Terouma-Tetsavé : Aharon VS Moshé (23/01/2014)


Il existe 2 manières de transmettre la torah. La bonne est la combinaison des 2.

La raison ne fait le poids contre la tentation du pêché, l’imaginaire de Sainteté – oui.                                  

Notre prochain couple de parashiot est exceptionnel. Terouma ne mentionne pas Aharon – résidant principal du Tabernacle- alors que la parasha traite justement de la construction dudit Tabernacle. Tetsavé, elle, insiste sur l’absence de Moshé (D’ieu s’adresse à lui par « Et toi… ») précisément là où le peuple l’attend en « garant » de l’expiation des pêchés d’Israël. Comment donc expliquer que la personnalité de Moshé efface celle d’Aharon dans notre Paracha et vice-versa dans la suivante ?

En comparant Terouma et Tetsavé, on se rend compte qu’une partie du Tabernacle est l’expression de l’enseignement de Moshé et une autre partie met en exergue la conception d’Aharon. Pour fixer l’image, il y’a un temple selon Moshé, un autre selon Aharon. La rencontre D’ieu-Israël dans le Mikdash se fait à travers la personnalité de Moshé (« Comme je TE montre (toi Moshé)  …Vous ferez » - ch. 25,9) mais la repentance Israël-Dieu s’effectue par le biais du Grand prêtre – Aharon. Nous émettons ainsi l’hypothèse que ces 2 manières de transmettre la torah reflètent 2 réactions possibles face au pêcheur. Moshé exprime l’intransigeance « divine » ; il suppose que l’individu est pur et donc n’offre pas d’outils pour réparer certains écarts. Aharon propose une pédagogie différente : accompagner le pêcheur dans sa faute pour l’en délivrer. Quelle politique choisir ?

Aucune d’entre elles. D’un côté, ce n’est pas uniquement pour réparer le pêché qu’on connaît le créateur. Notre but est plutôt un rapprochement de Son Entité, d’où l’origine du Korban (qui signifie rapprochement). Mais, comme l’homme est susceptible de tomber dans la faute, il existe une 2ème Torah – celle de l’expiation (exprimée par le Korban Kapara-expiation). Cette double fonction du service au Beth Hamikdash est d’ailleurs reprise dans la Haggada de Pessah. Dans la première liste  « Kaa Maalot Tovot », le bienfait ultime est le rapprochement de D’ieu au Beth hamikdash. Dans la 2ème liste « Al Ahat Kama » », la fonction du temple devient l’expiation des pêchés. Moshé et Aharon expriment ainsi parfaitement ces 2 fonctions distinctes du Temple : Rapprocher et Expier.  Le texte précise toutefois : « Et toi (Moïse), approche de toi Aaron ton frère pour le sanctifier, pour le consacrer à Moi » (Ch 28,1). Finalement, c’est la combinaison des 2 approches qui laisse apparaître la solution. L’intransigeance mêlée à la possibilité de Teshouva, telle est la recette gagnante.

Après la théorie, la pratique. Comment concrètement faire face au pêché ? À l’appât du gain ? À la pornographie ? Aharon propose une stratégie intéressante : l’imaginaire de Sainteté. Car on ne combat pas ses pulsions avec l’intelligence. Un instinct animal doit se traiter avec un instinct parallèle – l’instinct de Kedousha. C’est pourquoi le vêtement sacerdotal occupe cette place centrale de notre double section. Il nous faut un « imaginaire de Sainteté » pour frapper l’imagination de l’homme. L’arme choisie est le vêtement des pulsions animal – un habit saint qui soit « splendide et glorieux » (ch 28, 2). En d’autres termes, un cadre de vie sain(t) qui contrebalance le Mauvais Penchant. 

Hodesh Tov,

Lionel