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Les tefiline, phylactères La Thora établit à deux reprises le lien entre la prescription relative aux tefiline, phylactères, et la sortie d’Egypte. En premier : ‘’Et tu porteras comme symbole sur ton bras et comme mémorial entre tes yeux, afin que la doctrine de Hachem reste dans ta bouche, que d’un bras puissant Hachem t’a fait sortir d’Egypte’’. En second : ‘’Et il sera écrit comme symbole sur ton bras et comme fronteau entre tes yeux, que d’une main puissante Hachem nous a fait sortir de l’Egypte’’. ‘Ex. XIII – 9 & 16). Rabbenou Chemouel bar Meïr, Rachbam, donne un sens littéral à ces versets et considère que ‘’le signe sur la main’’ offre l’image d’un écrit à même la main, telle l’expression du roi Salomon : ‘’Place-moi comme un sceau sur ton cœur’’ (Cant. Des Cant. VIII – 6), et d’autre part ‘’comme un fronteau entre tes yeux’’ est tel un bracelet en or porté communément au front en guise de parure . Rachbam souligne ainsi l’intention contenue dans le port des tefiline comme étant une manifestation extérieure en vue de l’éducation de l’homme. Nos Sages voient en tout acte prescrit par la Thora, un enseignement fondamental visant à l’enracinement des principes de foi, l’unicité de D… et son règne sur la création. Alors que l’offrande de l’agneau pascal et les commandements qui s’y attachent, enracinent par leur pratique la foi en le cœur de l’homme une fois l’an, la prescription relative aux tefiline joue le rôle d’un élément permanent et constant, servant de moyen préventif du bon penchant de l’homme et comme soutien contre les pulsions instinctives qui l’habitent . Maïmonide dit : ‘’Tant que les tefiline sont portés sur la tête et au bras, la personne demeure humble et craignant l’Eternel, elle est préservée de la légèreté, de la moquerie, de paroles vaines et de mauvaises pensées. Son cœur est porté vers la vérité et la justice’’. Cet enseignement de Maïmonide prend source dans le Talmud (traité Menakhot 43 b) où Rabbi Eliezer Ben Yaakov dit : ‘’Celui qui a les tefiline sur la tête et le bras, les tsitsioth dans son vêtement et la mezouza à sa porte, est assuré de ne pas transgresser la loi’’. Les livres de Hassidouth précisent que l’intention prédominante chez nos Sages à travers ces mots, est de nous faire prendre conscience du sens profond des tefiline qui doivent être dans la tête , et de ne point se contenter de les poser sur la tête ; c’est alors seulement que la personne est assurée de ne pas sortir du cadre de la Loi. N’est-ce pas là une forme de libération de l’asservissement à nos mauvais penchants et à toute forme de pressions qui nous guettent, de l’intérieur comme de l’extérieur, pour nous retenir dans les limites de notre ego. Comme enseigne le Sefer Ha Hinoukh : ‘’L’homme fait de matière est entraîné, par la force des choses, par ses instincts, l’âme dont le créateur l’a doué n’arrive pas à le retenir sur la voie du mal. Mais hélas, l’âme séjourne dans le monde matériel où se trouve l’homme, loin, très loin de la source dont elle émane ….. Aussi, l’Eternel, dans le but de nous purifier, nous a-t-il donné de nombreuses mitzvoth. Il a ordonné que les paroles de la Thora ne tarissent pas dans notre bouche, jour et nuit, que nous portions des franges aux quatre coins de nos vêtements, que nous fixions une mezouza à notre porte, des tefiline sur notre bras et sur notre front. Tous ces symboles doivent nous rappeler constamment à l’ordre ; nous apprendrons ainsi à retirer nos mains de la violence et à ne pas nous laisser égarer à la suite de nos yeux et des penchants de notre cœur. Aussi, les Cohanim et les Lévites, pendant leur service au Temple, sont-ils exemptés de la mitzva des tefiline. La base essentielle de cette mitzva étant telle, nous devons concentrer toute notre attention sur les tefiline, être toujours conscients de leur présence sur notre bras et à notre front !’’. L’auteur du Sefer ha hinoukh , livre de l’éducation (intitulé ‘’Les 613 commandements’’ dans la traduction française) clôture son exposé en adressant ces mots au lecteur : ‘’Et maintenant, comprends, ô mon fils, quel est le pouvoir de ton corps sur ton esprit, à tel point que malgré la présence de ces symboles sacrés, on n’est pas toujours à l’abri des mauvais penchants. Que D… dans sa miséricorde te vienne en aide et te protège contre ces menaces’’.
