorsque les lettres se présentent dans l’ordre inverse de l’alphabet ; alors que dans le bon sens, le mot recouvre la notion de bonté etc…
Tsadik, kouf, rech , Shine Comme son nom l’indique, la lettre tsadik désigne l’homme juste , placée en tête ou au milieu du mot, elle se présente recroquevillée, fermée sur elle-même .Utilisée en fin du mot, le tsadik final est ouvert ; ainsi à l’exemple du noun ; lorsqu’il est fermé il représente l’attribut de modestie , soit l’attitude de la personne animée de foi en l’Eternel dans ce monde ici-bas ; alors que le noun ouvert final est porté de par sa stature même, et sa grande taille, vers le monde à venir . Le Talmud s’interroge : n’est-ce pas la même idée que développent le noun et le tsadik , fidélité et rectitude? Le prophète Habacuc n’a-t-il pas proclamé : ‘’tsadik béémounato yihyé’’ - l’homme juste vit par sa fidélité à la foi’’ (II – 4). Le Talmud précise alors, que l’homme juste, le tsadik, est caractérisé par une déférence accrue, ce qui induit qu’il doit être doté d’ une plus grande humilité pour accéder à la connaissance de la Thora et à la révélation de la présence divine. Ceci se trouve exprimé à travers la lettre kouf qui suit le tsadik, et qui évoque selon le Talmud ‘’le Saint’’. Ainsi donc, l’Eternel, la Thora et la Sainteté sont liés l’un à l’autre. La juxtaposition du tsadik et du kouf signifie selon l’enseignement des ‘’Othioth’’ de Rabbi Akiva, qu’elles véhiculent, l’équité (tsadik) du Saint béni soit-Il (kouf), à l’égard de ses créatures. La personne animée de fidélité , surnommée ‘’hanééman’’, voit ce qualificatif décomposé en le mot ‘’hanoun– aman, im , noun’’ qui nous permet de comprendre, que la force créatrice qui procède du niveau du noun, soit celle du croyant fidèle, constitue également le fondement du juste qui se révèle dans la forme de la lettre tsadik. Celle-ci est en effet la combinaison du noun et du zayin. Notons que le noun du tsadik est davantage recroquevillé que la lettre noun isolée ; et cela pour indiquer la plus grande modestie qui caractérise le tsadik, l’homme juste. Comme l’atteste le Talmud, la lettre zayin s’attache au noun pour former le tsadik, pour nous signaler que la force du juste se dresse pour mener la lutte pour la vie et vaincre les forces du mauvais penchant. Le tsadik dont la valeur numérique est nonante, représente le décuple du neuf, valeur numérique de la lettre teth, ce qui insinue que le développement du principe du bien représenté par le teth, est amené à sa pleine réalisation par le juste. Les ‘’Dorché réchoumoth’’ disent que les lettres qui composent le mot tsadik, servent de rappel à des éléments attestant d’une conduite conforme à la volonté de nos Sages et inspirés de l’esprit de la Thora. Ainsi, le tsadik désigne par sa valeur les nonante ‘’amen’’ que l’on mentionne dans nos prières et bénédictions. Le daleth évoque les quatre sanctifications ‘’kédouchoth’’ récitées chaque jour. Le youd, les dix ‘’kadich’’ qui figurent dans nos prières quotidiennes. Enfin, le kouf, les cent bénédictions que nous formulons chaque jour pour rendre grâce à l’Eternel. Rappelons que le tsadik – juste, est précédé du pé – bouche, pour mettre en exergue l’importance attribuée à la préservation et la mise en garde contre la médisance, la délation, et les mauvaises paroles. Comme dit l’Ecclésiaste : ‘’Al ti-ten eth pikha laha’thi eth béssarékha – Ne permet pas à ta bouche de charger ta personne d’un péché…‘’(Eccl. V – 5), ou encore ‘’tsadik yéssod olam chomer bérith bassar – Le juste, fondement du monde, observe l’alliance de la chair’’. Et bien évidemment, la préservation des débordements de la bouche ‘’pé’’, soit de la parole, doit être précédée de celle du ayin,de la vue, du regard qui peut provoquer et inciter au mal. La lettre rech représente selon le Talmud (Chabbath 104 a) la ‘’malfaisance’’ dûe à l’orgueil ( gaava ( guimel =3, + alef= 1, + vav = 6, + hé = 5, = 15) orgueil qui ne sied qu’à D… appelé ‘’Yah ‘’ (youd=10, + hé = 5, = 15). Selon ‘’Othiyoth’’ de rabbi Akiva, la lettre rech désigne comme son nom l’indique, la tête, soit l’Eternel qui est la tête de l’univers. Il ne convient pas alors pour l’homme d’user d’orgueil . D’aucuns donnent au mot rech le sens de pauvreté. Signalons que le rech a pour valeur numérique deux cents, soit dix fois la valeur du khaf = vingt, qui symbolise les efforts déployés pour la force du progrès, et