Vayeshev : Le rôle ultime (21/11/2013)


Il y’a un ordre dans l’évolution identitaire d’Israël : le religieux, le national et, l’universel.

Le fondement de chaque mitsva repose sur l’identité prédominante… de notre temps.

Yossef tente, cette semaine, d’introduire une nouvelle identité : la dimension universelle d’Israël. En effet, la parasha toute entière repose sur cette tentative de s’installer en Egypte pour y vivre en communautés greffées sur cette grande civilisation. Yossef devient ainsi l’inventeur du cosmopolitisme juif (encore répandu aujourd’hui) qui consiste à réaliser le projet d’Abraham –ce rayonnement sur l’humanité- à partir de l’exil. C’est ce qui semble clairement ressortir des 2 rêves de Yossef dans lesquels il se voit à la tête d’une entreprise qui alimente sa famille et puis le monde entier. Ce projet traduit donc une « rédemption » par l’économie, une délivrance qu’Israël apporte à l’humanité comme les étoiles allument la nuit des nations (2ème rêve). Yossef est l’auteur de ce judaïsme cosmopolite.

L’opposant à cette conception exilique est Yehouda, le plus brave des frères. Dans cette lutte politico-spirituelle, les 2 frères sont d’accord sur le rôle universel qu’Israël doit jouer MAIS, pour Yehouda, la destinée des hébreux se joue dans son cadre national – uniquement. Il considère que la vocation universelle d’Israël ne passe par l’exil. Pour prétendre au statut de « lumière parmi les Nations », il faut d’abord exister et rayonner en tant que collectivité dans une entité nationale. Finalement, Yossef va échouer en Egypte et adopter la position de Yehuda – la conception nationale. Quand s’exprimera la dimension universelle ? Aujourd’hui.

Yaakov –microcosme de la Nation d’Israël- porte 3 noms : Yaakov, Israël et Yeshouroun. Yaakov représente l’identité religieuse, individuelle. Israël exprime l’indépendance nationale. Yeshouroun, elle, indique la dimension universelle qui sera dévoilée, selon le prophète Ezeckiel, lors de la confrontation de Gog et Magog. Cet évènement n’est d’ailleurs pas une sorte d’apocalypse (on la dessine souvent comme une 3ème guerre mondiale) mais semble bien représenter un évènement diplomatique concernant le futur de Jérusalem. En vérité, celui-ci doit aboutir à une reconnaissance mondiale de l’Eternel parmi les peuples de la terre. Nous apprenons donc que la mission d’Israël -  la finalité de Gog et Magog - concerne l’ensemble des Nations ; le retour d’Israël sur sa terre n’en est « que » le prélude.

La chronologie identitaire des Juifs colle donc parfaitement aux 3 identités de notre ancêtre. La sortie d’Egypte  a forgé Yaakov, les temps messianiques ont fondé l’état d’Israel et nous entrons dans la 3ème phase critique – la mission universelle- représentée par Yeshouroun. Ces 3 identités expliquent probablement pourquoi chacun d’entre nous perçoit la vie juive de manière différente. Car chacune des mitsvot porte un fondement religieux, national et universel à la fois. Un excellent exemple est l’acte des Tefilin qui peut être comprise comme :

- un acte religieux (Maimonïde y voit la crainte de D’ieu que cette mitsva suscite)

- un acte national (L’Exode souligne la Sortie d’Egype que les Tefilin rappellent)

- un acte universel (Ki-Tavo indique que c’est le signe divin pour toutes les Nations).

Shabbat Shalom,

Lionel.