Shéma’a ‘’Ce sera alors pour toi un signe sur ta main et un souvenir entre tes yeux, afin que la Thora de l’Eternel soit dans ta bouche, puisque c’est d’une main forte que l’Eternel te fit sortir d’Egypte’’ (Ex. XIII – 9). Le chapitre XIII du livre de l’Exode figure sur les parchemins des tefiline conjointement aux deux premières parties du Shéma’a, extrait du livre du Deutéronome (chap. VI - 4 à 9 , et chap. XI – 13 à 21). Ceux-ci présentent en commun l’injonction mentionnée: ‘’ce sera un signe sur ta main et des marques entre tes yeux’’, qui constituent le fondement de la pratique des mises des tefiline (phylactères) du bras et de la tête. La Thora recommande la récitation du Shema’a matin et soir. Du moins selon les termes de la loi, dictés par la Thora, l’on est tenu de réciter, le verset : ‘’Ecoute Israël l’Eternel, notre D…, l’Eternel est Un’’. L’accent mis sur cette pratique montre à l’évidence que ces textes renferment des fondements de premier ordre. Examinons ce que contiennent ces quelques premiers versets du Shema’a, qui nous sont très familiers et bien connus de tous. L’étude attentive laisse apparaître trois volets dans ce texte composé de six versets. ‘’Ecoute Israël l’Eternel, notre D…, l’Eternel est Un’’ Ce premier verset énonce le fondement de la foi en l’unicité de notre D… en sa qualité d’éternité, en sa toute puissance et en sa véracité à nulle autre pareille. ‘’Tu aimeras l’Eternel ton D…, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toutes tes forces’’ Ce deuxième verset nous ordonne l’amour de D… La personne animée de la croyance en l’existence divine, ne peut se contenter de proclamer l’unité de D…, elle doit se donner à la volonté de D… sans réserve avec son esprit et son cœur. C’est ce dévouement spirituel que nos Sages appellent ‘’kabalath ol malkhouth chamaïm ‘’ prendre sur soi le joug de la royauté divine’’. Nos Sages précisent que l’amour de D… repose sur les actes que l’homme accomplit dans sa vie, à savoir, les prescriptions de la Thora ‘’les mitzvoth’’ et les bonnes œuvres ’’maassim tovim’’. C’est par ce biais que l’on acquiert l’amour de D… Celui-ci stimule nos actes au service du divin. ‘’Ces paroles que je t’ordonne aujourd’hui seront sur ton cœur. Tu les répéteras à tes enfants ; tu en parleras quand tu resteras dans ta maison et quand tu partiras en chemin ; à ton coucher et à ton lever.’’ Ces troisième et quatrième versets sont consacrés à l’étude de la Thora tant pour notre instruction personnelle que pour leur transmission à nos enfants. La Michna (Péa I, 1) stipule que le devoir d’étudier la Thora contrebalance tous les autres. L’étude de la loi écrite et de la loi orale est nécessaire pour assurer une véritable éducation juive. Maïmonide dit : ‘’Tout Juif est requis d’étudier la Thora, qu’il soit pauvre ou riche, en bonne santé ou malade, jeune ou vieux et faible. Même un homme si pauvre qu’il ne peut vivre que de charité, comme celui qui doit subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants, tout le monde a l’obligation de réserver une période définie pendant le jour et pendant la nuit pour l’étude de la Thora… Jusqu’à quel âge doit-on étudier la Thora ? Jusqu’au jour de sa mort’’ (Mishneh Thora 1 : 8, 10). La connaissance de la Thora mène à l’amour de D… C’est à travers l’étude que nous découvrons les attributs de D… et sa volonté. A l’exemple de la personne appelée à voter pour élire un candidat à un poste gouvernemental ; elle ne peut le connaître, l’apprécier et l’aimer que si elle prend connaissance de ses pensées et ses objectifs. Comme dit le prophète Jérémie (chap. IX – v. 23) :’’Que celui qui se glorifie, se glorifie uniquement de ceci : d’être assez intelligent pour me comprendre et savoir que je suis l’Eternel exerçant la bonté, le droit et la justice sur la terre, que ce sont ces choses là auxquelles je prends plaisir, dit l’Eternel’’. Par ailleurs le Talmud conclut ainsi la controverse relative à la primauté à accorder à la pratique ou à l’étude : ‘’Un jour que Rabbi Tarfon et des anciens étaient assemblés dans une maison de Lod, la question suivante leur fut posée : Est-ce que l’étude est plus importante que les actes, ou le contraire ? -Les actes sont plus importants, répondit Rabbi Tarfon. -L’étude est plus importante, répondit Rabbi Akiva. Tous les autres furent d’avis que c’est l’étude qui est primordiale, car elle mène à l’action.’’ (Kiddouchin 40 b) ‘’Tu les attacheras en signe sur ta main et elles seront en témoignage entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et de tes villes.’’ Ces deux derniers versets renferment deux commandements spécifiques, celui des tefiline et celui de la mezouza. La place accordée à ces deux ordonnances montre à l’évidence que le moyen de s’attacher à l’étude de la Thora passe par la mise en pratique de ces deux impératifs.Ainsi donc la pensée essentielle qui ressort de ce texte est d’avoir la foi en l’Eternel et de l’aimer au moyen de l’étude de la Thora ; et l’attachement à celle-ci s’obtient par la mise des tefiline qui constituent un signe et un rappel de l’enseignement de la Thora. De même en ce qui concerne la mezouza, qui appelle à l’entrée comme à la sortie du lieu où l’on demeure, à la nécessité de la connaissance de la Thora. Un dernier conseil ! Si tu veux vraiment que tes fils étudient la Thora, étudie toi-même en leur présence. Ils suivront ton exemple. Autrement, ils n’étudieront pas eux-mêmes, mais se contenteront de dire à leurs enfants d’étudier la Thora. (Rabbi Menahem Mendel de Kotzk)
La triple bénédiction des prêtres Il est une tradition qui consiste pour le cohen appelé à prononcer la triple bénédiction des prêtres, de réciter cette prière avant de procéder à la réalisation de la mitzva de birkat cohanim, ordonnée par la Thora. Le cohen se tient face à l'arche et dit: ''Notre D.. et D... de nos pères, fais que cette bénédiction que Tu nous as ordonné d'adresser à ton peuple Israël, soit parfaite. Que maintenant ni jamais ne s'y trouve ni entrave, ni faute''. Cette supplique adressée en ces termes au moment où le cohen s'apprête à prononcer le birkat cohanim, est très étonnante. En effet, de quelle entrave et de quelle faute peut-il s'agir, en cet instant où le cohen s'apprête à accomplir la mitzva? Quel danger pourrait bien le guetter en ce moment? Serait-ce la crainte de ne pas réaliser la miotzva avce l'intention souhaitée? Un tel danger n'est-il pas à craindre pour toute autre ordonnance de la Thora? Peut-être que la préoccupation du prêtre vient du fait qu'il doit dispenser la bénédiction avec amour. Comme il l'énonce :''... Tu nous as ordonné de bénir ton peuple Israël avec amour'', craignant de faillir à cela par une hypocrisie et qu'il le fasse de manière nonchalante, détachée, sans un intérêt réel et sans amour pour l'assemblée des fidèles. Ce qui entraîne alors la nullité de la mitzva et de la bénédiction qu'elle véhicule. L'amour pleinement sincère dont il doit faire preuve à l'égard de l'assemblée, est une condition sine qua non pour la réalisation de la mitzva. Cela explique le pourquoi dans la diaspora , la tradition s'est répandue pour le cohen dans les sept jours de deuil (pour les ashkénazes, les douze mois de deuil), de ne pas gravir les marches pour se tenir devant l'arche sainte et prononcer la bénédiction des prêtres les jours non fériés, ni même le chabbat, mais uniquement les jours de fête. Ce qui est étonnant, car la bénédiction des prêtres est une ordonnance de la Thora, et la personne en deuil a l'obligation de les respecter, même dans les sept premiers jours. Et en ce qui concerne l'ordonnance de la bénédiction des prêtres, selon le rite ashkénaze, il est recommandé au cohen durant l'année de deuil, de ne pas faire la bénédiction des prêtres. La raison de cela se trouve exprimée dans ce verset: ''Tov ayin ou revareckh'' - ''C'est celui qui est dans un état de bonheur qui est habilité à dispenser la bénédiction''. C'est le souci de cet état d'âme, de la quiétude et la plénitude, qui doit l'habiter en cet instant pour pouvoir dispenser la bénédiction et s'assurer de la pleine réalisation de la mitzva. C'est de cette pensée que le cohen est animé et il appelle l'Eternel de tous ses voeux pour y parvenir. Seule la vibration d'une joie profonde peut communiquer la bénediction , parce qu'elle en est un support...
Grand Rabbin Chalom Benizri.
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