cent fois la valeur du beth = deux, qui désigne la maison. Ce qui nous permet de conclure que le malfaiteur personnifié par le rech, est celui qui soutient et défend le matérialisme exprimé à travers ces lettres . Par contre la tête du tsadik , du juste est ornée par la révélation et la spiritualité dissimulée dans ces mêmes lettres. Il est intéressant de souligner que les lettres qui forment le nom ‘’rech’’, mises dans le sens inverse, donnent le mot ‘’séor’’ – le ferment, qui fait lever la pâte et qui symbolise l’orgueil. Le point porté vers la gauche de la lettre fait allusion au mal provoqué par un penchant trop prononcé vers le matérialisme. Alors que le roch qui désigne la personne portée en tête, l’homme juste, tire orgueil plutôt des choses spirituelles ; comme en témoigne cette parole des ‘’Chroniques des temps’’son cœur grandit, son cœur s’enorgueillit par sa constance dans les voies de l’Eternel…’’ ( II Chr. XVII – 6) La place du rech après le kouf dans l’ordre alphabétique, s’explique selon ‘’Roch Miline’’ par le fait qu’après une identification et un renforcement, vient le renouvellement d’une force originelle qui modèle des choses nouvelles. Les attributs représentés par le kouf et le rech dans le sens positif comme dans le sens négatif, s’exprime en premier en imitant les voies de l’Eternel et en les portant au niveau de l’homme , sous forme d’une force originelle active, ou dans le cas contraire, en singeant les valeurs authentiques et en les dégradant. L’enseignement talmudique qui voit en la lettre kouf, l’allusion à la sainteté du Saint béni soit-Il, et en celle du rech, la malfaisance, explique le pourquoi le rech donne le dos au kouf et montre ainsi que l’Eternel ne veut pas porter son regard ‘’à D… ne plaise’’ à la face du mécréant. Et néanmoins, le kouf demeure à la droite du rech pour indiquer que D… reste, si l’on peut dire, à l’écoute du méchant et lui garde sa magnanimité pour agréer sa pénitence (voir Maharcha Shabbath 104 a). Comme toutes les autres, la lettre Shine présente également deux facettes. Le côté sombre nous est révélé dans le Talmud qui stipule que le shine évoque le sheker, le mensonge. D’ailleurs les lettres qui forment ce mot n’ont pas d’assise. Chacune d’elles ne repose que sur un seul pied à sa base - le sheker est bancal – Leur proximité dans l’ordre des lettres, montre que le mensonge est répandu dans le monde ici-bas, et les gens sont facilement victimes du mensonge, étant proche du penchant de leur cœur. Ce qui n’est guère le cas de la vérité – emeth- dont les lettres se trouvent éloignées, mais équidistantes l’une de l’autre. La vérité est difficilement admise ; et pourtant les lettres emeth, présentent une assise solide, équilibrée et bien fondée. Elles sont harmonieusement disposées : la première place est occupée par le alef, la place médiane par le mèm, et celle de la fin,par le tav.. Le shine, comme son nom l’indique, fait également allusion aux ‘’dents’’ des malfaiteurs que D… brisera dans les temps à venir. Comme dit le psalmiste : ‘’… tu brises les dents des méchants’’(Ps. III – 8). Les trois branches du shine rappellent les trois mauvais attributs bien connus : la jalousie, la cupidité,et la recherche éperdue des honneurs.Ceux- ci s’apparentent aux trois péchés capitaux : l’idolâtrie, la dépravation sexuelle et l’homicide. Les forces du mal se révèlent à travers ces penchants. Cela nous permet de comprendre la place qu’occupe la lettre shine en venant après le rech ; car elle représente l’arme au moyen de laquelle le mal (rech) est exécuté. Dans sa valeur numérique de trois cents égale à la somme de celle du kof = 100,additionné au rech = 200, le shine indique le principe de l’impureté (kouf) et celui du mal (rech ) qui composent le mot Kar signifiant le froid et tout ce qu’il présente de négatif. Ce qui par allusion rappelle le peuple amalécite accusé d’avoir fait souffler un vent glacial en s’attaquant traîtreusement et gratuitement aux personnes faibles parmi les enfants d’Israël dans leur marche à travers le désert du Sinaï, lors de leur sortie de la servitude en Egypte. Selon le ‘’livre des splendeurs’’, le ‘’Zohar’’, la lettre shine est appelée ‘’eth vata dikchoth’’, la lettre de la vérité. Ce qualificatif se justifie lorsqu’elle est mise en rapport avec ses trois ramifications, qui selon les ‘’othiyoth’’ de Rabbi Akiva, désignent la néchama- l’âme, le