Hanoucca 5774: Athènes et Jerusalem (28/11/2013)
La raison profonde de la fête réside dans l’opposition entre la Grèce et Israël. La différence ?
La philosophie grecque est une sagesse ; la Thora, elle, est une Parole.
On a l’habitude de concentrer l’histoire de Hanoucca a la guerre qui opposa les Maccabim et les Hellènes. En réalité, les persécutions d’Antioche épiphane n’ont duré que 3 ans sur plus de 180 années de coexistence. Pendant l’écrasante majorité de la domination hellénistique, les Grecs ont voué une admiration sans borne au judaïsme comme en témoigne la rencontre d’Aristote et Shimon Ha-Tsadik (« Juif tellement sage qu’on l’aurait pris pour un Grec »). A en croire Hérodote lui-même, ces judéens forment « un peuple de philosophes qui vivent à Jérusalem ». Le respect envers les juifs était si profond que le roi Ptolémée lui-même insistera pour que la Thora soit traduite et accessible dans la langue de la culture générale. Par conséquent, comment expliquer la réticence des rabbins à l’appel amical d’Athènes ?
La Guemara et les rabbins comparent la Grèce à l’obscurité. C’est fou ! Des quatre civilisations (Babel, Perse, Grèce et Rome) qui domineront Israël, il est incroyable que l’obscurité soit attribuée justement à la Grèce. C’est tout de même les Grecs qui sont à l’origine de la philosophie, la science, l’esthétique, la démocratie, l’art. L’opinion des sages doit donc être comprise autrement : La Grèce est une lumière pour l’humanité mais… Israël aussi. Et le problème est qu’une lumière en obscurcit toujours une autre (phénomène dit « d’interférence » en mécanique quantique). Nous avons donc ici une opposition entre 2 formes d’illumination : la Parole prophétique d’Israël et la philosophie grecque.
Il est vrai que pour un Grec de l’époque, placer la thora aux côtés des ouvrages de Platon et d’Aristote, c’est le plus grand des honneurs. Mais pour l’hébreu, c’est une catastrophe car la thora n’est pas une philosophie mais bien une parole de l’Eternel adressée à Israël (« D’ieu parla à Moïse pour dire »). La différence est majeure : la sagesse appartient à tout le monde, la Thora, elle, a un destinataire appelé Israël. Ainsi, les Grecs ont voulu spolié aux juifs le statut de « récepteurs de cette parole divine ». C’est cela que nous rappelons à Hanoucca.
C’est cette dimension précisément qui est mise en évidence dans le texte « Al Ha-Nissim » que nous rajoutons pendant la fête. Nous rappelons que « lorsque l’empire scélérat (hellénistique) s’est levé contre Ton peuple Israël pour les faire oublier de ta Torah ». Les Grecs voulaient prendre la torah et oublier Israël. C’est pourquoi il est impératif de conserver la forme première de ce texte vieux de 1200 qui est : leachkiham MiToratah (et non leachkiham toratah comme inscrit dans la majorité des Sidourim). « Oublier Israël de ta Torah » commença par une traduction (« des Septante ») en grec et une mise à niveau de la tradition d’Israël avec les autres philosophies. Tâchons donc de garder cette parole intacte.
Hag Sameah,
Lionel.