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La mitzva du omer Au lendemain du premier jour de la fête de Pessah, la Torah nous ordonne d’offrir au nom de la communauté, une mesure de farine d’orge appelée ‘’omer’’ ; tel que l’exprime le texte (Lév. XXIII, 10 à 13) :’’ quand vous serez arrivés dans le pays….. et que vous y ferez la moisson, vous apporterez un ‘’omer’’ des prémisses de votre moisson au Cohen’’. Cette offrande, en guise de reconnaissance à l’Eternel pour la nouvelle récolte, doit être entièrement consacrée au souvenir des grands miracles de la sortie d’Egypte. Celle-ci se situe le deuxième jour de fête et non le premier, pour répondre au principe de ne point mélanger une joie à l’autre. C’est à partir de ce jour de l’offrande du omer, que la Torah nous ordonne également de compter les jours et les semaines (soit 49 jours, 7 semaines) qui s’étendent entre la fête de Pessah et celle de Chavouoth. Le lien établi entre ces deux prescriptions de la Torah, nous permet de rendre hommage à l’Eternel qui, dans sa bonté infinie, assure la subsistance à tous, en renouvelant chaque année le cycle de la nature. C’est pourquoi dans la bénédiction établie par nos Sages, précédant la supputation des jours et des semaines, nous évoquons l’offrande de l’Omer telle que : ‘’ aujourd’hui quatorzième jour soit deux semaines du compte de l’Omer ». Par ailleurs, cette période est appelée ‘’ Yémé hasefira ‘’, les jours du décompte de la période qui s’étend depuis la libération physique des enfants d’Israël d’Egypte, à la révélation de l’Eternel au mont Sinaï et la promulgation de la Torah, qui en est l’aboutissement. Ainsi que D… l’avait annoncé à Moché Rabbenou au buisson ardent ‘’ …ceci te servira à prouver que c’est moi l’Eternel qui t’ai envoyé, lorsque tu feras sortir ce peuple d’Egypte, vous adorerez l’Eternel sur cette montagne… ‘’. Ainsi, au passage ‘’Pessah’’ qui marque la naissance du peuple d’Israël affranchi de l’esclavage en Egypte, correspond celui du serment ‘’Shévouoth’’ lui permettant l’acquisition d’une identité dans l’acceptation du mode de vie de la Torah. Au cours des temps, une autre phase de l’histoire du peuple juif vint se greffer à cette période de la sefira et l’a chargée d’un nouveau souffle. Ce fut au début de l’ère commune, dans la Judée sous occupation romaine . Le peuple juif connut de grandes épreuves sur le plan national et spirituel. De multiples récits douloureux d’injustices et de persécutions en témoignent, parmi lesquels cet événement dramatique, la disparition de 24000 étudiants, disciples du grand Sage Rabbi Akiva, décimés par une épidémie. Nos Sages attribuèrent ce malheur au manque d’amour et de respect réciproques qui régnaient entre eux. En effet, toute attitude intellectuelle dépourvue d’ humanisme est un danger qui guette l’homme et peut l’entraîner à la suffisance, celle de forger sa foi vers D… et vers la révélation indépendamment des autres. Ainsi chaque disciple, au nom de sa foi , de sa crainte de D.. et surtout, de son érudition , penserait détenir la voie de l’éternité. Il en viendrait alors à mépriser tout ce qui n’épouse pas ses formes de pensées et d’actions. Le résultat serait alors tout à fait contraire aux intentions premières et à l’esprit de la Torah, soit une mort intellectuelle et spirituelle qui ravagea les rangs de cette prétendue élite que furent les disciples de Rabbi Akiva. Chaque jour ce fléau prélevait son lourd tribut, jusqu’au 18 Yyar soit le 33ème jour de l’Omer, où la mortalité cessa et les victimes trouvèrent enfin leur sépulture. Pour commémorer ces tristes événements, nous observons durant la période du Omer certaines règles de deuil. Dans la tradition sépharade, l’on s’abstient de toute réjouissance, telle que célébrer l’union du mariage jusqu’au 32ème jour du Omer et l’on ne se coupe pas les cheveux en signe de deuil. L’un des disciples les plus illustres de Rabbi Akiva fut Rabbi Chimon Bar Yohaï. En son honneur, il est de tradition dans les foyers sépharades de chanter le vendredi soir le poème intitulé ‘’ Bar Yohaï ‘’. On lui attribue l’écriture du Sefer ha Zohar, le livre de la Splendeur, qui révèle les secrets de la Torah et exalte les profondeurs de chaque lettre des Ecritures. Le Sefer ha Zohar reflète la doctrine de l’émanation de l’Eternel et dévéloppe la science des séfiroth et la participation active de l’homme à l’amélioration du monde et son union avec les forces divines. Une atmosphère de Sainteté et de bénédiction enveloppe la vie de Rabbi Chimon Bar Yohaï qui mourut le jour de Lag Baomer, le 33ème jour du Omer. Aussi cette journée est-elle consacrée ‘’ jour de Hiloula’’, de la joie du mariage, de l’union du Juste dont l’âme rejoint le faisceau de la vie éternelle. Cette Hiloula de Rabbi Chimon Bar Yohaï intervient paradoxalement le 33ème jour du omer, car Rabbi Chimon Bar Yohaï a inauguré une nouvelle voie, celle qui impose la bonté, la générosité, l’amour dans l’étude et la recherche spirituelle, en exigeant que l’amour prime la raison ; et sur l’amour, la mort n’a aucune prise.