rouah- le souffle de vie et le nefech –l’être animé ; ainsi que les trois dimensions du temps, celui du monde ici présent, celui des temps de l’époque messianique, et celui du devenir des temps futurs. Ces trois branches qui forment le shine, indiquent également la vérité au niveau des trois temps sacrés existants, celui du shabbath, celui du Saint béni soit-Il, et celui de l’assemblée d’Israël. Les livres anciens portent cette indication :les trois branches du shine font allusion aux trois patriarches : Avraham, correspondant à l’âme, nechama, Itzhaq au souffle de vie, rouah, et Yaakov au nefech ha kouf, l’être animé physique. Chacun d’eux emprunte un canal spécifique pour vouer son culte à l’Eternel. Yaakov Avinou, notre patriarche est parvenu à canaliser ces trois modes d’expression mises au service de l’Eternel, nechama, rouah, nefech- gouf. à travers la lettre shine représentant l’attribut de emeth – vérité. Il est dit : ‘’Tu témoigneras à Jacob la fidélité, à Avraham la bienveillance que tu as jurée à nos pères dès les premiers âges’’ (Micha VII – 20). Le Zohar souligne à plusieurs reprises que les trois branches du shine font allusion aux trois patriarches, et le rapport avec le temps se traduit par celui du shabbath qui s’unit à l’assemblée d’Israël. Les trois niveaux des patriarches s’expriment à travers les trois branches du shine. La branche de droite se présente sous la forme de la lettre youd, celle du milieu en vav, et celle de gauche en zayin. Le youd fait appel à la sagesse qui conduit à la bonté. Comme dit le Zohar, le patriarche Avraham atteignit par ses propres moyens la sagesse de la Thora, et cela lui a permis de répandre la bonté sur le monde. Le zayin à gauche du shine rappelle le patriarche Itzhaq qui incarne l’attribut de la puissance et de la force de vaincre le penchant du mal. Il disposait donc d’une arme ‘’zayin’’ pour mener le combat contre les forces instinctives. La branche du milieu en forme de vav s’apparente au patriarche Yaakov ; c’est la branche médiane représentant l’homme de la vérité caractérisée par la lettre vav .Selon le Zohar, rapporte l’auteur du livre intitulé ‘’Roch Miline’’, la lettre shine considérée dans son sens positif, rappelle les dents, l’appareil qui contribue à la qualité de la vie, à son bon fonctionnement et sa réalisation. La dentition représente la première étape qui véhicule l’aliment vital, la nourriture , à l’intérieur de la créature. C’est ce principe qui conduit à la manifestation des forces sacrées enfouies dans les lettres kouf et rech. La vérité, le emeth, et son opposé le sheker, le mensonge, sont représentés par le shine. C’est en vis-à-vis que l’Eternel les créa.
Tav La lettre tav préfigure selon le Talmud la vérité, emeth. Etant la dernière lettre, elle concentre en elle toutes les énergies de celles qui la précèdent ; comme l’illustre la première lettre en tête de l’alphabet, alef, la médiane mèm, et le tav qui vient couronner le tout. Les ‘’Othiyoth’’ de Rabbi Akiva rapportent à son sujet : le nom tav attribué à cette lettre, suggère par analogie le mot ‘’ta’av. La ta’ava signifie l’envie, la convoitise de l’être de chair et de sang. Aussi nous pouvons dire que la lettre alef placée au début, fait appel à la sagesse ; le mèm au milieu évoque les fondements spirituels, et le tav renvoie à la force de la convoitise. Tous ces éléments s’agencent pour se manifester dans la réalité active. Il faut noter que la convoitise peut servir positivement, lorsque le sentiment de plaisir inouï qu’elle procure est l’engouement à la connaissance de la Thora. Ce qui explique le rapport entre la valeur numérique du tav = quatre cents, équivalent à cent fois celui du daleth = quatre , qui évoque les quatre éléments fondamentaux du monde matériel ; et dix fois la valeur du mèm = quarante, qui fait allusion à la spiritualité qui recouvre les quatre éléments. Rabbi Yaakov Emdin, dans son siddour, livre de prières, intitulé beith Yaakov, note à propos de l’expression ‘’méroch mikeddem néssoukha – depuis le début des temps il a été oint’’, dans le poème ‘’lekha dodi’’ que les lettres qui forment le mot Chabbath sont placées dans l’ordre alphabétique après celles qui composent le mot roch – tête, allusion à l’Eternel. Ceci pour nous indiquer que le Chabbath est d’essence spirituelle et qu’il est le couronnement de l’œuvre de la création de l’univers par l’Eternel.
