Tetsavé : La Communauté (06/02/2014)


Le don authentique ne connait pas de reconnaissance ; il sert aux tâches quotidiennes.

Le Mishkan est la maison spirituelle de TOUTE l’assemblée d’Israël.                                  

L’ouverture de notre parasha est très troublante : la spontanéité de la communauté y est remise en cause. En effet, D’ieu « ordonne » aux enfants d’Israël une offrande d’huile. Pourquoi est-il nécessaire de les « obliger » à présenter de l’huile au Beth Hamikdash ? Alors que dans la parasha précédente, nous partions du principe que l’argent, l’or et le cuivre seront apportés par chacun selon ses moyens. En d’autres termes, en quoi l’huile est différente des autres éléments ? Réponse : l’huile sert aux tâches quotidiennes (l’allumage du candélabre) alors que l’or, l’argent, les tissus eux sont là à tout jamais (ustensiles du beth hamikdash). Offrir une Parokhet, les murs d’une école : le peuple s’y attèlera « instinctiement ». Payer des repas d’enfants, faire don de ce qui ne sera plus demain : c’est beaucoup plus difficile, bien moins « naturel » sur le plan humain. Le texte a vu ce phénomène venir et précise donc volontairement qu’à l’inverse des produits matériels (où chacun apporte sa pierre à l’édifice), il est capital de « spontanéiser » le geste généreux même si celui-ci n’a « aucun » impact sur le long terme.

Deuxième sujet passionnant : les vêtements du Grand Prêtre. Ceux-là ont pour fonction d’être un « imaginaire de sainteté » en opposition avec les tentations pècheresses de notre monde. Ces 8 vêtements (Madim en hébreu) partagent la même racine que le mot MidotVertus. Car les vêtements sont à la mesure du corps tels les Vertus à la mesure de l’être. Il est donc logique de voir ce « octo-habit » couvrir 8 penchants négatifs chez l’homme (le caleçon du Cohen contient l’instinct de débauche, la tunique-l’homicide, le chapeau blanc-l’orgueil, Le diadem s’oppose à l’effronterie, etc). Mais pourquoi 8 vêtements ? Probablement pour rappeler que cet Homme (le grand prêtre), ce temple, ce peuple dépassent les frontières de la nature. Le Maharal nous enseigne en effet que le chiffre 7  représente la nature : 7 jours de la création, 7 points de l’espace qui forment notre monde tridimensionnel. Le 8, par contre, surmonte la nature. Il a une dimension supérieure. La racine du chiffre Shmoné est Shemenl’huile, qui surnage au-dessus des liquides et qui est justement rappelée abondamment dans la parasha. Cette dimension « surnaturelle » est la prérogative d’Israël – peuple qui traverse les époques.

Enfin, un mot sur le nouvel autel du Mishkan : le Mizbah Ha-Ketoret. Sur cet autel, qu’on ne peut pas éviter dans le Tabernacle, est présenté l’encens. Sa fonction première est de « parfumer » le Mishkan. Ce qui est très étrange étant donné qu’un des éléments de l’encens ne sent pas bon. Il pue. Mais, lorsque cette odeur particulière – le Helbena- est mêlée aux autres, ça sent bon. Cela cache un enseignement de taille. De la même manière que l’encens est composé de bonnes et moins bonnes odeurs, la communauté d’Israël comprend toutes sortes de juifs. C’est l’idée même du TziBouR (communauté) – Initiales de Tzadikkim, Beynonim et Rechaïm. Or, on ne peut venir devant l’Eternel qu’au nom de tout Israël, y compris les réchaïm. Si on ne fait pas participer tout le Tzibbour au culte de D’ieu, on a manqué l’enjeu d’Israel. C’est probablement pourquoi nos maîtres insistaient tellement sur l’importance de l’unité de Kahal dans l’introduction au Kol Nidré. « Anahnu Matirin Le-Itpalel et ha-avaryanim », l’expiation des pêchés passe par l’unité - même avec les juifs les moins fréquentables.

Shabbat Shalom,

Lionel.