Aperçu des dix séphiroth L’ordonnance qui nous est adressée de décompter les quarante-neuf jours, soit les sept semaines qui lient la sortie d’Egypte à la promulgation de la Thora au mont Sinaï, a éveillé l’attention des Sages versés dans l’étude de la mystique juive, et les a conduits à déceler dans ce commandement le sens d’une dimension supérieure à travers les sept séphiroth. Nos sages nous enseignent que la création du monde est fondée sur l’attribut de hessed – la bonté. Aussi, le monde créé par la rigueur de la justice, comme l’indique l’attribut du nom divin ‘’Elokim’’ qui figure dans le récit de la création, ne pouvait subsister. Les éléments créés obéissant à des règles rigoureuses, tranchantes, renfermaient l’univers dans son expansion. Emprisonné dans ses limites, il risquerait de demeurer figé par les lois qui le régissent. Ce monde sans projet d’être ne peut avoir un avenir. Par ailleurs, l’abondance de bonté dans un flot discontinu, dans un débordement sans fin, pourrait également submerger la création et la conduire à sa perte. C’est pourquoi, disent les Sages du Midrach, l’Eternel a associé l’attribut de miséricorde, de bonté, à celui de la justice, de la rigueur. Et c’est la combinaison des deux qui a permis au monde de venir à l’existence et de subsister. L’attribut intermédiaire permettant la coexistence de la bonté et de la justice, porte le nom de ‘’tif’ereth – splendeur, harmonie’’. Nous retrouvons ces caractéristiques chez les trois patriarches. En effet, Avraham avinou s’est distingué par son attitude empreinte de bonté. Son élan du cœur le porte au devant des personnes de passage. Il court au devant des hôtes pour les faire entrer sous sa tente et leur offrir généreusement l’hospitalité. Avraham se presse au péril de sa vie, au secours de Loth pris en captivité, et intercède auprès de l’Eternel en faveur des habitants de Sodome et Gomorrhe. Le patriarche Isaac par contre, mène une vie empreinte de la rigueur de la justice ; celle de la déférence qu’il vouait à l’Eternel, allant jusqu’à l’ultime sacrifice. Connaissant les égarements de son fils Esaü, il voulait néanmoins lui octroyer les bénédictions qui lui reviennent de par son droit d’aînesse. Ayant appris que Yaakov avait acquis le droit d’aînesse de son frère Esaü, Isaac conforta Yaakov dans sa légitimité d’avoir dépossédé son frère des bénédictions. L’attitude du patriarche Isaac témoigne en toutes circonstances de sa vie, de la force de la loi qui prévalait avant toute autre considération. Le patriarche Yaakov fait preuve d’un tempérament mitigé où l’abondance de bonté et la rigueur de la justice cohabitent en harmonie, pour donner naissance à la séphira, au canal appelé ‘’tif’ereth’’. Yaakov représente à la fois la force et l’ardeur de l’amour. Il travaillera quatorze longues années auprès de Lavan par amour pour Rachel. Et comme dit la Thora :’’Toutes ces années furent à ses yeux comme quelques jours, tant son amour était intense’’(Gen. XXIX – 20). Plus tard, Yaakov voua une grande affection à son fils Joseph, l’aîné de sa bien-aimée Rachel. Confronté à la tromperie et à l’ingratitude de son beau-père Lavan, Yaakov ne manqua pas d’observer scrupuleusement le devoir et les exigences que réclamait son travail au service de Lavan. Il n’a eu de cesse de répondre aux ruses et aux tromperies de son beau-père, par le dévouement et la fidélité à la tâche qui lui incombait. Ainsi, l’histoire des luttes qu’il a menées durant son