Vayikra (06/03/2014)
Le livre de Vayikra detaille le "comment" se rapprocher de D'ieu.
Il distingue généralement les rationalistes (Rambam) des métaphysiciens juifs (Halevi).
Pourquoi ouvrir un nouveau livre ? Pourquoi a-t-il fallu séparer les 5 livres du pentateuque ? Il s'agit, bien sur, de 5 niveaux de révélations différentes mais tentons une réponse plus simple et schématique. Bereshit raconte le "quoi", l'origine physique et les débuts de l'humanité. Shemot, lui, se concentre sur le "pourquoi", le livre s'ouvre par "Et voici les shemot (buts-objectifs)...qui sont arrivés en Égypte". Vayikra exprime le "comment", de quelle manière exacte rendre un sacrifice à D'ieu ou encore comment se débarrasser de la lèpre. Il s'agit de commandements qui souvent dépassent la logique humaine, d'où le fossé que ce 3ème livre a crée entre 2 écoles de pensée juive médiévale. Nous les appèlerons les "rambamistes" et les "halevistes".
Le Rambam est connu, souvent considéré comme le chevalier vénérable des juifs rationalistes. Le trait humain le plus important est, selon lui, la raison. Il a ciblé le "tselem elokim" (prérogative de divinité) comme étant cette intelligibilité. Il est donc facile de s'identifier avec d'autres cultures puisque le judaïsme n'a pas le monopole de la sagesse. Qu'ils s'appellent Newton, Aristote ou Kant, le tout est -je cite- d'extraire la vérité de son auteur (Ibn falkura, élève du Rambam). Dans la pensée de Maimonide, le rationalisme conduit à l'universalisme.
Rabbi Yehuda Halevi présente une conception complètement différente. Le trait divin n'est pas l'intelligence ou la sagesse mais bien ce qu'il appelle le "inyan elo-ki", la capacité de l'homme à dépasser les frontières de la raison. Pour lui, il est évident que cette étincelle divine est la marque de fabrique du peuple d'israël - uniquement. Il en résulte que seul l'état juif est porteur de cette étincelle divine au niveau national.
Êtes vous plutôt rambamiste ou haleviste ? Revenons à notre parasha pour trancher. Vayikra mets en exergue plusieurs mitsvot qui dépassent l'entendement. Le débat central se situe, par conséquent, autour de la fonction que doit remplir la Mitsva-l'acte. Pour rabbi Yehuda Halevi, les actes donnent à la Emouna son sens profond. Le Kuzari (grand ouvrage d'Halevi) est indifférent au débat théologique et déplace le cœur du juif vers le champ de l'action.
Le Rambam pense, de nouveau, à l'inverse. Il voit les mitsvot comme des canaux vers la perfection de l'âme - à savoir - la pensée philosophique qu'il y'a derrière. Ce sont, pour Maimonide, les actes qui nourrissent la pensée.
Nous suggérons donc, avec beaucoup de modération, que notre "intuition haleviste" aura plus de facilité à se relier aux grands thèmes de notre livre (le service sacerdotal, la lèpre, la sainteté, la terre) que la logique cartésienne qui est en nous.
Shabbat shalom,
Lionel.