Plusieurs lectures de la Meguila existent. Quelle est la votre ?
L’histoire de Pourim est connue. Au retour des Judeens en terre d’Israel après un exil septuagenaire, une tentative d’extermination totale est lancée. Mais celle-ci doit s'appuyer sur un prétexte crédible. Lorsque Mordechai refuse de se prosterner devant Aman, le peuple juif devient la cible première du roi Xerxes (appelé Assuerus). Le tournant clé de la Meguila reside, par conséquent, dans la non-soumission de Mordechai. Pourquoi refuse-t-il d’honorer le grand ministre Aman ben Amedata? 5 réponses possibles.
La premiere suggère qu’Aman se prend pour un D’ieu. Mordechai en a l’intuition profonde et refuse se prosterner devant un homme-D’ieu. Pourtant, il est impossible que quiconque sache l’importance divine que s’octroie Aman – sous peine d’etre mis a mort par le Roi. Cette lecture de Rashi suppose donc que Mordechai est un prophète. Il connaît intuitivement la nature d'Aman.
La seconde met en exergue la problematique païenne que présente Aman. Celui-ci porte différentes emblèmes idolâtres sur sa poitrine (coutume antique encore en usage chez les Ecclesiastes grecs). Mordechai, observant la Halacha a la lettre, ne peut en aucun cas se prosterner devant cette figure. Cette lecture (Ibn-Ezra, XIeme) propose de dessiner Mordechai en “sage”, digne dépositaire de la Torah de Moise.
La troisieme rappelle le contexte historique de la rivalité israelo-assyrienne. Mordechai – représentant des Judeens exilés a Babylone – oeuvre aupres du Roi Xerxes a la reconstruction de Jerusalem, conformément au décret accordé aux judeens par un autre roi perse (Cyrus), quelques années auparavant. Aman, lui, est dirigeant d’une autre province perse – l’Assyrie (capitale: Samarie) et il entend bien empêcher le retour des judeens sur leur terre. Cette lecture politico historique présente Moredechai comme activiste sioniste.
La quatrieme s’articule autour de l’exemption accordée aux juifs de se prosterner devant differents gouverneurs. Plus precisement, il s’agit d’une règle, en vigueur sous les empires ottoman et perse, qui octroyait au chef de la communauté juive un statut special par respect pour le “premier peuple ayant accédé a la liberté”. Cette lecture explique, par ailleurs, pourquoi Aman n’exige pas l’exécution de Mordechai –exempt de se prosterner de par son statut. Cette interprétation (Italie, XVIeme) fait de Mordechai un dirigeant communautaire en diaspora.
La cinquieme choque souvent. Elle considère Mordechai et Esther comme des juifs totalement assimilés. Mordechai est un nom “goy” (Mardouch est le "D’ieu du tonnerre") et Esther aussi (Ishtar est la version babylonienne d’Astartée – "Déesse des astres"). De plus, personne n’est au fait de la judéité de cette fille qui intègre le palais royal. Dans ce cas, pourquoi Mordechai refuse-t-il d’honorer un chef d’état ? Car Aman a pris sa place. Mordechai attend une promotion après avoir sauvé le roi d'un complot fomenté par Bigtane et Teresh. Mais à sa place, le poste de Grand Vizir est attribué à Aman devant lequel Mordechai, vexé, ne se prosternera pas. Aman rage et, au lieu d'une punition individuelle, envisage l'extermination de tout un peuple. Intéressant il est de constater que c'est à ce moment précis que Mordechai et Esther réintègreront leur identité juive (la meguila les appèlera désormais Mordechai Ha-Yehudi et Hadassah - nom juif d'Esther).
5 options possibles, 5 clés de compréhension probables. Incroyable ! Un juif peut-il être prophète, sage, sioniste, président communautaire et assimilé à la fois ? Probablement pas. Si la Meguila juge nécessaire de laisser une clé de lecture à chacun, c'est parce que chaque juif en cache un autre. À nous de dévoiler (Meguila=dévoilement) ce qui est caché (Esther=caché)...
Pourim Sameach,
La seconde met en exergue la problematique païenne que présente Aman. Celui-ci porte différentes emblèmes idolâtres sur sa poitrine (coutume antique encore en usage chez les Ecclesiastes grecs). Mordechai, observant la Halacha a la lettre, ne peut en aucun cas se prosterner devant cette figure. Cette lecture (Ibn-Ezra, XIeme) propose de dessiner Mordechai en “sage”, digne dépositaire de la Torah de Moise.
La troisieme rappelle le contexte historique de la rivalité israelo-assyrienne. Mordechai – représentant des Judeens exilés a Babylone – oeuvre aupres du Roi Xerxes a la reconstruction de Jerusalem, conformément au décret accordé aux judeens par un autre roi perse (Cyrus), quelques années auparavant. Aman, lui, est dirigeant d’une autre province perse – l’Assyrie (capitale: Samarie) et il entend bien empêcher le retour des judeens sur leur terre. Cette lecture politico historique présente Moredechai comme activiste sioniste.
La quatrieme s’articule autour de l’exemption accordée aux juifs de se prosterner devant differents gouverneurs. Plus precisement, il s’agit d’une règle, en vigueur sous les empires ottoman et perse, qui octroyait au chef de la communauté juive un statut special par respect pour le “premier peuple ayant accédé a la liberté”. Cette lecture explique, par ailleurs, pourquoi Aman n’exige pas l’exécution de Mordechai –exempt de se prosterner de par son statut. Cette interprétation (Italie, XVIeme) fait de Mordechai un dirigeant communautaire en diaspora.
La cinquieme choque souvent. Elle considère Mordechai et Esther comme des juifs totalement assimilés. Mordechai est un nom “goy” (Mardouch est le "D’ieu du tonnerre") et Esther aussi (Ishtar est la version babylonienne d’Astartée – "Déesse des astres"). De plus, personne n’est au fait de la judéité de cette fille qui intègre le palais royal. Dans ce cas, pourquoi Mordechai refuse-t-il d’honorer un chef d’état ? Car Aman a pris sa place. Mordechai attend une promotion après avoir sauvé le roi d'un complot fomenté par Bigtane et Teresh. Mais à sa place, le poste de Grand Vizir est attribué à Aman devant lequel Mordechai, vexé, ne se prosternera pas. Aman rage et, au lieu d'une punition individuelle, envisage l'extermination de tout un peuple. Intéressant il est de constater que c'est à ce moment précis que Mordechai et Esther réintègreront leur identité juive (la meguila les appèlera désormais Mordechai Ha-Yehudi et Hadassah - nom juif d'Esther).
5 options possibles, 5 clés de compréhension probables. Incroyable ! Un juif peut-il être prophète, sage, sioniste, président communautaire et assimilé à la fois ? Probablement pas. Si la Meguila juge nécessaire de laisser une clé de lecture à chacun, c'est parce que chaque juif en cache un autre. À nous de dévoiler (Meguila=dévoilement) ce qui est caché (Esther=caché)...
Pourim Sameach,
Lionel Benizri