existence, atteste de sa volonté de rechercher l’équilibre et l’harmonie pour faire triompher tout à la fois la bonté et la justice. C’est pour cela que l’attribut de vérité qui forme le sceau de l’Eternel ‘’emeth’’, lui est conféré. Yaakov a su canaliser le flot tumultueux et abondant de l’amour, en le tempérant par la rigueur de la justice. A cette trilogie du hessed – bonté, de la guévoura, din – rigueur et justice, et la tif’ereth – la splendeur, l’harmonie, qui forment un triangle orienté vers le bas et qui représentent les attributs fondamentaux – correspond un triangle réservé au peuple d’Israël, celui de netsah – pérennité, de hod – magnificence, et de yessod – fondement. Netsah est un attribut incarné par Moché Rabbenou, par Moïse notre Maître, dépositaire de la Thora offerte au peuple d’Israël, et qui constitue le vecteur du flux intarissable de la sagesse de la vie. La Thora est source de la pérennité de l’humain. Aussi, l’élection de Moïse est due à l’attribut de netsah qui le caractérise. Aaron le Grand-Prêtre, représente par contre de par son sacerdoce, le culte rendu à l’Eternel dans le lieu et le moment désigné : d’où l’attribut de hod – la magnificence. Au flot de l’enseignement de la Thora qui s’inscrit dans l’éternité des temps et qui est représenté par Moché Rabbenou, vient en vis-à-vis le culte sacerdotal dans toute son ampleur, ordonné et exécuté selon des principes et des règles établis dans le moindre détail. La sainteté et la sagesse de la Thora sans limites, sont mises en opposition avec le Temple, lieu délimité de la résidence de la présence divine. L’équilibre de ces deux extrêmes en apparence, donne naissance à l’attribut de yessod – fondement. En d’autres termes, l’enseignement de la Thora et le culte rendu à l’Eternel, le sacerdoce, font émerger le mode de vie à suivre, fondement de la conduite et de l’ordre établis dans le monde de l’action. La Thora infinie, netsah, s’exprime dans le sacerdoce, le hod, la magnificence, et se déploie dans la vie qui fonde notre existence, représentée par l’attribut de yessod. Celui-ci se retrouve chez Yossef Ha Tsadiq. Confronté à ses frères et livré à lui-même, Yossef est le symbole du fondement représentant le lien entre Moché Rabbenou dépositaire de la Thora et de la pérennité qui la caractérise, et du Grand-Prêtre Aaron qui évoque le Temple et le culte sacré rendu à l’Eternel. La dernière séphira est appelée ‘’malkhouth – royauté’’. Elle est représentée par le roi David dont la vie fut consacrée à la réunion du peuple juif sous une même bannière, en vue d’établir le règne de D… sur terre. Il voua son existence à être le serviteur de l’Eternel. A travers ses prières et ses cantiques, il tente de révéler la royauté de D… sur terre à toutes les créatures. Les aspirations du roi David s’apparentent à l’attribut de royauté qui constitue le lieu de passage et le véhicule des six attributs qu’elle canalise. Ainsi donc, le hessed, la guevoura (le din), et tif’ereth ; le netsah, le hod et le yessod ; convergent vers le malkhouth et passent comme au travers d’un canal pour se répandre dans le monde. C’est cette image qui reflète le passage de la fête de Pessah qui aboutit à la fête de Chavouoth. Pour compléter notre étude, rappelons les trois premières séphiroth : keter, hokhma, bina – la couronne, la sagesse, le discernement, qui désignent les fondements de la connaissance. Elles sont présentées sous forme de triangle dont le sommet est dirigé vers le haut.
