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La kédoucha La lecture de la Torah de ce Chabbat est intitulée Kédochim, Saints. ‘’L’Eternel parla à Moïse en disant : ’’ parle à toute la communauté des enfants d’Israël et dis leur : soyez saints ! car je suis saint, moi, l’Eternel votre D…’’ (Lév. XIX – 1, 2). Cet appel solennel à la sanctification de notre vie, représente le point culminant de la législation biblique. Cet idéal de sainteté fut assigné au peuple d’Israël dès le début de sa constitution en nation souveraine. ‘’Et vous, vous serez pour moi une dynastie de Cohanim, une nation sainte. Voilà les paroles que tu diras aux enfants d’Israël’’ (Ex. XIX – 6). L’élection d’Israël n’est pas un privilège qui lui confère des droits ou des avantages particuliers. Elle comporte plutôt une tâche déterminée, celle d’être pour l’humanité un peuple de prêtres. Or le prêtre est appelé à faire rayonner la connaissance et la foi en D… grâce à son exemple et à sa parole. Comme le proclame le prophète Malachie (II – 7) : ‘’les lèvres du pontife doivent conserver la science ; c’est de sa bouche qu’on réclame la doctrine, car il est mandataire de l’Eternel, sévaoth’’. Telle est la vocation du peuple d’Israël au milieu des nations. Les étapes nécessaires à l’accession à cet idéal passent par les conditions préliminaires établies par la Torah, tant dans le domaine rituel que celui du service divin, de la nourriture, de la pureté lévitique et de la vie sexuelle, pour aboutir finalement au domaine de la justice morale et sociale. Ces dernières apparaissent comme étant le couronnement d’un vaste édifice législatif dont les fondements sont constitués par l’ensemble des lois rituelles. Ainsi l’idéal de sainteté prôné par la Torah s’étend sur toute l’existence humaine. Cet idéal est irrationnel par définition, et ne s’adresse qu’au peuple d’Israël ; ses objectifs n’ont point d’autre motivation que la sainteté. Il en est ainsi de toute espèce défendue et déclarée impure par rapport au sacré ; de même en ce qui concerne les différences de langage, les temps sacrés. Tel que nous le proclamons, D… a créé la barrière entre le sacré et le profane, entre la lumière et les ténèbres, entre Israël et les nations, entre le septième jour et les six jours de travail. Ce sont là des limites absolues que D… a créées. Cette barrière érigée par l’Eternel entre le profane et le sacré est telle que , la nature considérée comme étant pure, mais sans aspiration vers la sainteté ; alors que dans l’esprit de la Torah, la nature doit être transcendée par l’idéal de la sanctification. Ainsi chaque matin au réveil, nous déclarons :’’ l’âme que tu as placée en moi est pure’’, c’est-à-dire qu’à l’état naturel l’homme est sans péché, donc pur. Mais sa vocation est de devenir saint. Voilà pourquoi le mode de vie prescrit dans le judaïsme est en toutes circonstances orienté contrairement à la nature. Et la première mitzva où cette tendance est particulièrement apparente, est l’alliance de la circoncision. En effet, tout au début de sa vie, le Juif est engagé à se défaire de la nature et s’élever aux buts de la kédoucha. Les lois alimentaires sont également orientées contre la nature. Ainsi, les nations mangent de la viande de n’importe quel animal sans restriction et contenant le sang et la graisse ; et mangent le laitage et la viande ensembles sans réserve. Les restrictions de la pureté lévitique sont dans leurs détails comme dans leur ensemble, toutes dirigées contre la nature humaine. Il en est ainsi des prescriptions concernant la nidda. Quelle est la nature de cette sainteté de l’Eternel que nous répétons trois fois par jour dans la prière silencieuse à travers la formule : ‘’ trois fois saint est le seigneur des armées. Tout l’univers est rempli de sa gloire.’’ ? (Isaïe VI – 3). le Targoum de Jonathan la traduit ainsi : 1)D… est saint, il est transcendant par rapport aux cieux et aux cieux des cieux. 2)D… est saint, il est transcendant par rapport à l’espace .3) D… est saint, il est transcendant par rapport au temps. Ainsi, la transcendance de D… se traduit pare son isolement, sa continence et son autonomie. La sainteté de l’homme ne peut être qu’une sainteté relative. Mais dans le cadre de cette sainteté, l’homme tentera de réaliser le maximum d’efforts pour ressembler à son D… . Plus il se détachera des contingences terrestres et mieux s’effectuera son ascension vers la sainteté. Extrait du commentaire du Rabbin Elie Munk
