Metsora: le mécanisme 
Pureté et impureté peuvent être associés à un "courant de vie" et un "champ de mort".
Le lien est palpable entre les 2 même si il n'explique pas tout.
 
La parasha traite, en grande partie, des règles de pureté et d'impureté: allergies, menstruation, gonorrhee. Ces règles sont incompréhensibles car, comme le souligne Maimonide (introduction au Seder Taharot), ces règles de vie touchent à des sujets qui dépassent la logique humaine. Les traités de pureté et d'impureté (kodashim-taharot) seraient-ils plus complexes que les développements les plus subtils de la Torah orale ? Oui. Car ce sont probablement les seuls ou il est impossible de suivre un fil conducteur qui permette d'intégrer une logique inhérente. Impossible d'appliquer la logique du Asham (sacrifice expiatoire) au khatate par exemple, et vice-versa. 

Dans ce contexte-la, pouvons-nous extraire quelque schéma cohérent de cette section hebdomadaire ? Oui, au moins un. Pureté et impureté font partie d'un ensemble plus large dans la Thora: la vie et la mort. Ces 2 pôles représentent 2 réalités qui structurent tout de même Bien et Mal, Pureté et Impureté. Le problème: ces notions sont imbriquées l'une dans l'autre à la manière de l'électricité et du magnétisme. Un champ magnétique apparaît lorsque un courant électrique (traversant un métal) subit un un changement radical (s'arrête par exemple). De même, une "mort" apparaît lorsque un courant de "vie" subit un changement sec. La mort n'est donc pas impure en soi, elle devient "champ" impur car un élan de vie (de pureté) existait et a cessé.

Plus intéressant: le degré d'impureté est fixé en fonction de la puissance de vie présente auparavant. Au plus le courant de vie est fort, au plus son arrêt brutal (la mort) est impur. Si le degré de vie perdu est moindre, le degré d'impureté est largement inférieure. C'est ainsi que nous pouvons comprendre, plus aisément, les règles relatives à la menstruation (dites "Nida"). Il existe un degré d'impureté car un potentiel de vien'a pas été exploité. Ce courant biologique a subi une "mini-destruction" de vie (tissus et cellules sont éjectés) qui induit un mini "champ" de mort (donc d'impureté). Mêmes effets que notre mécanisme électrique mais à moindre échelle.
 
La Guemara (Taanit 2, recto) raconte que 3 clés sont détenues uniquement par D'ieu. Celles de la pluie, de l'accouchement et de la résurrection des morts car Il est Présent lors de ces 3 tournants majeures. À la lumière de ce que nous avons étudié, l'impureté succédant l'accouchement est évidente. L'impureté n'est pas causée par l'émergence d'une nouvelle vie parmi nous (le bébé), bien au contraire. Elle est provoquée par le "départ" subi de D'ieu. Ce fossé énorme séparant la haute de la basse tension, le potentiel de vie du potentiel de mort conduit au statut impur. Enfin, rappelons nous que cet effort de dessiner une "logique pureté-impureté" ne répond pas à toutes les questions. Souvenons nous des paroles du roi Salomon au sujet de l'impureté liée à la vache rousse (Kohelet 7, 23): "J'ai pensé être sage mais la vérité est toujours loin de moi".
 
Bonne année,
 
Lionel Benizri.