La combinaison des lettres Après avoir fait la présentation succincte des vingt-sept lettres de l’alphabet hébraïque (vingt-deux consonnes plus cinq lettres finales), nous pouvons examiner la place qu’elles occupent et le message qu’elles sous-tendent lorsqu’elles se rencontrent l’une et l’autre dans les multiples combinaisons possibles pour former le mot. L’exemple rapporté fréquemment dans le Livre de la formation et celui du Zohar, de la splendeur, peut être illustré notamment à travers le mot ‘’nega’a’’ composé de la rencontre des lettres noun, guimel et ‘ayin. Pris dans cet ordre, ce mot désigne la plaie ; dans un ordre différent, ‘ayin, noun, guimel, ces lettres donnent naissance au mot ‘oneg qui décrit un état de délectation, en opposition complète de la plaie ‘’nega’a’’. Ainsi l’homme dans la situation la plus dégradante, se trouve être frappé par le mal ; il est meurtri, défait, diminué dans sa dignité d’être. Alors que porté à un stade élevé, il jouit d’un état de plénitude, de délice. Le Hatam Sofer dans son commentaire de la Thora intitulé ‘’Thorath Moché’’, développe le sens et la portée de ce mot ‘’ ‘oneg’’, en faisant remarquer que les trois lettres dont il se compose, forment l’acrostiche des termes ‘eden - délice, nahar – fleuve, et gan – jardin, qui se trouvent réunis dans ce verset de la Thora : ‘’Le fleuve prenait son cours du ‘eden pour irriguer le jardin, et de là ol se divisait en quatre affluents’’ (Gen. II – 10). Cette image nous renvoie au cours naturel des éléments. Le ‘eden désignant la source de la bénédiction, exerce son influence par le biais du fleuve qui véhicule le flux de bénédictions pour le répandre sur celui qui en est le bénéficiaire, le jardin – ha gan. En d’autres termes, le fleuve est l’élément qui induit le déploiement et le partage de l’abondance et symbolise le principe de la division. Tant que cette force est soumise à d’autres facteurs et agit sous leur influence, l’état de plénitude est présent dans le monde. Mais si ce facteur qui distribue les parts se porte en avant et n’agit pas comme il convient, il s’en suit alors une situation négative . On pourrait dire qu’en la lettre noun de nahar, du fleuve, domine le principe de la séparation qui porte atteinte au receveur , soit le jardin, le gan ; et prive par là-même le éden, le délice , d’exercer son influence, ce qui porte préjudice également au ‘eden. Le jour bien désigné où l’homme peut bénéficier du oneg, de la délectation, c’est le jour du saint chabbath. Le rôle dévolu à l’homme est de se préparer à cet état et pouvoir proclamer à l’instar du prophère Isaïe :’’Tu considères le chabbath comme un délice’’ (Is. LVIII – 13). L’âme supplémentaire , les repas du chabbath, contribuent à élever l’homme à un état de délectation suprême ; un état où les délices du jardin d’eden se répandent pour se déverser au jardin, soit à l’assemblée d’Israël , à la fiancée bien aimée qui aspire avec engouement à son bien aimé qui jette son dévolu sur elle. (le mot dod – bien aimé, s(apparente au mot dad, sein, qui s’épanche pour nourrir). L’assemblée d’Israël est comparée à une fiancée qui aspire à son bien aimé , le Saint béni soit-Il au jour du chabbath consacré, à ce moment d’élection où le jardin est inondé par le fleuve des bénédictions suprêmes, du ‘eden, pour donner naissance à un état de délice. Le mot chabbath