Soyez saints Chacun de nous vit et œuvre dans différentes orientations, celles qu’on peut qualifier de personnelles, familiales, communautaires et sociales. Tous les cercles dans lesquels l’homme évolue, se trouvent mentionnés dans le texte de confession du Grand-Prêtre, lors de son service cultuel le jour solennel de Kippourim. Comme il est dit :’’Ainsi il aura fait pénitence pour lui-même , pour sa maison et pour toute l’assemblée d’Israël’’(Lév. XVI – 17) A ce propos le Talmud (Yoma 44 a) dit : La sollicitation du pardon de ses propres égarements doit précéder celle demandée à l’Eternel à l’égard de sa maisonnée. Cette dernière doit devancer l’invocation du pardon pour ses condisciples qui forment la famille des prêtres ; de même ces derniers passent avant toute l’assemblée d’Israël. Bien qu’en toutes circonstances , l’intérêt général l’emporte sur celui du particulier, et que la collectivité a la préséance sur l’individu, ici précisément, le pardon accordé à la personne, prévaut parce que l’individu ne peut solliciter le pardon de la faute de son prochain que si lui-même est préalablement quitte de toute transgression. Comme disent nos Sages dans le Talmud : ‘’revêts pour t’embellir des ornements qui te sont permis’’(Sanhedrin 18 a). En d’autres termes, n’agis pas ‘’comme le geai paré des plumes du paon’’. Lavée de tout péché, il incombe à toute personne d’œuvrer en rapport avec la responsabilité qui lui incombe. Et ce qui prime après s’être préoccupé de sa personne, c’est sa famille ; celle-ci désigne en premier son épouse qui est assimilée à lui-même ‘’ichto kegoufo’’, comme dit le Midrach à propos de l’expression’’pour sa maison’’, allusion à l’épouse que le texte désigne comme étant sa maisonnée (Yoma 2 a). C’est alors qu’il peut se préoccuper de sa famille, puis de sa communauté, et enfin de l’ensemble du peuple d’Israël . C’est après avoir franchi cette étape importante de ‘’sour mer’a’’, de s’écarter du mal, que l’on arrive à la recherche du bien ‘’assé tov’’. Cet impératif nous est adressé par la Thora en deux mots : ‘’kiddouchim tiyou’’ – ‘’soyez saints’’. Cette formule brève et directe, lapidaire , réclame de nous , de l’avis de Nahmanide, de ne pas se contenter d’une pratique formelle des ordonnances de la Thora ; mais de veiller à donner en permanence à la vie, le caractère sacré. Une existence formelle, uniquement superficielle, sans une identification interne et profonde, sans intériorisation, sans une recherche constante du cachet de sainteté, risquerait d’amener l’homme à être un scélérat, un insensé, un impie, aux yeux de la Thora ; quand bien même cette personne serait très rigoriste en ce qui concerne par exemple les lois alimentaires. Dès lors qu’elle n’est pas animée de l’intérieur pour sanctifier chaque instant de sa vie, elle passe à côté de l’essentiel. La réalisation des mitzvoth conformément à la loi, implique un engouement et une aspiration d’être animé du caractère sacré que la Thora procure. La personne ne peut se contenter d’une pratique extérieure, superficielle, qui résulterait de la crainte du milieu ambiant. ‘’Soyez saints’’ renferme l’essence de toute ordonnance de la Thora, celle de la recherche authentique d’une identification pleine et entière à la volonté de l’Eternel. La personne en quête de cette proximité de l’Eternel, ne pourra se contenter de s’être tout simplement acquittée d’un devoir. Elle tentera et aspirera à la piété ; c’est-à-dire à aller au-delà du terme de la loi, afin d’atteindre une perfection plus grande. Elle ne se satisfera pas de se conformer aux six cent treize prescriptions de la Thora, elle souhaitera vivre dans l’esprit de la Thora, dans une atmosphère de sainteté . L’impératif ‘’soyez saints’’ impose d’aspirer à la perfection individuelle et sociale, sans être sélectif et préférer s’adonner entièrement à telle ou telle mitzva en se considérant ainsi quitte de toutes les autres. L’impératif ‘’kiddouchim tiyou’’- ‘’soyez saints’’, nous invite à trouver une perfection dans l’ensemble des mitzvoth en y consacrant toutes nos forces , toutes nos facultés, dans le moindre recoin de notre personnalité, tant dans la recherche de l’étude de la Thora que dans le service cultuel, dans la pratique du bien, dans la perfection personnelle, familiale, communautaire et sociale.
