Vayetze : La création eretz-israélienne (07/11/2013)


Ce n’est pas par hasard si une grande partie de notre histoire s’est jouée en Exil.                    

La dimension universelle du peuple juif se dévoile en Eretz Israël.

Notre parasha repose sur la sortie de Yaakov vers Kharan. Ce départ est essentiel puisqu’il représente le premier exil d’Israël (Yaakov étant le fondateur de la Nation d’Israël). Remarquons tout de suite que c’est la ville de Kharan qui représente la Galut par excellence. Il est intéressant de constater que ce lieu (situé en Turquie) a toujours conservé son statut idolâtre : on y adorait la lune jusqu’au XIIIème siècle de notre ère.  Kharan est donc le symbole idolâtre le plus ancien qui a perduré au fil du temps (la ville n’a jamais été détruite).

Ceci dit, essayons de comprendre pourquoi l’exil judéen est indispensable? Le Rav Kook s’intéresse à l’essence de la Galut en ces termes (Orot, Eretz Israël, traduction littérale) : « Une création autonome (juive) dans la pensée et la pérennité vitale et entrepreneuriale d’Israël n’a de sens (véritable) qu’en Eretz Israël ». Autrement dit, toute philosophie ou entreprise authentiquement « juive » est produite en Eretz Israel. Car toute littérature extérieure portera inévitablement le cachet de la civilisation en question. Cela est vrai pour le Talmud (écrit dans une approche araméenne), le Kuzari (rédigé en arabe et semé d’idées aristotéliciennes) ou chez le Maharal de Prague (influencé par l’astronome Tycho Brahe). Au contraire du Tanakh, de la Mishna ou du Shoulkhan HaRoukh rédigés en Eretz Israël et porteurs de cette « autonomie juive dans la pensée, la pérennité et l’entreprise d’Israël ».

Aujourd’hui, nous constatons cette renaissance de l’étincelle créative d’Israël. Nos innovations mènent la danse technologique mondiale, de nouveaux artistes produisent de magnifiques œuvres typiquemens eretz-israéliennes et notre économie relève du miracle. Cependant, Yaakov devait descendre en Exil et intégrer cette composante « galoutique » à l’identité israël pour que la Nation d’Israel ne soit pas dissoute à la suite de cette épreuve. Max Nordau raconte, à ce sujet, qu’il a décidé de s’impliquer dans la cause sioniste lorsqu’un enfant juif lui rappela la force et la capacité de Rahel Imenou à conserver la cohésion et l’unité du peuple en exil jusqu’au retour en Israël.

L’enseignement majeur se situe donc probablement dans le rôle universel d’Israël. Certains (comme les fondateurs de la néo-orthodoxie par exemple) pensent que la dimension universelle du peuple juif se joue en Exil. Pour eux, il s’agissait de sanctifier l’Allemagne du début du 20ème siècle en s’intégrant profondément dans cette civilisation. L’histoire semble montrer que cela n’a pas marché… Par contre, nous autres (dépositaires de l’école de pensée sépharade et/ou eretz-israélienne) nous appuyons sur les traditions de nos maîtres qui préconisent un retour au statut de Nation en Israël et, à partir de là, la reconstruction d’un état qui soit une bénédiction pour l’ensemble des nations de la terre.  Car telle fut déjà la mission des Avot. 

Shabbat Shalom,

Lionel Benizri.