Toledot : La Forme et le Fond (31/10/2013)


Il est possible de se relier à un proche par la forme (et pas uniquement par le fond).

Ce sont les petits-enfants qui perdureront le souvenir de leurs grands-parents.

Toledot est la section consacrée aux engendrements. Elle doit, par conséquent, contenir un point central sur la valeur de la famille. En effet, nos sages nous enseignent que le terme « Et voici (les engendrements) » signifie que les « derniers » rajoutent sur « les premiers ». C'est-à-dire que les enfants viennent « rajouter » à l‘enseignement des pères.

Mais que peut-on apprendre de nos parents et plus particulièrement grands parents si on ne les a pas connus de leurs vivants ? Existerait-il un moyen de découvrir ce qu’ils nous ont laissé pour se reposer sur et « rajouter » à leurs vertus ? Probablement. Mais pas par le fond. Plutôt par la forme, par l’étude du détail qui porte toujours une signification. Voici l’exemple d’une haftara dont la forme est particulière, elle m’a été transmise depuis mon grand père.

« Vision d’Isaïe, fils d’Amots…Des enfants j’ai élevé et surélevé et eux se détournèrent de moi » est une ouverture très intrigante. Isaïe est le seul livre qui ne s’ouvre pas par une introduction générale au prophète, le contexte géopolitique dans lequel il s’inscrit ou bien même la situation social du peuple à ce moment. Plus troublant encore : cette introduction (qui d’habitude ouvre le livre) existe mais est repoussée au VIème chapitre. Comme si Isaïe voulait, avant même qu’on sache qui il est, poser la valeur centrale : La RECONNAISSANCE.

Cette valeur clé est celle qui ouvre le livre d’Isaïe et celle qui clôture celui de Moïse. Chez les deux prophètes, « le ciel et la terre » doivent « entendre » que l’appui sur l’enseignement des pères est essentiel. Et si, la tradition des grands parents n’est pas connue –pas de problème : « Demande à ton père et il te dira » nous dit Moïse. Autrement dit, les parents sont là pour raconter ce que les grands parents observaient, pensaient. Les enfants, eux seront au rendez-vous pour appliquer la philosophie et les coutumes ancestrales.

En plus d’être un devoir suprême au niveau particulier, il semble bien que c’est cette reconnaissance qui nous distingue (nous collectif de Jacob-Israël) des descendants d’Esaü.         Il est donc logique de voir le prophète Malakhi –auteur de la haftara de cette semaine- conditionner la réussite de toute Israël à l’injonction « Le fils respectera son père… ».

Shabbat Shalom,

Lionel Benizri.