Tu choisiras la vie Le verset de la Thora dit : ‘’Vois, Je place devant vous aujourd’hui la vie et la mort, le bien et le mal, tu choisiras la vie’’. La Thora nous offre le choix et nous invite à pencher pour la vie. Cette invite montre bien que la Thora accorde la primauté à la vie, que le respect de la vie humaine est absolu, que la vie est sacrée , inviolable. Cette valeur infinie de la vie résulte du fait qu’elle est un don de D…, un acte d’amour. A cet homme fait à l’image et à la ressemblance de D…, à cet homme animé de vie, est donnée la Thora, une Thora de vie. La relation entre l’homme et la Thora est illustrée par cet enseignement talmudique : ‘’La mort de l’homme équivaut à un rouleau de la Thora qui se consume par le feu’’. On trouve également un autre enseignement qui établit la relation entre le corps humain et le Temple, d’où émane la parole divine. Ainsi donc, soigner le corps, c’est permettre à l’homme de servir D… et l’humanité. Car la vie de l’homme donne corps à la parole divine et la rend présente, éternelle. C’est pourquoi, lorsque la vie de l’homme se trouve menacée un jour de Chabbath ou en toute circonstance, il est permis de préserver la vie humaine. Ce qui explique par ailleurs ce que disent les Sages à propos de la présence divine qui siège sur la face du malade ; d’où le devoir de visite au malade et la tradition de recouvrir le visage du mort . Alors, lorsque la parole de l’homme est étouffée par le mal, nous devons tout faire pour soulager sa plainte lancinante, car cette souffrance déchire l’image de la bonté divine. Ainsi, le même respect qui nous anime devant un rouleau de la Thora, nous devons le témoigner devant un être souffrant et tout faire pour le soulager. La Thora a élevé au rang d’une institution légale , nationale et collective, la prophylaxie hygiénique. C’est pourquoi la médecine juive a un caractère essentiellement prophylactique avant d’être thérapeutique. Et c’est là l’objet visé indirectement par les mitzvoth de la Thora à travers ce verset extrait du chémaa : ‘’Vous accomplirez toutes mes prescriptions et vous serez saints’’. Car ces mêmes prescriptions qui entourent notre vie pour la sanctifier, servent en même temps de bouclier à notre santé physique. Voilà pourquoi la prévention de la maladie devient la préoccupation dominante de la médecine hébraïque, telle que l’hygiène sexuelle que l’on retrouve à travers la mitzva de la circoncision, des lois de pureté familiale, ou encore l’hygiène sanitaire à travers les lois alimentaires , l’hygiène sociale dans le respect de la célébration du chabbath et des fêtes, de ses conséquences et de ses prolongements, l’hygiène mentale de la recommandation de l’étude, de l’accent qui est mis sur l’éducation , dans l’écologie, dans l’économie etc… Toutes ces lois confèrent au peuple juif une vigueur et lui assurent une chaîne de générations saines d’esprit et de corps. Il faut souligner qu’un des principes de base de la médecine hébraïque, c’est la conception unitaire de l’être humain dont le corps et l’esprit forment un tout inséparable. L’intoxication par des aliments impurs altère son âme et son corps. Cette interdépendance de l’âme et du corps, doit être prise en considération dans la thérapeutique médicale, car cette unité concerne tant le cœur et l’esprit que l’intelligence et le sentiment, que le conscient et l’inconscient , que la volonté et le rêve, que la justice et la charité, que l’individu et la collectivité. Il est un autre principe essentiel. C’est que la Thora de vie est donnée à l’homme sur terre et s’adresse à l’homme en tant que tel. Comme dit le verset de la Thora : ‘’La Thora n’est pas dans le ciel ou au-delà des mers’’, ce qui veut dire en des lieux inaccessibles, ‘’elle est là présente , elle doit se trouver dans la bouche et dans le cœur pour être accomplie chaque jour’’. Aussi, quoi qu’il arrive, l’espoir demeure toujours en D… et ne doit jamais être exclu. Même lorsque l’homme, le médecin se trouve impuissant devant la maladie qui frappe son semblable, devant un malade condamné, il faut continuer d’espérer en la vie et la défendre jusqu’au dernier souffle. Le verdict est divin et nul médecin ne peut s’arroger le pouvoir qui n’appartient qu’à D… L’avenir n’appartient qu’à D… La vraie morale c’est la défense de la vie. C’est pourquoi la Thora proclame que les mitzvoth sont données aux hommes pour qu’ils vivent. Une morale qui s’opposerait à la vie devient inhumaine. La tradition juive demande au médecin d’être ‘’néeman vé rakhman’’. Néeman, un homme de conscience, de science ; rakhman, un homme charitable qui aime son malade comme lui-même, un homme de cœur. Les serments et les prières composées par nos Sages à l’intention des médecins, montrent d’une façon éclatante l’influence de l’éthique dans le domaine médical. Ces serments ont contribué grandement à l’éthique médicale internationale.
Grand Rabbin Chalom Benizri.
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