renferme en le nom même qui le désigne, l’allusion au jour où l’assemblée d’Israël bénéficie d’un éclairage spirituel élevé. En effet, selon l’enseignement du zohar, la lettre chin du mot chabbath évoque à travers les trois branches qui la forment, les trois patriarches, ainsi que les trois attributs que ceux-ci représentent : hessed – la bonté, guevoura – la puissance, et tif ‘ereth – la splendeur, et qui transparaissent à travers les composantes de la lettre chin : le youd, le zayin et le vav. Le chabbath est le moment désigné où les trois patriarches et les attributs qu’ils représentent, symbolisés à travers la lettre chin, s’unissent à le fille – beth, soit l’assemblée d’Israël. La personne ne parvenant pas à percevoir le délice du chabbath, soit parce qu’elle est en manque de l’état de sainteté et de l’aptitude spirituelle, ressent ce jour là tristesse et amertume, un état qui l’affecte. C’est ainsi que Rabbi Yehonathan Eibchitz explique pourquoi les autres nations ont élu comme jour de repos hebdomadaire le vendredi ou le dimanche, et non pas le jour du chabbath. Car sur le plan même de la nature , le jour du chabbath déverse sur l’homme un sentiment d’oppression et de tristesse. Mais le peuple d’Israël situé au-delà des lois de la nature par le fait qu’il observe la Thora et ses motzvoth, accède ce jour là au délice du chabbath. Nous pouvons conclure en empruntant ce verset du livre des Lamentations : ‘’N’est-ce pas de la bouche de l’Eternel qu’émanent les maux et les biens ‘’ (Lam. III – 38). C’est à l’Eternelque revient la création ex-nihilo par le verbe divin. Mais par ailleurs , depuis que fut proclamé au Sinaï : ‘’Voyez, Je vous propose en ce jour d’une part la bénédiction, la malédiction de l’autre’’ (Deut. XI – 26), il appartient désormais à l’homme de déterminer la bénédiction et la malédiction qui résultent de ses œuvres, les fondements spirituels qui fixent et déversent la bénédiction ou les forces opposées existantes qui entraînent la malédiction. Il demeure que c’est à l’homme de se frayer le chemin et de définir à travers les actes qu’il pose , les composantes qui débouchent sur le ‘oneg, le délice, ou le nega’a, la plaie affligeante. Un autre exemple de permutation des lettres dans un mot, exprime une idée analogue à celle que nous venons de développer, et se trouve dans le terme ‘’chefa’a, abondance, qui peut se muer en ‘’pecha’a, infidélité à la loi. La relation entre les deux se traduit ainsi : l’abondance mal exploitée est source de violation de la loi et débouche sur la violence. Comme en atteste le texte de la Thora : ‘’Yechouroun (Israël) engraissé, regimbe’’ (Deut. XXXII – 15). De façon analogue , le mot ‘cher, richesse mal acquise ou mal utilisée, conduit au recha’a, malfaisance. Comme il est advenu aux enfants d’Israël sortis d’Egypte dans le désert du Sinaï. La quantité d’or et d’argent amassée tant en Egypte qu’après la traversée de la mer Rouge, les a conduits au péché du veau d’or. Nous pouvons conclure en disant que les lettres hébraïques représentent des forces spirituelles diverses, et leur coordination dans un ordre choisi pour désigner l’un ou l’autre objectif, est l’élément déterminant dans un sens ou dans l’autre. La mauvaise conduite de l’homme l’entraîne à exploiter d’une façon négative le contenu des lettres, et leur assemblage lui attire le mal.