Le cabaliste Chaque année nous célébrons la Hiloula de Rabbin Chimon Bar Yohaï, le trente-troisième jour du omer. A cette occasion, nous évoquons son œuvre magistrale, le livre du Zohar, la Splendeur, commentaire mystique de notre Thora. Ce rappel nous offre l’occasion de nous entretenir de la floraison ou du foisonnement des livres qui traitent de ce sujet, de nos jours. Toutes les librairies juives sont bien achalandées et bien documentées sur tout ce qui a trait à la mystique. Tous les ouvrages où le mot ‘’cabala’’ se trouve mêlé à leur titre, bénéficient d’un grand intérêt du public et attire la clientèle. Par ailleurs, dès qu’un cycle d’études de la cabale est organisé, il ne manque pas de susciter la curiosité et de connaître une grande affluence. Enfin, toute une industrie, si l’on peut dire, de bénédictions empreintes de formules mystérieuses et magiques, des porte-bonheur et des fétiches, des eaux bénites et des cordons rouges, se répandent et donnent naissance à un marché juteux. Tout cela a-t-il vraiment une valeur fondée et authentique ? Comment se fait-il que les gens se montrent si naïfs ou si crédules ? Pourquoi lorsqu’il s’agit d’aller voir un médecin, les gens se renseignent au sujet de ses compétences, alors que pour ce qui touche à la mystique, il suffit que la personne présente une carte de visite avec la mention ‘’mekoubal’’(cabaliste), pour que certains se précipitent pour aller les consulter, alors qu’ils n’ont jamais examiné le sérieux de ses connaissances si profondes. En fait, il n’y a pas une science plus facile que celle de la fourberie et du charlatanisme, par rapport à la connaissance cabalistique. Très rares sont les personnes qui comprennent vraiment ce qu’est la cabala. C’est pourquoi il est très facile d’ânonner des bêtises et de dire des âneries dans un milieu soi-disant avisé. La science cabalistique renferme des codes secrets qui abritent des connaissances mystérieuses et profondes. Seule la personne qui détient le code authentique peut pénétrer dans les méandres de la cabala, et en saisir la quintessence vraie des enseignements. Les notions telles que les dix sephiroth, les dix lumières- les kelipoth, l’écorce - la atsilouth, le monde de l’émanation - et d’autres … ne peuvent être comprises que par celui qui a reçu l’explication correcte et authentique d’un cabaliste digne de ce nom ; sans quoi, quiconque serait mal intentionnée et fourbe pourrait prétendre détenir le code secret et induire en erreur toutes les personnes innocentes. D’autant plus que ces prétendus cabalistes se présentent souvent avec une longue barbe et un caftan rabbinique. Comment peut-on distinguer le vrai du faux cabaliste, de quelle manière peut-on mettre à l’épreuve la connaissance vraie et authentique ? Comment éviter d’être pris dans les griffes d’une personne malhonnête déguisée en cabaliste ? Il faut savoir que la science de la cabala exige une connaissance vaste et très profonde du judaïsme. On ne peut atteindre d’aucune manière le niveau de la cabala sans posséder une connaissance certaine d’un niveau très élevé de la Thora. La personne qui n’est pas très versée dans la connaissance du Talmud et de la halakha, ne peut certainement pas prétendre bien connaître la cabale. Par ailleurs, il existe une différence fondamentale entre la cabala et les autres sciences. Il suffit de s’adonner à ces dernières, par une lecture et une étude textuelle pour être versé dans le sujet. Aucune importance n’est accordée au niveau éthique de la personne. C’est uniquement l’étendue de son savoir et l’effort qu’ elle y a consacré par l’étude et l’examen exhaustif, qui lui confère le titre de scientifique. La sagesse de la Thora et tout particulièrement celle de la cabala, même au niveau le plus profond de la connaissance, en absence de l’aide particulière de l’Eternel, ne peut être acquise pleinement, car elle ne se présente pas comme un ensemble très vaste de connaissances, mais comme une forme de pensée qu’il faut bien intégrer. On peut lire tout le Zohar et s’apercevoir qu’on n’a rien compris vraiment. C’est uniquement la personne qui accomplit la volonté de l’Eternel et observe intégralement ses mitzvoth qui arrive à bénéficier de son aide. Aussi, nous pouvons distinguer le vrai du faux cabaliste en examinant le niveau de son respect des mitzvoth et son attitude morale. Le prétendu cabaliste touché par l’orgueil ou celui qui amasse l’argent, ou encore celui qui court après les honneurs, apporte la preuve que son approche de la cabala ne peut qu’être erroné. Seul celui qui est digne du don de l’aide de l’Eternel peut accéder au titre de cabaliste authentique. Et nonobstant tout cela, ce qui atteste du sérieux et de l’authenticité du cabaliste, c’est la qualité du maître auprès duquel il a acquis son savoir et mérité d’être couronné du titre de cabaliste (mekoubal). Enfin, rappelons cet enseignement talmudique (haguiga 14), qui montre combien l’étude de la cabale est ardue. Le Talmud raconte ce qui est advenu de ces grands maîtres qui ont voulu étudier la science de la cabala. Rentrés dans le verger, le Pardès, l’un en est mort, l’autre a perdu l’esprit, le troisième est sorti de la voie du judaïsme. Seul un en a réchappé et resta indemne, pour devenir un mekoubal. L’étude de la cabala sans une initiation sérieuse est très dangereuse . C’est vraiment jouer avec le feu. Alors, avant de se lancer dans l’étude de la cabala, soyons tout simplement les dépositaires de la Thora reçue au mont Sinaï.
Grand Rabbin Chalom Benizri.
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