Lettres interchangeables Nous avons analysé le sens, la portée et le rapport apparaissant dans les mots composés des mêmes lettres présentées dans un ordre différent. Voyons à présent si ce même enseignement apparaît également dans les mots composés de letrres différentes, mais dont la prononciation présente des sons anamogues et qui expriment des idées se rapprochant l’une de l’autre. Le rabbin Chimchon raphaël Hirsch, dans son commentaire de la Thora, use beaucoup de cette méthode pour illustrer ses propos. Examinons par exemple les deux mots ‘’tsimtsoum’’ – qui contient l’idée de concision, de contraction, et le mot ‘’timtoum’’- enfermement, obstruction. Ces deux termes ‘’tsimtsoum’’ et ‘’timtoum’’ ont en commun la notion de limite et de fermeture. Dans l’un , les deux lettres tsadik introduisent la réduction et la limitation de la chose ou de la lumière ; dans l’autre, des deux lettres teth évoquent l’obstruction, l’étouffement. La Thora utilise ce terme pour fustiger ceux qui négligent l’observance des aliments qu’elle interdit en ces termes : ‘’vénitmetem bam’’ – ‘’vous contracteriez l’impureté par ces aliments’’ (Lev. XI – 43). Et nos Sages précisent : la consommation des aliments interdits obstrue et ferme hermétiquement le cieur à la lumière divine. Le son lourd de la lettre teth illustre la fermeté du recouvrement qui ne laisse passer aucun filet de lumière. Il faut rappeler que la lettre teth évoque le mortier, soit la matière brute. La présence de la lettre teth dans un mot comme étant le signe d’une action puissante, davantage que celle traduite par la lettre tsadik, a pour référence par exemple, le mot ‘’teva’a’’, la nature, et ‘’tseva’a’’, la couleur. Le mot teva’a désigne l’empreinte de la loi naturelle incrustée dans l’élément et qui se trouve profondément ancrée dans la mtière ; alors que la coulmeur qui recouvre un quelconque objet n’est qu’une fine pellicule qui habille cet objet. Par contre, le mot ‘’hereth’’ qui indique l’action de graver et qui laisse une empreinte profonde dans le corps de la matière, exprime l’action produite à travers le verbe même qui la désigne, lequel scindé en deux syllabes, devient ‘’hor’’, trou, crevasse, et (tith’’, terre glaise ; ce qui donne au verbe ‘’haroth’’ son sens profond, c’est-à-dire l’action de graver dans la matière. Nous connaissons deux lettres qui s’interchangent fréquemment : le sin et le samekh. Ainsi par exemple le mot ‘’sota’’ désigne l’épouse qui trahit son mari. La Thora dit : ‘’…si la femme de quelqu’un déviant de ses devoirs lui devient infidèle’’(Nbres V – 12) ; et le maître Rich Lakich énonce à ce propos dans le Talmud le dicton :L’individu ne commet une transgression que s’il est traversé par un souffle de folie.(sota 3 a). Rich lakich s’appuie pour cela sur le verbe ‘’chato’’ ou ‘’sato’’ qui peut se traduire lorsqu’il est prononcé ‘’chato’’, par folie (le chin est surmonté d’un point à droite) ; ou une deuxième lecture : ‘’sato’’ (le sin se confond avec le samekh et porte un point à gauche), exprime la déviation d’une voie, en l’occurrence celle prônée par la Thora. En effet nous pouvons distinguer trois attitudes chez la femme qualifiée de sota. Au début elle a l’attitude d’une personne qui erre à droite et à gauche portée par un vent de légèreté, de folie, tel que l’indique le verbe ‘’chato’’ avec un chin. Ce qui la conduit dans une seconde étape à dévier carrément de la voie. Elle est pour ainsi dire sortie du chemin de rectitude ‘’sota min haderekh’’, ce qui l’entraîne inéluctablement à violer la loi et à être qualifiée de sota, d’une femme coupable d’adultère. Autre exemple de mots très proches l’un de l’autre par leur sonorité, leur forme ou leur orthographe, en somme des paronymes : havel – vanité ; avel – le doute ; et ‘avel- injustice. L’on constate que le alef de avel est plus pesant que le hé de havel, et que le ayin de ‘avel l’emporte sur les deux. Havel désigne le vide, ce qui est nul et inexistant. La personne qui poursuit de telles vanités risque de tomber dans la folie et dans liniquité. Le Malbim fait remarquer que le mot ‘’oulay’’ qui exprime le doute, prend source dans le mot ‘’havel’’. En effet, la nature de la prsonne gagnée par l’incertitude et le doute, est due fondamentalement à la faiblesse de prendre la décision, de trancher. Confrontée aux événements de la vie, elle est toujours hésitante. Dans une étape plus avancée, lorsque la vanité et le doute pénètrent profondément dans le cœur de l’homme, il passe à l’échelon supérieur et commet l’iniquité délibérément et en pleine connaissance. Le développement de ce cheminement est représenté par la sonorité de la lettre hé dans le mot havel , vanité. Renforcée dans sa sonorité , elle se mue en avel, l’érosion du doute, et débouche à travers le son ayin au ‘avel, la pratique de l’iniquité. Remarquons que le hé, le alef et le ayin appartiennent au même groupe de l’émission des lettres appelées gutturales. Par ailleurs, l’emploi de la quatrième lettre gutturale heth, donne dans le même ordre d’idée le mot habel qui désigne le préjudice occasionné sur le plan matériel ; ce qui intensifie davantage l’atteinte injuste, le havel. De nombreux autres exemples nous éclairent sur de multiples enseignements que les familles de lettres paronymiques nous offrent à travers nos récits.
Grand Rabbin Chalom Benizri.
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